Autrefois de ce que furent les communautés de travail en France, rivées à l’industrie de la première puis de la deuxième révolution industrielle, tout comme à l’intense activité agricole du temps du maillage dense des petites exploitations dans nos campagnes, il ne reste que le mélancolique souvenir des temps glorieux des fiertés passées et des batailles sociales.
Non pas bien sûr que les ouvriers et employés de France aient disparus de notre réalité nationale, mais comme beaucoup d’entre nous ne le savent que trop, nous vivons aujourd’hui un temps où nous avons de plus en plus le sentiment d’en être… de trop. Depuis déjà des décennies la France est en proie à la désindustrialisation, parallèlement à l’hyper-industrialisation de l’agriculture qui a fait des campagnes françaises un « désert vert ». L’emploi, pour une frange de plus en plus large de la classe populaire, s’est par conséquent raréfié au fil de l’ouverture des marchés à la concurrence internationale et au jeu du dumping social privilégiant les pays européens, ou non, possédant les coûts du travail les plus bas.
La destruction de l’emploi en France, comme dans l’ensemble des anciens pays industrialisés, est donc un fait acté par le système oligarchique mondialiste. Il l’est de par sa propre logique. Il l’est de par le fait que le besoin de valorisation des capitaux demande expressément une réorganisation totale et mondiale de la production.
Dans ce cadre, l’ouvrier français devient inutile en tant qu’ouvrier, en tant qu’employé s’identifiant par rapport à son travail, à sa communauté de travail qui lui apportait encore un tant soit peu de dignité et de sens commun. Nous ressentons aujourd’hui nettement que ces communautés n’existent plus que comme simulacres, comme virtualités appelées à donner aux salariés l’impression qu’il subsiste des cadres intégrateurs pour l’évolution personnelle du « collaborateur » (perte de sens, glissement de signification… !).
L’individualisation du travailleur-collaborateur est de nos jours ce qui devient la réalité quotidienne au travers de l’individualisation des objectifs, des résultats, et ce par l’outil funeste des statistiques qui amplifie ce sentiment, et le désarroi qui va avec de la désocialisation et de la perte de sens.