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La mort du président Ben Ali, l’homme qui avait sauvé la Tunisie de la révolution islamiste et qui l’avait sortie du sous-développement

La révolution tunisienne a éclaté le 17 décembre 2010. Moins d’un mois plus tard, le 14 janvier 2011, lâché par ses « amis » occidentaux auxquels il n’avait jamais rien refusé, et trahi par l’État-Major d’une armée qu’il n’avait cessé de combler, le président Ben Ali était chassé du pouvoir et contraint à l’exil. En quelques semaines, la Tunisie dilapida ensuite le capital confiance qu’il avait mis deux décennies à constituer.

 

Né le 3 septembre 1936, diplômé de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et de l’école d’application de l’artillerie de Châlons-sur-Marne, Zine el-Abidine Ben Ali fut chargé par le président Bourguiba de la création de la direction de la sécurité militaire qu’il dirigea de 1964 à 1974. Il eut ensuite une carrière diplomatique comme attaché militaire au Maroc puis en Espagne.

Au mois de janvier 1978, la Tunisie étant alors en pleine insurrection, il fut rappelé pour être nommé chef de la Sûreté générale, poste qu’il occupa jusqu’en 1980. Puis il redémarra une carrière diplomatique comme ambassadeur en Pologne.

Après les graves émeutes du mois de janvier 1984, il fut de nouveau rappelé. Tout alla ensuite très vite puisque, le 23 octobre 1985, il fut nommé ministre de la Sûreté nationale, puis ministre de l’Intérieur le 28 avril 1986. Il devint ensuite le secrétaire général adjoint du PSD (Parti socialiste destourien). Enfin, au mois de mai 1987, sous le gouvernement de Rachid Sfar, il fut nommé ministre d’Etat chargé de l’intérieur. Sa nomination comme secrétaire général du PSD en fit le dauphin du président Bourguiba. Le 2 octobre 1987, ce dernier le nomma Premier ministre.

Un mois plus tard, le 7 novembre 1987, appuyé sur l’expertise de sept médecins qui attestèrent de son incapacité mentale, le général Ben Ali déposa Habib Bourguiba.

À l’époque, comme la Tunisie était menacée d’effondrement, avec toutes les conséquences géopolitiques qui en auraient découlé, l’accession au pouvoir du général Ben Ali fut unanimement saluée. Sous sa ferme direction, la subversion islamiste fut jugulée et la Tunisie devint un pays moderne attirant les investisseurs étrangers. Se présentant comme le fils spirituel de son prédécesseur, le général Ben Ali multiplia les gestes d’ouverture démocratique. Le 25 juillet 1988, il abrogea ainsi la présidence à vie, limita la présidence à trois mandats, imposa la limite d’âge de 65 ans pour les candidats aux élections présidentielles et légalisa plusieurs partis politiques. En 1989, il transforma le PSD en RCD (Rassemblement constitutionnel et démocratique). Il fut pour une première fois élu à la présidence de la République le 2 avril 1989, et étant seul candidat, il recueillit plus de 99 % des voix.

En 1991 le gouvernement fit état de la découverte d’un plan islamiste visant à la prise du pouvoir et les enquêteurs mirent au jour d’importantes ramifications dans la police et dans l’armée. Des procès eurent lieu durant l’été 1992. Le parti islamiste clandestin Ennahdha fut démantelé et son chef, Rachid Ghannouchi se réfugia à Londres d’où il organisa la subversion qui allait finir par emporter le régime vingt ans plus tard.

Réélu à la présidence de la République en 1994, puis en 1999, le général Ben Ali fut attaqué de toutes parts en dépit des remarquables réussites économiques de la Tunisie. Même si de fortes disparités sociales existaient toujours, en vingt ans, le régime Ben Ali réussit en effet à transformer un État du tiers-monde en un pays moderne attirant capitaux et industries, en un pôle de stabilité et de tolérance dans un monde nord-africain souvent chaotique.

