Jeudi 18 septembre, le Président de la République reçoit 350 journalistes triés sur le volet (on n’a pas été invités, sûrement une erreur du protocole), censés le bombarder de questions intéressantes après son discours. 350 privilégiés (dont quelques confrères étrangers), sur les 35 000 titulaires de la carte de presse, soit un sur 100. Pourtant, les Français sont mal informés. Vous allez comprendre pourquoi.
Intéressons-nous à quelques points du discours liminaire, c’est-à-dire le moment où le Président cause et tout le monde la boucle. Vous allez voir que même avec une armée de script doctors, de rewriters et autres plumes, un discours verrouillé peut contenir des failles.
« Mon premier devoir, c’est d’assurer la sécurité de la France. J’en ai la responsabilité. Or, le monde, je le disais, est menacé. Menacé gravement par un terrorisme qui a changé de dimension. Un terrorisme qui n’a jamais disposé d’autant de moyens : financiers, militaires, humains. Un terrorisme qui prétend non plus simplement contester les États mais prendre leur place. Un terrorisme qui s’en prend à la population, bien sûr, la plus fragile, et quelle que soit sa religion. »
Là on pense que François parle d’Israël et de son terrorisme d’extrême droite qui s’en prend aux habitants de Gaza, entre autres, mais pas du tout. Il veut parler des islamistes, djihadistes, et autres groupes terroristes.
« Il massacre, toutes celles, tous ceux, qui lui résistent. Il chasse les minorités, notamment chrétiennes. Il commet des atrocités sur les civils, décapite des journalistes, crucifie même ses opposants, enlève des femmes. Voilà le mouvement auquel nous faisons face. »
Là aussi, décapitations mises à part (et encore…), on aurait pu croire qu’il s’agit de la politique d’élimination physique des opposants politiques au régime militaire israélien, mais non. C’est un quiproquo, comme on dit au théâtre. C’est alors que Hollande va montrer l’ampleur de la menace.
« Chacun a en mémoire ce qui s’est produit au musée juif de Bruxelles avec ces assassinats. Ce n’est pas seulement l’Irak qui est menacé, pas seulement le Moyen-Orient, c’est l’Europe, c’est le monde ! »
On comprend qu’il ne s’agit pas de la sécurité de la France précisément, mais des ressortissants juifs. Si les Français non-juifs se sentent globalement solidaires de leurs compatriotes juifs (la réciproque n’est pas toujours vraie), les goys ne savent pas trop s’ils doivent trembler ou pas. Quoi qu’il en soit, Hollande envoie ses Rafale invendables là-bas, en passant par-dessus le Parlement (dont on se demande à quoi il sert, surtout pour le prix, un régime totalitaire éclairé serait plus économique), comme d’habitude. Le Président justifie son énième guerre.
« Notre but est de contribuer à la paix et à la sécurité en Irak en affaiblissant les terroristes. Je le dis, aussi nettement que j’affirme la nécessité de ce soutien et de cet appui aérien, nous n’irons pas au-delà : il n’y aura pas de troupes au sol et nous n’interviendrons qu’en Irak. »
C’est vrai que quelques sceptiques avaient cru sentir une espère de volonté diffuse d’intervenir en Syrie, genre on poursuit EIIL jusque dans leur tanière à Damas… Toujours pour notre sécurité, en une phrase, ce Président dit socialiste entérine la surveillance policière du Net. Ce que Sarkozy n’avait pas osé faire, officiellement, est ici torché en un coup de cuiller à pot. Le soi-disant terrorisme sera toujours le plus sûr allié des gouvernements en perdition.
« À l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur a fait adopter le projet de loi à la quasi-unanimité pour lutter contre les filières terroristes et pour faire en sorte que les jeunes ne puissent pas être embrigadés sur des lieux de combats où ils n’ont pas leur place. »
On se demande si notre présente critique peut passer pour du terrorisme. On sait jamais. Le non-sionisme, sûrement, c’est Valls qui l’a dit, l’homme de main du CRIF, le laquais qui a mis les moyens de la république au service d’une officine privée. Sa carrière en est accélérée, mais son âme, passée au Diable, ne s’en sortira pas. Notre force à nous, c’est de lutter contre le Diable, pas de faire des deals avec. Plutôt crever. Ceci étant dit, Hollande continue son monologue, on appelle ça un discours liminaire (et pas luminaire), et comme il déborde un peu, oups, il n’a pas le temps de parler de Gaza.
