C’est une info du Nouvel Obs. L’hebdomadaire a relaté la visite de 40 minutes, organisée par l’eurodéputé Pierre Larrouturou, de trois personnalités de la gauche européiste chez le pape mondialiste François. Il s’agit du gardien de la Convention citoyenne pour le climat, Cyril Dion, de l’entrepreneuse engagée Eva Sadoun et du fondateur du mouvement Coexister Samuel Grzybowski.
Pour ceux qui ne sont pas familiers de ces trois figures montantes du mouvement écologiste, Dion est le coréalisateur du film Demain, sorti fin 2015, qui a connu un grand succès ; Eva Sadoun est une entrepreneuse (et banquière) sociale, enfin, c’est elle qui le dit ; quant à Samuel Grzybowski, c’est un militant associatif qui a fondé le mouvement interconvictionnel Coexister, qui rassemble des jeunes de toutes religions. Il est lui aussi pour la paix et Vatican II. Ça tombe bien, le pape aussi. Pour ceux qui veulent aller plus loin, Wikipédia écrit :
En 2011, le père Patrick Desbois le nomme membre de la délégation de l’Église Catholique lors de la rencontre avec l’International Jewish Committee for Interreligious Consultation au sein de l’International Liaison Committee. Le sommet a lieu en février au Collège des Bernardins auquel participent entre autres le rabbin David Rosen, et le cardinal Mgr Peter Turkson. En août 2011, il se rend aux Journées mondiales de la jeunesse avec un groupe composé de juifs et de musulmans. Avec Farah Maiza et Benjamin Bitane, ils partagent leur témoignage dans le journal Le Monde. Le 22 septembre, Coexister emménage dans ses propres locaux au 104, rue de Vaugirard à Paris, grâce à un partenariat avec le Forum 104. Le 25 octobre, il siège à la Conférence générale de l’UNESCO parmi les représentants de l’ONG « Religions for Peace ». Le 27 octobre, il est invité avec Farah Maiza et Benjamin Bitane en tant que porte-paroles de Coexister, à participer aux rencontres d’Assise.
En 2012, à l’occasion du troisième anniversaire de Coexister, des assises nationales sont organisées et l’association se donne le sous-titre de « Mouvement interreligieux des jeunes ». En mai, Samuel est nominé au prix Copernic pour le dialogue. En juin, il rejoint le Young Leadership Council, la section de jeunes du Conseil international des chrétiens et des juifs. Le 14 octobre, il est réélu à la présidence de Coexister pour trois ans lors de la 4e assemblée générale.
Voilà pour les présentations. Au cours de cet entretien fabuleux du 15 mars, parce que François est quand même le représentant de Dieu sur Terre, enfin, un Dieu un peu rafistolé à la mode mondialiste, le pape a montré toute l’étendue de son intelligence et de sa grâce. Comme François Hollande pendant sa campagne électorale en 2012, François « s’est montré sévère sur la finance », écrit L’Obs.
Quand Eva Sadoun a dit « l’économie libérale française a détruit 200 000 emplois », le pape l’a reprise : « Oui. Mais pas que l’économie : la Finance ! ». Selon lui, « la finance, c’est le brouillard »
On ne rappellera pas à ce bon vieux François que le Vatican, au cours du XIXe siècle, mettait régulièrement un genou à terre pour obtenir de gros prêts de la banque Rothschild. C’est comme ça que l’on fait évoluer les mentalités dogmatiques, dira-t-on, pour rester polis. Le pape a ensuite, comme à son habitude, sorti les mots creux en exaltant les jeunes à se révolter, mais on ne sait pas trop contre quoi. Prudence et nébulosité sont mères de sûreté :
« Vous, la jeunesse, êtes les protagonistes de ce changement […] En 2013, à peine nommé pape, j’étais à Rio de Janeiro, j’ai dit aux jeunes “faites du désordre”. C’est important. C’est le moment de faire une révolution. Le monde a les oreilles fermées. Face aux appels des jeunes, les gouvernants ont une vision réductrice […]. Les gouvernements sont faibles. C’est aux plus jeunes et aux plus vieux de leur donner du courage. »
On dirait du greenwashing dans le texte. C’est alors que le numéro un [1] des cathos est descendu sur Terre pour nous prévenir d’un grand danger.
« Un ami m’a dit : “En France, si on continue comme ça, on aura Marine Le Pen présidente”. Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays ce qu’il doit faire. Mais c’est inquiétant. […] Je suis inquiet de la montée des populismes. Mais l’antidote c’est un mouvement populaire. Et écouter ce mouvement. Il faut opposer au populisme le “popularisme”. Un bon gouvernement doit faire confiance aux citoyens, il doit les écouter. »
Marine Le Pen, qui s’est sentie un peu visée par la batterie de 105 du Vatican, a répliqué par un tweet habile :
"Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu"...
Je suis convaincue que de nombreux croyants seraient ravis que le Pape s'occupe de ce qui se passe dans les églises plutôt que dans les urnes. Que chacun fasse ce pour quoi il est destiné. MLP https://t.co/44Lta4oS1H
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) March 15, 2021
Le RN est aujourd’hui un parti qui rassemble plus d’ouvriers (venus du PCF, entre autres) que de catholiques, donc rien à craindre du point de vue électoral ou de la colère divine. Cependant, en 2017, lors de la finale Marine/Macron, les cathos ont voté à 38 % pour elle et à 62 % pour lui. Marine rassemble plutôt les pratiquants et traditionalistes, tandis que Macron attire les bourgeois, par réflexe orléaniste (la peur du peuple). Sinon, au premier tour, il s’est trouvé 2 % des cathos – dits de gauche – à voter pour Hamon et 12 % pour Mélenchon.
Marine Le Pen ne prend donc aucun risque car les traditionalistes ne sont pas vraiment fans de ce pape mondialiste, qui vire carrément au gauchisme : immigrationniste, féministe, sioniste, LGBTiste (il a appelé à respecter l’union civile pour homos, mais pas leur mariage), il ne manque plus que l’anticatholicisme et la coupe sera pleine ! Mais pas la coupe de l’Alliance...