Les services secrets israéliens auraient aidé Rabat à localiser l’opposant marocain Mehdi Ben Barka et à le faire disparaître, en octobre 1965 à Paris, selon les révélations de deux journalistes du quotidien israélien Yediot Aharonot.
L’implication du Mossad, les services secrets israéliens, dans l’enlèvement à Paris de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka en 1965 a très tôt été soupçonnée. En 2008, le journaliste Samuel Segev avait évoqué l’implication du Mossad et rappelé dans un livre des détails sur les relations secrètes entre Israël et le Maroc. Le Mossad avait selon lui, indirectement permis aux services secrets marocains de repérer l’opposant socialiste, puis de le piéger.
Mehdi Ben Barka a été enlevé par deux policiers français, le 29 octobre 1965, devant la brasserie Lipp, à Paris. L’opposant au régime marocain avait rendez-vous avec des cinéastes pour un projet de films sur la décolonisation. Il n’a pas réapparu et son corps n’a jamais été retrouvé.
Aujourd’hui, des journalistes du quotidien israélien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, font de nouvelles révélations sur l’affaire. Dans les années 1960, la France embourbée dans la guerre d’Algérie, a, selon les deux journalistes, établi des relations soutenues avec le Mossad, pour obtenir des informations sur le FLN. Le Mossad dispose donc d’une implantation en France. Israël a également développé des relations avec le Maroc, le plus pro-occidental des pays arabes, l’aidant notamment à restructurer ses services secrets du royaume. Les services secrets israéliens ont obtenu de pouvoir observer un sommet de la Ligue arabe à Casablanca, en septembre 1965. En échange, Rabat exige du Mossad son aide pour repérer et éliminer l’opposant Mehdi Ben Barka, qui voyage toujours incognito, avec beaucoup de précautions pour ne pas se faire repérer, précise Ronen Bergman interrogé par Le Monde.