« Je pourrais, mais je ne veux pas être trop long dans cette introduction, évoquer d’autres tragédies, d’autres conflits : Gaza et ce qui s’y est produit pendant des jours et des jours ; la Libye et ce qui peut s’y produire avec ce chaos, avec ce risque d’éclatement… Je pourrais évoquer le Nigeria avec ces jeunes filles enlevées mais aussi des villes conquises au Nord par Boko Haram. »
Ou comment sauter par-dessus le sujet qui a ébranlé l’Élysée et en remettre une couche, dans la même phrase, sur le danger islamiste. On appelle ça un amalgame ou un jumping dans le raisonnement. Ce qui est drôle chez Hollande, chez Sarkozy aussi, c’est cette capacité à dire un truc sympa, et à faire le contraire. Par exemple sur l’Europe et ses frontières.
« L’Europe doit être une protection. Elle ne l’est pas aujourd’hui. En tout cas elle n’est pas ressentie comme telle, ni par rapport aux excès de la mondialisation, ni par rapport aux mouvements de population venant de l’extérieur. »
Or cet homme fait tout pour que l’Europe ne soit pas une protection. C’est donc un mensonge. Et on vous passe les énormes contradictions du pâté suivant…
« Alors si le projet européen se dilue… C’est un risque : la voie est ouverte, on la voit empruntée par les égoïstes, les populistes, les séparatistes. Voilà ce qui se produit en ce moment : cette conjugaison de forces centrifuges qui ont fini par perdre ce qu’était l’enjeu européen, pour d’abord se replier dans le cadre national, puis ensuite dans le cadre régional ; se faire plus petit pour soi-disant être plus fort… Le contraire même de ce qu’a été l’idée européenne ! »
Comme si c’étaient les populistes, les nationalistes, qui avaient foutu l’Europe en l’air, une Europe politiquement nulle, inféodée militairement et économiquement à l’axe américano-sioniste. Une arnaque qui produit de la pauvreté et de la rancœur. Et de la guerre. Contresens total ou escroquerie intellectuelle, on hésite. Ensuite Hollande parle du redressement de la France, des mots entendus 20 milliards de fois, qui glissent comme une goutte d’huile de ricin mussolinienne sur une toile cirée. Rien à cirer, dirait la mère Ruquier. Cependant, une phrase économique a retenu notre attention.
« Mais ces choix ne sont pas faciles, parce que ce qu’on consacre financièrement du côté des entreprises, forcément, on ne le met pas du côté des ménages. »
En une phrase, les Français, qui n’ont pas suivi ce discours (l’audience a été nulle), comprennent pourquoi leur niveau de vie baisse depuis deux ans : c’est pour aider les entreprises. Or, les petites entreprises n’ont rien vu venir. Les banques sont toujours aussi dures (la banque française, obsédée par la pierre, a toujours freiné l’activité et l’initiative), le crédit toujours aussi rare. Donc le fric a été ailleurs. Aux grandes entreprises qui exportent, les moyennes n’ayant pas la capacité d’exporter, chez nous, à l’inverse du tissu des PME allemand. Rappelons ici que le Rafale, si utile contre les terroristes anti-israéliens et anti-américains (et antifrançais depuis qu’on s’est soumis à l’OTAN), nous a coûté une blinde, 43 milliards d’euros en cumulé, depuis sa création. Un bel objet… de luxe. Comme dirait Georges Marchais, le fric, il y en a, y a qu’à aller le prendre là où il est ! Changement de sujet, place à l’humour.
« J’ai fait le choix de la République, enfin. Depuis que je suis élu, ici, Président de la République, la justice est indépendante, la presse est indépendante. Nous le voyons tous les jours. En tout cas moi ! Les principes d’égalité sont partout respectés : égalité entre les femmes et les hommes… égalité dans l’accès à tout ce qui fait la dignité humaine (je parle notamment pour les personnes handicapées). Et puis, le « mariage pour tous » ! »
On a vu son égalité : les homos (ces progressistes) tout en haut, les familles (ces fascistes) tout en bas. Roi autoproclamé de l’égalité, Hollande rappelle les fondamentaux.
« La première, c’est sortir de la zone Euro, fermer les frontières, chasser tout ce qui est étranger. C’est un choix, il est proposé, ce n’est pas le nôtre. Quand je dis “le nôtre”, celui de la France, celui de ses valeurs, celui de l’Europe… »
En filigrane, comprendre qu’une politique nationaliste en France ne serait pas… française. Alors que notre politique intérieure est dirigée par le sionisme, notre politique extérieure alignée sur les États-Unis, et notre ligne économique et financière imposée par la Commission européenne.