Les Tunisiens qui étaient en quelque sorte devenus des « privilégiés » n’acceptèrent alors plus de voir leur expression politique muselée et ils réclamèrent des évolutions démocratiques. À partir de l’année 2000, la contestation des intellectuels prit alors de l’ampleur, cependant que le président, mis sous influence par le clan affairiste gravitant autour de sa seconde épouse, perdait de sa popularité.

Au début de l’année 2000, le journaliste Taoufik Ben Brik entama une grève de la faim qui eut un énorme retentissement médiatique en Europe. Au même moment, les islamistes se montraient de plus en plus combatifs. Ainsi le 11 avril 2002, quand ils firent exploser un camion piégé devant la synagogue de la Ghriba à Djerba, tuant 19 personnes dont 14 touristes allemands.

C’est dans ce contexte de danger islamiste que le président Ben Ali ralentit ou même revint sur le processus de démocratisation qu’il avait initié. Mais, ce faisant, il accéléra encore davantage la désaffection des élites citadines envers son régime.

Le 26 mai 2002, par référendum, les Tunisiens approuvèrent que l’âge limite de candidature à la présidence de la République soit repoussé à 75 ans et que les mandats présidentiels ne soient plus limités à trois, ce qui permit au président Ben Ali de se faire élire pour un quatrième mandat le 24 octobre 2004. Après les assurances données en 1987, il venait donc de rétablir en quelque sorte la présidence à vie.

À partir de ce moment, la contestation s’amplifia et les élites « bourgeoises » qui avaient profité de l’essor économique du pays rompirent avec le régime, cependant que la répression se durcissait au fur et à mesure de la montée des périls islamistes.

Le 17 décembre 2010, un évènement a priori secondaire qui se produisit à Sidi Bouzid mit le feu aux poudres. Il s’agissait de l’immolation par le feu d’un vendeur à la criée qui refusait d’être rançonné par la police. Or, cet homme qui était un chômeur diplômé devint le symbole de la révolte de tout un peuple.

Le 28 décembre, n’ayant pas pris la mesure du mouvement, le président Ben Ali s’exprima à la télévision et parla des manifestants comme d’une « minorité d’extrémistes », ce qui amplifia encore la révolte qui devint une révolution. Cette dernière réussit car elle fut la synthèse de tous les mécontentements : révolte contre l’arbitraire de la police, révolte contre les inégalités sociales et révolte des nantis pour des droits démocratiques. À ces trois éléments, et les utilisant avec habileté, les islamistes donnèrent une cohésion et une organisation qui emporta le régime sous les applaudissements béats de l’internationale des médias – notamment français –, qui eut, comme de coutume, un rôle quasiment militant.

Ayant perdu le contrôle de la situation, le président Ben Ali fut finalement trahi par l’armée, donc par les siens, et le 14 janvier 2011, après 23 ans de pouvoir, il fut mis dans un avion par le haut État-Major et envoyé en exil en Arabie saoudite où il est mort le 19 septembre dernier.

Bernard Lugan

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36 Commentaires

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  • #2282571

    La dictature crée l’islamisme.
    Ensuite, l’islamisme justifie la dictature.

    C’est ça la démocratie arabe, vous pouvez choisir entre la torture comme prisonnier politique ou l’égorgement par les islamistes comme kafir.

     

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  • #2282608

    La Tunisie de Ben Ali c l´état policier par excellence. S´il y a un quelconque progrès dans le développement du pays, le mérite en revient a Bourguiba

     

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  • #2282651

    La fin du règne du Pr Ben Ali a été aussi la fin de l’influence et du prestige de la culture et de la civilisation française en Tunisie.
    Exemple : Depuis que les islamos font partie du pouvoir, l’anglais prend de plus en plus de place, au détriment du français dans les universités et les administrations de l’État.
    Le NOM préfère les islamos parce que les islamos acceptent les bases militaires étrangères (façon monarchies du Golfe) et n’ont aucun problème avec la finance mondialiste sauvage.
    La chute de la Tunisie est une conséquence directe de la chute de la France surtout à partir de la présidence Sarkozy.

