À l’approche des prochaines élections européennes, la présidente du Rassemblement national veut surfer sur la grogne des Gilets jaunes et l’impopularité du président Macron.
Pourquoi ne participez-vous pas samedi à la mobilisation des Gilets jaunes ?
Nous avons été le premier parti à exprimer notre soutien total à ce mouvement qui est certes apolitique, mais dans lequel beaucoup de nos électeurs se retrouvent. Je constate que nos opposants ont au départ été très distanciés et qu’ils s’y précipitent maintenant. Pour moi, le rôle d’une dirigeante de parti politique – sauf situation exceptionnelle – ce n’est pas d’être dans la rue, mais précisément d’offrir le choix de régler les problèmes des Français par le vote.
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Le gouvernement vous accuse de récupération politique…
C’est l’argument de ceux qui n’ont absolument rien à dire et qui sont à côté des préoccupations des Français. Ils agitent le spectre de la récupération, mais personne n’est dupe.
Craignez-vous des débordements ?
Tant que l’extrême gauche n’y participait pas, il n’y avait pas de crainte. Maintenant qu’elle a dit qu’elle manifestait, évidemment que tout est possible, car elle est bien souvent à l’origine des dérapages dans la rue. Les Français qui manifesteront samedi veulent juste exprimer leur mécontentement de manière pacifique. Je suis d’ailleurs étonnée de voir comment le gouvernement traite avec un grand mépris cette manifestation. Il y a même une forme d’hostilité, voire de violence.
Que voulez-vous dire ?
Je trouve inapproprié les menaces d’interpellations, d’amendes et de peines d’emprisonnement contre tous ceux qui tenteraient de bloquer le pays samedi. Tout cela est hors de proportions. On a même le sentiment que le gouvernement souhaite que les choses dérapent.
Comment voyez-vous ce mouvement évoluer ?
Cela dépendra des annonces qui seront faites. Mais elles seront dérisoires et totalement déconnectées des réalités de ce que vivent Français. Élargir la prime à la conversion, qui n’est que de 1 500 € en moyenne, comment cela peut-il suffire alors que le premier prix pour un véhicule hybride est de 20 000 € ?
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Les véhicules diesels avant 2001 vont être interdits à la circulation dans Paris et ses alentours d’ici juillet 2019. C’est une mesure appropriée ?
Au fronton de Boboland, la devise est : mort aux pauvres ! La mairie de Paris exprime ici la caricature de la boboïsation de la vie politique, de ces élites absolument déconnectées. Elles ne devraient plus jamais oser prononcer le mot social de leur vie. Cette mesure, cela veut juste dire : les pauvres en dehors de la ville, et ceux qui sont aisés ont le droit d’y rentrer.
Malgré vos difficultés financières et le poids des affaires judiciaires, vous êtes encore en tête pour les prochaines Européennes. Cela vous étonne ?
C’est une belle leçon pour le gouvernement. Il peut faire tout ce qu’il veut, s’acharner contre nous, mais il ne fera jamais disparaître les idées que nous portons. Au contraire : en les attaquant avec autant de déloyauté et de violence, il ne fait que les renforcer.
Vous n’avez donc même pas besoin de faire campagne ?
Mais nous sommes le mouvement politique qui en vingt ans a le plus parlé des élections européennes ! Nous avons réussi à mettre le sujet européen au centre de la vie politique française.
Votre campagne ne risque-t-elle pas d’être parasitée, voire empêchée, par vos ennuis judiciaires et financiers ?
Quand on a l’habitude de courir avec les mains attachées dans le dos, un boulet de cent kilos au pied et un bandeau sur les yeux, on finit par courir plus vite que les autres.