Après cette analyse préambulatoire, les journalistes peuvent attaquer. Tout de suite, des questions sur la nouvelle guerre en Irak contre EIIL, dont certains se demandent si elle ne va pas déborder en Syrie. En passant, Hollande remercie les autorités des Émirats, qui autorisent nos bombardiers à utiliser leurs bases. Le Président nous rassure.
« La Syrie, nous condamnons le régime de Bachar al-Assad. Nous avons tout fait et nous continuons de le faire, pour aider les opposants démocratiques pour qu’ils puissent le renverser ou trouver une solution politique, ce que nous appelons de nos vœux, mais nous ne pouvons pas, malgré la présence c’est vrai de ce groupe terroriste Daesh en Syrie, prêter de quelque manière que ce soit, notre action pour le régime du dictateur. Car Bachar al-Assad et le groupe terroriste ont partie liée. Ils se sont entraînés mutuellement et ils ont écrasé ceux qui pouvaient justement représenter l’alternative. Alors dans le cadre de la Coalition il est possible que les Américains puissent décider de cette opération, mais nous, nous sommes très attentifs aussi à cet aspect de légalité internationale. Nous sommes appelés par les autorités irakiennes, nous ne sommes pas appelés en Syrie. »
Question de Antonin André, d’Europe 1 :
« Euh, vous aviez dit monsieur le Président en avril dernier à des ouvriers que vous envisagiez si la courbe du chômage n’était pas inversée de ne pas vous représenter, vous nous avez dit ce soir que vous espériez des résultats avant 2017, est-ce à dire que vous envisagez sérieusement de ne pas vous représenter à l’élection présidentielle ?
– Je vais vous parler franchement, comme je l’ai fait, tout au long de cette conférence de presse… Mon sort personnel n’est pas mon objectif… Mon seul devoir c’est la France… C’est pas de m’abriter, ça ne vous a pas échappé… »
Une journaliste d’i>Télé tire la perche que tend Hollande :
« Et pourquoi vous n’avez pas pris de parapluie ce jour-là ?
– Je ne peux pas comme Président de la république, supprimer la pluie… Mais je ne me mets pas à l’abri… Il m’avait été dit qu’il allait pleuvoir ce jour-là… Je suis venu il pleuvait… Et je préfère avoir été trempé ce jour-là que d’avoir été au sec. »
Un truc de com monté pour la presse, qui s’est ruée dessus. Surgit alors Apolline de Malherbe, pouliche de l’écurie BFMTV, qui avait été une ardente défenseur de la démocratie lors du procès Dieudonné, en direct sur BFMTV, le 9 janvier 2014 (« Les derniers sondages montrent que la majorité des Français sont pour l’interdiction des spectacles de Dieudonné. ») :
« Je vais vous reparler de 2017… Vous avez répondu à Antonin que ce n’était pas le temps, mais visiblement, c’est une question que nous-mêmes nous vous posons, que certains se posent, aussi dans votre propre famille politique, sur la question de votre réélection, est-ce que pour lever le doute qui persiste, est-ce que pour lever cette question que les gens se posent, est-ce qu’il n’est pas tout simplement temps… d’annoncer que vous ne ferez qu’un seul mandat ? »
Mince, tout ça pour ça. Tu as une chance de poser une question percutante devant toutes les télés du monde au Président de la République, et tu envoies ça ? Une bonne partie des Français n’arrive pas à boucler ses fins de mois, et cette consœur évoque 2017... Heureusement qu’il y a Frédéric Haziza, qui recentre le débat… vers les extrêmes, sa passion.