     

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  • #2282658

    On ne sait pas si l’inconvénient majeur de son long règne, à savoir le pillage de toute entreprise sur place, quelle que soit sa taille, a été éradiqué par la "démocratie" atlantiste qui l’a opportunément remplacé. Souvent la dictature est préférable à la démocratie, en fait la ploutocratie bourgeoise corrompue. Et pas seulement en Afrique.
    A noter que les Tunisiens ont laissé les politiciens leur dicter la nouvelle constitution.

     

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  • En Tunisie il le pleure ben. Ma famille vie la bas. Le peuple vivaient beaucoup mieux avant. Moins d’agression, plus de tourisme etc...Mais comme j’ai dit à mon père,vous voulez la démocratie. Vous l’aurez. Maintenant le sud souffre à un point.et le nord vie aisément.avant tout était contrôler au frontières. Maintenant comme chez nous. La police a l’américaine.j’ai compris se que voulais dire nouvelles ordre mondial. Mettre le ko,amener de la délinquance qui amène de la peur et l’insécurité. Tout comme en France et en Europe. Une chose arrêté de dire réfugiés clandestins etc....Car sa aurai pu être nous. Sauf que nous tout pars de chez nous . démocratie bidon.appauvrir exploité dénigrerdirigé les haine vers les autres. Pas vers eux.la chose à faire quand le ko arrivera. Oui il arrive. Ne pas faire n’importe quoi.

     

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  • n’ayant pas pris la mesure du mouvement, le président Ben Ali s’exprima à la télévision et parla des manifestants comme d’une « minorité d’extrémistes »,




    Un prémisse de ce que deviendrait la France quelques années plus tard , ou la même phrase a été prononcée par le gouvernement pour parler de la révolte des GJ.
    Je me souviens même qu’a cette époque, Michelle Alliot Marie avait proposé l’aide la France pour mater la révolte Tunisienne !
    On sait a présent ce qu’est la méthode Française pour mater les révoltes.
    Crever les yeux des gens, et les mutiler.

     

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  • #2282903
    Le 22 septembre 2019 à 21:53 par pensons printemps
    La mort du président Ben Ali, l’homme qui avait sauvé la Tunisie de la (...)

    Un bon lèche-cul de L’occident, qui le lui rendait bien ! On croirait entendre Macron au sujet des GJ : "le président Ben Ali s’exprima à la télévision et parla des manifestants comme d’une « minorité d’extrémistes », ce qui amplifia encore la révolte qui devint une révolution". Nous, on attend toujours la révolution .....

     

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  • #2283084
    Le 23 septembre 2019 à 06:50 par Maurice Duchemin
    La mort du président Ben Ali, l’homme qui avait sauvé la Tunisie de la (...)

    Si on m’avait dit qu’un jour
    ils seraient du même avis chez E&R que Meyer Habib....

     

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    • #2283433

      Ils ne sont pas du même avis, ils te relaient l’information ! Tu en fais ce que tu veux ! C’est vrai qu’un Meyer Habib qui soutient Ben Ali , prouve que ce dictateur était une ordure ! C’est comme quand BHL soutient les Kurdes ou les ukrainiens...

       
  • #2283111

    Objectivement, Lugan à raison, sous Ben Ali, la Tunisie était ultra sécuritaire et prospèrent ! Depuis l’arrivé de la ’’démocratie’’ et de comme par hasard les lois ’’antiracistes’’(préambule à une invasion subsaharienne ??), ce pays est dangereux et instable !

     

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  • #2284301

    Cet escroc sauvé par l’Arabie Saoudite, ennemi des révolutions arabes. Très bien de voir la position de certains pour comprendre leurs intentions. Poubelle.

     

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