Ici, on dit le conflit IP. Il est si important, si symbolique, si profond, qu’il a fracturé tous les pays concernés, de près ou de loin.
La Palestine avant tout, qui a été fracturée, puis émiettée en 75 ans de colonisation, persécutions et autres décimations. Israël, dans une moindre mesure, est fracturée politiquement et ethniquement avec sa population arabe et sa gauche antisioniste, et cela ne fait que croître, sans oublier la diaspora, qui se retrouve coincée au milieu de nations de plus en plus hostiles à la politique israélienne.
Et puis il y a les grands pays occidentaux, théoriquement soutiens de l’entité israélienne et de sa politique mortifère. Théoriquement parce que si les gouvernements et les médias de ces pays soutiennent Israël depuis toujours ou presque, et soutiennent aujourd’hui le génocide des Palestiniens, le peuple, la base, les gens, c’est autre chose. Le conflit IP n’a pas fracturé le lien entre les élites et le peuple, mais il a agrandi et durci la fracture.
Le cordon sanitaire a pété
Chez nous, en France, chaque jour, ce conflit monte, et la répression du Système n’y change rien, bien au contraire : dans notre pays chrétien, avec une proportion montante de musulmans, le génocide ne passe pas. Au début de la répression à Gaza, peu de responsables politiques ou médiatiques sont montés au créneau. Un an après le 7 Octobre, le conflit est ouvert, les oppositions féroces, les deux camps radicalisés.
Pour le grand public, qui assiste à ce combat, ce sont les people ou les représentants culturels qui l’incarnent. Récemment, Gaccio et Haziza se sont pris le bec, et Haziza a menacé l’ex-auteur des Guignols de Canal+, passé avec armes et bagages chez LFI et Blast.
Comme @GaccioB, depuis l’Antiquité les antisémites ont toujours justifié leur antisémitisme par les pseudos « provocations » des Juifs. Bruno Gaccio pue l’antisémitisme, il est antisémite et fier de l’être. Tu nous cherches, tu vas nous trouver. #ABonEntendeur ! pic.twitter.com/xOVqh3piKL
— Haziza Frédéric (@frhaz) November 10, 2024
Plus politique, et désormais plus judiciaire, est le combat entre le lobby génocidaire et Aymeric Caron, qui ne lâche pas le steak, même s’il est végan.
Nous sommes tous @Arthur_Officiel !
Face à @CaronAymericoff et tous « ces gens là » #JesoutiensArthur https://t.co/RxoN5flbVT— Ariel Goldmann (@GOLDMANNAriel) November 11, 2024
La justice, pour une raison X ou Y, prend souvent le parti des plaignants communautaires, mais le génocide en cours a tout changé : à un moment donné, comme dans les grands procès d’assises, la vox populi compte, fait masse. Une justice qui penche trop vers l’injustice rend les gens dingues, eux qui souffrent déjà de l’injustice sociale due au poids de l’oligarchie.
Un poids que l’on retrouve dans les médias menteurs, dans la ponction fiscale devenue racket, et dans la répression tous azimuts de la parole publique : il y a des gens qui vont en taule pour avoir dénoncé les crimes israéliens. Si la justice penche trop du côté de l’oligarchie, en prenant à chaque fois la défense des membres de ce nouvel Ancien Régime, la colère populaire ne peut que monter et se faire savoir.
Aux États-Unis, les injustices du Système ont remis Trump en selle. Chez nous, à cause de l’interdit patriotique et populiste, que ce soit dans les médias ou dans la représentation politique, cette colère ne peut que s’exprimer anarchiquement, sur les réseaux sociaux et dans la rue. Le risque d’une société bloquée, c’est qu’elle est explosive.
Dans la soi-disant élite médiatique, quelques journalistes ont conscience du danger. Mais rapidement, ils retombent dans la facilité du bouc émissariat, en l’occurrence l’empire Bolloré. Dont la puissance montante ne fait que traduire une colère populaire, à qui on ne laisse que cette voie d’expression officielle, autorisée. En d’autres termes, Bolloré, c’est juste un symptôme.
Snégaroff : « Quel regard sur cette oligarchie, que certains considèrent étant déjà existante ? »
Le Monde : « Elle est fortement ressentie par une très grande partie de la population qui, peut-être, une partie d’entre elle, nous regarde ce soir, et je suis assez convaincue qu’une partie d’entre elle est agacée par ce qu’on représente ce soir »
« Je suis convaincue qu'une partie de la population est agacée par ce qu'on représente ce soir »@camillebordenet Journaliste @LeMondefr
La suite :
https://t.co/jgzjEZB3zN
en podcast https://t.co/9ql7LMgCOh pic.twitter.com/yIyoX2rWKf— C Politique (@CPolF5) November 10, 2024
Agacée, le mot est un peu fort... On se marre quand on entend l’animateur prononcer en tremblant le mot oligarchie, avec mille pincettes, « cette oligarchie que certains considèrent étant déjà existante »... Un vrai découillu de service public ! Mais Snégaroff, il coche toutes les cases. Attention toutefois au changement de régime.
L’oligarchie, c’est le pouvoir des très peu sur les beaucoup. Ça ne peut objectivement pas durer, l’histoire nous l’apprend. Ceux qui détiennent ce pouvoir, qui va avec les moyens répressifs, qu’ils soient policier, judiciaire ou médiatique, ne peuvent pas tenir longtemps contre une écrasante majorité.
Si la majorité du peuple français n’a pas encore conscientisé la structure réelle du pouvoir en France, il a en revanche bien compris ce qu’on pouvait ou devait dire, et ce qu’on ne peut pas ou ne doit pas dire. Et ça, ça l’agace. Le mot est un peu fort, mais c’est qu’il est en colère.