On sait bien que c’est la guerre, mais on n’arrive pas à admirer cet exploit des Palestiniens. Et pourtant, ce que font les soldats de l’armée israélienne est d’une lâcheté plus grande encore : forts face à des civils désarmés, faibles face à une armée organisée.
Tirer des obus sur des enfants jouant au bord de la mer, c’est impardonnable, imprescriptible. Ceux qui piègent les soldats israéliens ont la rage chevillée au corps. Difficile alors de juger cette double guerre asymétrique, avec d’un côté une force qui viole la justice depuis 70 ans, et de l’autre une faiblesse à qui il ne reste plus que des moyens dérisoires de se battre, de sauver son honneur.
Mais c’est la clique militaire au pouvoir à Tel-Aviv qui choisit de voler les Palestiniens, de les parquer dans des camps (Gaza) et de leur pourrir la vie. Le message palestinien est clair : tant que les Israéliens pousseront leurs pions, ils n’auront pas la vie tranquille. C’est le prix pour avoir volé un pays. Dans cette configuration, en faisant de ses voisins des ennemis irréductibles et en s’asseyant sur la justice internationale, Israël n’est pas vivable et ne le sera jamais.
Ce qui suit n’est pas moins inqualifiable, et devrait soulever le cœur des chrétiens d’Orient mais aussi d’Occident. Le Figaro du 9 novembre 2018 rapporte le fait suivant :
« Adeeb Joudeh, dont la famille garde la lourde clé du Saint-Sépulcre depuis près de huit siècles, est accusé d’avoir vendu sa maison située dans la Vieille Ville de Jérusalem à une organisation de colons israéliens. »
- Adeeb Joudeh (à droite), le gardien des clés du Saint-Sépulcre qui abrite le lieu de la crucifixion et la tombe présumée de Jésus-Christ, et Wajeeh Nuseibeh, l’homme chargé de verrouiller les vastes battants en bois de l’édifice, le 30 mars à Jérusalem
Un peu d’histoire :
« Sa clé date de l’époque des croisés. Elle fut confiée à sa famille par le sultan égyptien al-Salih Ayyub en 1244. Aussi longue que lourde, la pièce de bronze a la forme d’une flèche avec à sa pointe un anneau. Le sésame ouvre chaque matin dès 4 heures et ferme chaque soir sur les coups de 19 heures, le saint des saints du christianisme. Adeeb Joudeh est le gardien des clés du Saint-Sépulcre qui abrite le lieu de la crucifixion et la tombe présumée de Jésus-Christ. Un honneur qu’il partage avec Wajeeh Nuseibeh, l’homme chargé de verrouiller les vastes battants en bois de l’édifice. Dans cet univers codifié où chaque détail a son importance, Adeeb Joudeh ne manque pas de faire remarquer que le rituel régissant depuis des siècles les relations entre les deux familles musulmanes en charge des clés et de la porte du Saint-Sépulcre a été modifié en 1967. “Avant, un membre de la famille Nuseibeh venait chercher la clé au domicile de mon grand-père. Désormais, elle est mise à l’abri, sous ma responsabilité, durant la fermeture nocturne dans la cour de l’Église”, dit le préposé. »
Les Israéliens rachètent en douce à des Palestiniens désargentés (par l’occupation israélienne) leurs biens dans la ville de Jérusalem, qu’ils grignotent petit à petit. L’intention et les moyens sont maléfiques. Il y a 2 000 ans, un type génial avait dit à ses potes et à tous ceux qui voulaient bien l’entendre :
« Cessez de vous amasser des trésors sur la terre, où mite et rouille rongent, et où les voleurs percent et dérobent. Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où ni mite ni rouille ne rongent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent »
C’est sûr que ce genre d’assertion ne va pas plaire aux colonisateurs israéliens en territoire palestinien ! Le pouvoir israélien ne respecte aucun de ses engagements, qui deviennent des occasions de ruser, de tricher, de nuire.
« L’affaire est révélatrice des tensions, des pressions mais surtout des tentations qui courent le dédale de la Vieille Ville revendiquée par les Palestiniens et les Israéliens. Les Palestiniens et avec eux la communauté internationale ne reconnaissent pas la légalité de l’occupation de Jérusalem-Est depuis la guerre des Six-Jours en 1967. La position officielle israélienne est de présenter Jérusalem comme une ville unifiée où juifs comme musulmans sont libres de s’installer où bon leur semble. Le camp des colons juifs ne cache pas sa volonté de s’implanter coûte que coûte à proximité de l’ancien Temple pour rendre une partition impossible. Il s’ensuit des parties de Monopoly dont les colons sortent souvent vainqueurs grâce à l’appât du gain. Les transactions sans commune mesure avec la valeur des biens s’opèrent via des hommes de paille, des sociétés écrans et des comptes off-shore. Dans cette affaire, le courtier palestinien aurait servi de cheval de Troie. »
Le Figaro conclut l’article sur une menace :
« Quelques jours plus tôt, l’imam de la mosquée al-Aqsa du mont du Temple venait de renouveler sa fatwa interdisant la vente de biens aux Israéliens et menaçant d’excommunier “quiconque transfère furtivement un bien aux juifs”. »
L’argent corrompt tout, les âmes des hommes comprises. Faut-il alors abandonner Jérusalem aux âmes corrompues et corruptrices, sachant que tout ce qui est corrompu finit toujours par s’effondrer ?
Des voix s’élèvent désormais pour dire qu’il faut arrêter l’hypocrisie de la solution à deux États, laisser Israël avaler complètement la Palestine – pour achever le rêve d’apartheid d’un État raciste – qui finira par s’empoisonner avec.