« Est-ce que vous pensez comme votre Premier ministre Manuel Valls en parlant encore de 2017 que l’extrême droite est aux portes du pouvoir et est-ce que vous vous sentez responsable de cette situation ? »
Réponse du Président :
« L’extrême droite il se trouve qu’elle est sortie en tête des élections européennes, même si ses électeurs ne sont pas nécessairement d’extrême droite, ne se considèrent pas comme tels, ce qui ne fait pas de doute pour ses dirigeants… »
La contradiction arrive :
« Je constate que le parti de madame Le Pen n’a pas été capable de former un groupe au Parlement européen, avec toutes ces extrêmes droites qui existaient. Posez-vous la question : même les extrêmes droites européennes ne veulent pas être avec l’extrême droite française tant elles considèrent que c’est un parti qui est différent, encore des autres. Est-ce que nous avons une responsabilité, la réponse est oui. Nous avons une responsabilité. Ceux qui gouvernent, parce que nous ne répondons pas suffisamment aux angoisses, aux peurs, aux inquiétudes, de ceux qui vivent dans des quartiers populaires, où il y a de plus en plus un vivre-ensemble qui est menacé, oui nous ne répondons pas suffisamment à ceux qui considèrent qu’ils ne sont plus capables de décider de leur destin, qu’ils ne comprennent plus le sens de ce que le pays fait, qui craignent l’immigration, qui ne peuvent plus supporter ceux qui pensent différemment d’eux, oui, nous sommes responsables de cette perte de repères, de cette perte de sens, alors pas seulement déplorer, on peut être aussi responsable, pas seulement ceux qui gouvernent, de la manière dont on traite l’information, de la manière avec laquelle on pense que tout se vaut, que tout est pareil, qu’il y a une équivalence générale, qu’une idée en vaut une autre, que c’est une opinion, que ça peut même être drôle, et que on peut tout charrier sur un certain nombre de réseaux sociaux, même déverser sa rancune, sa rancœur, et que on a quand même assisté en France à une manifestation, y a pas si longtemps, où on a crié mort aux juifs, on a pu avoir aussi des comportements communautaires, multiples d’ailleurs, qui ont à chaque fois attisé la haine de l’autre, bon alors oui y a une responsabilité collective mais y a une responsabilité d’abord de ceux qui gouvernent, qui peuvent pas évacuer, sur d’autres, leur rôle, donc tout doit être fait, à la fois pour rappeler les règles, pour que la laïcité soit préservée parce que c’est ce qui nous permet de vivre ensemble, que les sanctions, lorsqu’il y a des fautes, j’ai évoqué des manquements à l’exemplarité… que ces sanctions-là soient prononcées, que rien du tout ne soit toléré, et que vis-à-vis des catégories travailleuses, laborieuses, celles qui ont le sentiment que c’est toujours elles qui payent les impôts, qui assurent la sécurité sociale des autres, bien, que ces catégories-là aient le retour. »
Un noyage de poisson intégral. Du grand art. Là on est plutôt dans le noyage de rorqual. Mais qui annonce la baisse de prélèvements pour neuf millions de contribuables, histoire de calmer la colère. En Algérie, Bouteflika fait pareil : quand ça chauffe, il lâche du lest.
« J’en entends des colères, j’en vois. Je préfère une colère à un silence. Parce qu’une colère c’est encore un contact qui se fait. Un silence, c’est quand il n’y a plus d’espoir. Bien notre responsabilité, celle qui est la mienne en tout cas, ce n’est pas de vendre de l’illusion mais c’est de bâtir l’espoir et de dire combien nous devons être fiers de la France, pasque c’est ça la question. Ceux qui quelquefois se laissent entraîner dans les dérives extrêmes sont ceux qui pensent que la France n’a plus d’avenir, eh bien si. »
On commence à avoir l’habitude du retournement qui consiste à faire passer les patriotes dissidents pour des Français à la dérive ! On notera le coup de latte en passant aux immigrés (« à ceux… qui craignent l’immigration »), comme quoi un socialiste peut exploiter le racisme, mais à l’hypocrite. Encore un point Chutzpah pour le Président. Dans la veine, on a droit à un magnifique « moi ma priorité c’est l’emploi ».
Allez, encore une question essentielle. Ce coup-ci, c’est au tour d’Élisabeth Martichoux (ex-madame Aquilino Morelle), de RTL et LCP.
« Et enfin, une consœur extrêmement bien informée toujours, croit savoir que le même Premier ministre Manuel Valls lui aurait confié, “l’État c’est moi”. Ces trois éléments combinés laissent penser monsieur le Président, qu’une rivalité pourrait s’installer entre vous, est-ce que c’est envisageable ?
– Si vous regardez la vie politique, tout est envisageable. Si vous regardez Manuel Valls et moi, ce n’est pas envisageable. Parce que j’ai choisi Manuel Valls pour ses qualités, pour son courage, il en a, il en a fait preuve, pour son sens de l’État, et pour sa loyauté, et je sais que jusqu’au bout il servira l’État, qui n’est la propriété de personne, je vous rassure, sauf des Français. »
Le cimetière de poissons de Papa Chutzpah commence à devenir trop étroit. Traduction de sa réponse vicieuse sur Valls, qui lui a été imposé par les Puissances Supérieures : c’est un lâche (on confirme, il caresse le fort et frappe le petit), son sens de l’État s’arrête aux intérêts des Puissances qui l’ont placé là, et à qui il doit tout, tandis que sa loyauté se limite à être loyal envers son ambition, c’est-à-dire son pacte faustien.
