Après l’entrée dans la capitale yémenite, Sanaa, en septembre dernier et la prise de Taiz, la troisième plus grande ville du pays, les rebelles chiites houthistes du mouvement Ansarullah poursuivent leur progression vers le sud.
Ils se sont emparés de la ville portuaire de Mocha et se rapprochent du détroit de Bab-el-Mandeb, séparant la péninsule arabe de Djibouti et axe vital pour le commerce mondial, notamment d’hydrocarbures. Les unités houthistes ont également progressé dans la province d’Ad Dali et pris le contrôle de la petite localité de Kirsh, sur la route qui mène à leur cible supposée : Aden, la deuxième ville du pays, où s’est refugié l’ancien président Abd Rabbou Mansour Hadi.
Cependant, d’après Mohammed al-Boukhaïti, un des responsables du mouvement houthiste, l’objectif serait de s’assurer que les groupes liés à Al-Qaïda et à la branche yéménite de l’État islamique cessent de gagner du terrain dans le pays et de commettre des massacres (comme l’attentat du 20 mars, qui a fait 142 morts et plus de 300 blessés) :
« Nous ne visons pas Aden, le Sud ou une quelconque région, juste les groupes takfiris qui sont, dans certaines régions, alliés à certaines factions politiques. »
Le président déchu a demandé l’enrôlement de 20 000 hommes afin de résister à la percée houthiste, mais dans les faits, le temps manque pour organiser, équiper et entraîner les recrues. D’autant que les insurgés chiites sont aguerris et bénéficient du soutien d’une partie de l’armée, restée fidèle au prédécesseur de M. Hadi, Ali Abdallah Saleh, chef de l’État de 1978 à 2012.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Saoud Al-Fayçal, après s’être entretenu avec son homologue britannique, Philip Hammond, a affirmé que le royaume et ses alliés du Golfe ne resteraient pas passifs et seraient susceptibles d’intervenir au Yémen via la composante militaire du Conseil de coopération du Golfe, le « Bouclier de la péninsule ».
Mohammad Bakhiti, membre du bureau politique d’Ansarullah, a prévenu que « l’entrée du “Bouclier de la péninsule” au Yémen marquera la fin des Al-Saoud » et brandi la menace « d’entrer en Arabie et restituer les provinces de Najd et Hijaz », ce qui constituerait un démembrement du royaume des Saoud.