C’est un article du Figaro dans sa version payante, nous allons donc le résumer, car il présente la stratégie choisie par le Président pour enrayer l’épidémie. Or, il s’agit justement de ne pas enrayer l’épidémie, de la laisser se développer en tentant de la contrôler, d’étaler sa dangerosité en quelque sorte, afin de pouvoir faire face aux milliers, au dizaines de milliers ou aux centaines de milliers de cas qui vont se présenter dans nos hôpitaux et qui auront besoin d’assistance respiratoire.
« En d’autres termes, décision a été prise de laisser l’épidémie suivre son cours et de ne pas tenter de l’arrêter brutalement. Cela ne veut pas dire ne rien faire : les pouvoirs publics mettent désormais toute leur énergie à ralentir la propagation du virus pour éviter l’engorgement des services d’urgence. Il s’agit “d’aplanir” la courbe épidémique, en limitant les contacts entre les gens, notamment, pour l’étaler dans le temps. Allonger sa durée pour limiter son ampleur à un instant T. C’est le seul moyen de limiter l’engorgement des hôpitaux. »
C’est ce qu’explique le médecin dans l’interview de Contrepoints que nous avons diffusée samedi 14 mars 2020 au matin : l’idée est d’éviter un pic, d’accepter un étalement, pour ne pas avoir à choisir entre ceux qui vont vivre et ceux qui vont mourir. C’est dit un peu brutalement, mais c’est ce qu’on nous propose. Voici maintenant l’explication du concept d’immunité de groupe :
Il faudra ensuite attendre, peut-être plusieurs mois, qu’un nombre suffisant de personnes soient infectées pour atteindre l’“immunité de groupe”. Le seuil au-delà duquel le virus ne parvient plus à circuler, car il n’y a plus assez de gens à contaminer. C’est aussi la stratégie adoptée par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, de manière plus officielle. Angela Merkel s’attend à ce qu’il faille que 60 à 70 % des Allemands soient infectés ! Idem en Grande-Bretagne. On comprend mieux les mots soigneusement choisis par Emmanuel Macron pour préparer les Français.
Sur le modèle de la grippe espagnole, qui avait frappé trois fois, les dernières vagues étant les plus dures puisque le virus avait muté et les gens étaient affaiblis, on peut s’attendre à au moins deux vagues de coronavirus. La Dépêche précise en 2009 ce qui s’est passé il y a un siècle :
« La pandémie de grippe espagnole de 1918-19, qui a fait au moins quarante millions de morts dans le monde, s’est déroulée en trois vagues, dont une première au printemps comme aujourd’hui, avant deux flambées très meurtrières pendant l’automne, puis l’hiver suivant. [...]
Pendant cette première vague, "les taux de personnes malades étaient élevés, mais les taux de mortalité, dans la plupart des lieux, n’étaient pas nettement au-dessus de la normale", selon ces experts. [...]
Une deuxième vague, survenue de septembre à novembre 1918 simultanément dans les hémisphères Nord et Sud, a été très meurtrière. Une troisième vague, entraînant aussi une forte mortalité, a suivi début 1919, ce qui correspondait à l’hiver dans l’hémisphère Nord. [...]
Le taux de mortalité parmi les personnes souffrant de la grippe espagnole a dépassé 2,5 %, alors qu’il est resté inférieur à un pour mille (0,1 %) pendant d’autres pandémies grippales, rappellent MM. Tautenberger et Morens. »
Selon Le Figaro, l’épidémie n’est peut-être pas sous contrôle en Chine, malgré les mesures drastiques de confinement :
« Car si la Chine a réussi à éteindre la flambée du virus aujourd’hui, rien ne dit que le pays ne devra pas faire face à un “rebond” de l’épidémie dans les semaines ou les mois à venir. En effet, avec “seulement” 80.000 malades sur 1,4 milliard d’habitants, la population chinoise dans sa très grande majorité n’a pas « rencontré » le virus et n’est donc pas immunisée. »
Le problème, c’est que ce virus est à la fois très contagieux et qu’il peut être transmis par des personnes asymptomatiques, donc en quelque sorte « invisibles ».
« Plutôt que de gérer une épidémie en dents de scie, la France va donc essayer de contrôler une épidémie au long cours. De la “méchanceté” du virus et sa létalité dépendront en grande partie le bilan humain qu’il faudra dresser à la fin de la crise. En Chine, les autorités ont dénombré 20 % de cas graves. Selon des estimations, la mortalité serait comprise entre 0,5 et 1 %… La question du nombre de cas sans aucun symptôme n’est toutefois pas clairement tranchée et pourrait laisser espérer une situation un peu moins dramatique. »
Pandémie de #coronavirus : Les rayons de pâtes sont totalement vides ce soir. Exemple ici, à Auchan à La Défense. (@SophiaModa) #Covid_19 #coronavirusfr pic.twitter.com/LPqCnmIgTF
— Conflits (@Conflits_FR) March 13, 2020
Voilà où on en est samedi 14 mars 2020 à 13 heures. En attendant que la courbe se tasse, si elle se tasse, on souhaite à tous les Français (et à tous les Italiens, visiblement très touchés), de gérer au mieux, au quotidien, cette pandémie jaillie de nulle part. De ne pas paniquer, de ne pas vider les rayons PQ des supermarchés, et de ne pas avoir peur de l’Autre.
Prenons exemple sur les Italiens, qui chantent pendant le confinement :
Malgré les mesures de #confinement, les Italiens ouvrent leurs fenêtres pour chanter ensemble leur hymne national !
MAGNIFIQUE ferveur patriotique de nos voisins transalpins : face aux épreuves, un pays uni et fier ! #coronavirus pic.twitter.com/A6hgenihF5
— Jerome Riviere (@jerome_riviere) March 13, 2020
Et puis une pandémie, comme la guerre, n’empêche pas l’humour. Vous croyez que les gens n’ont pas rigolé en 39-45 ?
#coronavirus #Groland #anticipation pic.twitter.com/yPNi3ymCGl
— Philippe Vandel (@PhilippeVandel) March 13, 2020