Interrogée par trois journalistes dans le numéro de Valeurs actuelles du 10 janvier 2019, la présidente du RN enfonce quelques clous et tend quelques mains.
Les clous, d’abord : pour elle et son parti, plus question de Frexit, non à l’Union européenne sous sa forme actuelle et oui à une réforme de l’intérieur. La grande menace étant la submersion migratoire, que Macron incarne depuis la signature du traité de Marrakech, l’urgence est d’imposer une ligne souverainiste en Europe et de fermer les frontières.
Les mains tendues, ensuite : d’abord à Nicolas Dupont-Aignan, avec qui elle avait passé un accord de gouvernement entre les deux tours de la présidentielle 2017. Mais comme elle le dit, il est occupé à ramasser les miettes du parti LR, complètement disloqué depuis la présidentielle et mené par un bien pâle Wauquiez.
La seconde main tendue est plus étonnante et a déclenché un grand tremblement de presse : pour elle, Mélenchon n’est plus un adversaire politique à 100%, il peut même devenir une sorte d’allié souverainiste s’il renonce à l’immigration de masse.
Elle explique d’ailleurs très bien que c’est l’appareil de La France insoumise plus que ses électeurs qui bloque sur la question migratoire. On le sait depuis longtemps : avec sa science du politique, le vieux franc-mac passé par toutes les strates du PS aurait pu, s’il avait changé de principe sur l’immigration, rafler la mise politique et à gauche, et à droite. Il aurait certes perdu quelques catégories d’électeurs mais qui sont négligeables démographiquement : les antiracistes, antifascistes et autres intoxiqués de la gauche caviar. En face, il y avait tout un peuple à récupérer, un peuple perdu sous les coups de boutoir du libéralisme avec sa violence sociale. Une violence faite de baisse de pouvoir d’achat, d’immigration massive et de terrorisme en cas de grognement.
Aujourd’hui, en 2019, alors que les forces populaires de gauche et les forces populaires de droite LFi et RN n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente à l’italienne, cette fusion se fait par le bas et dans le dos des partis. Les deux ailes représentatives du peuple français ont raté une occasion historique de renverser la vapeur en 2017, une vapeur qui s’est renversée toute seule en novembre 2018, et qui n’a plus besoin des calculs et des pudeurs d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’une Marine Le Pen. En ce sens, les deux cadors de la politique française ont loupé le train de l’histoire. Ils pourront vivre grassement sur leur socle électoral respectif mais sans union, ces deux partis n’ont aucun intérêt pour le peuple. Le peuple qui s’organise tout seul, comme un grand. Et c’est justice.
Marine Le Pen, qui se contente peut-être du leadership de l’opposition, enterre le jeune Macron qui, malgré sa modernité de façade, incarne l’ancien monde, celui qui s’effondre sous les coups des Gilets jaunes :
Impitoyable mais vrai.