Jusqu’ici, on a fait mine de s’intéresser au discours présidentiel, et à ses réponses pleines d’humour. Car le mensonge à ce niveau confine à l’humour. En réalité, ce qui nous a frappé, c’est la caste journalistique réunie sous les ors de la république. Elle envoie des balles, que le Président détourne facilement. Ce petit jeu est truqué, car personne n’a envie de perdre son accréditation, ses voyages de presse avec le Président, et surtout, surtout, les petites indiscrétions lâchées par cet informateur de haut vol. Car Hollande n’a jamais arrêté de nourrir la presse, même la plus médiocre, du moment qu’il pouvait mener la danse et jouer son billard à 10 bandes. Ainsi, pendant l’affaire Gayet, a-t-il rencontré deux journalistes de Closer, ce qui ne s’était jamais vu pour un président de la République. Mais ne jetons pas la pierre à ces vautours, après tout, il en faut, pour finir les cadavres. Non, jetons plutôt un œil – que la jalousie nous étouffe – aux 350 prestigieux. D’après leurs questions, des déconnectés du réel, qui s’adressent à un grand déconnecté du réel.
Revenir ainsi sur 2017, et sur un « j’irai/j’irai pas » dont les Français se foutent, c’est soit se détourner volontairement des vrais débats (la légitimité d’un responsable qui joue à monter les Français les uns contre les autres, la soumission à des lobbies plus ou moins occultes), soit faire preuve d’une ignorance dangereuse à ce niveau. La réalité se situant comme toujours entre les deux, mélange d’ignorance et de crainte, la crainte maintenant l’ignorance en l’état, et l’ignorance nourrissant la crainte.
Mettre tous les 350 dans le même sac serait une erreur, les journalistes présents n’étant pas tous aussi limités et ambitieux (cela revient finalement au même en termes de liberté éditoriale) qu’Apolline de Malherbe. Heureusement, il reste des Régis Faucon, qui n’a rien à voir avec les républicains ultra d’outre-Atlantique.
Faucon, qui se présente ironiquement, mais qui envoie sans transition une sacrée roquette, on n’ose dire quenelle (sa carrière est faite, il ne risque plus rien) :
« Ex-TF1 mais toujours journaliste… Vous n’avez pas semblé être très inspiré au moment de l’affaire de Gaza… Pourquoi avoir donné le sentiment de prendre parti pour un camp, en l’occurrence Israël, ce qui n’est peut-être pas la meilleure façon de trouver l’équilibre, d’exercer une politique d’équilibre… Pourquoi ne pas avoir dès le début, ne pas avoir eu des paroles de compassion pour les victimes civiles palestiniennes, et en particulier je crois ce qui a beaucoup choqué, les nombreux enfants tués à ce moment-là ?
– Mais j’ai eu des paroles, et pas simplement des paroles, j’ai eu aussi la volonté de montrer une solidarité à l’égard de la population civile de Gaza. La France a dépêché des missions, des aides, pour que les enfants les familles puissent au moins être alimentés, protégés, soignés. J’ai dénoncé dès le départ, oui c’est vrai, le fait qu’il y ait des roquettes qui aient pu être tirées, et qui ont justifié une représaille qui a été sans limite, et qui a été une escalade extrêmement dangereuse pour la paix dans la région. […] Mais ce qui s’est produit à Gaza, hélas, c’est la troisième, fois qu’il y a cette destruction, qu’il y a d’un côté une militarisation, et de l’autre, qu’il y a cette volonté d’enfermer Gaza. Donc la France elle a cette particularité, elle a cette singularité qu’elle est capable de parler à tous… Moi je parle à tous, et je l’ai dit demain, Mahmoud Abbas sera là, et nous allons regarder comment nous pouvons agir avant l’assemblée générale des Nations unies. »
Coincé en flag de soumission au sionisme, le Papa Chutzpah. Qui s’arrange avec des mots creux, des tournures tordues, des phrases qui commencent à Paris et qui finissent à Marseille… Rien n’est assumé, tout est flou, mou, lourd de contresens et de contrevérités… Un dernier verre de tromperie, pour la route, quand Hollande évoque l’importation en France du conflit israélo-palestinien.
« Et puis les musulmans peuvent être en solidarité sans pour autant épouser les thèses du Hamas, cela n’a pas de sens, pasque ici il n’y a que des citoyens français qui au-delà de leur religion peuvent avoir des avis, peuvent les exprimer, peuvent manifester, peuvent avoir aussi l’envie de favoriser le règlement enfin de ce conflit, qu’il y ait la paix… »
Peuvent les exprimer ? On a vu ça à Barbès. C’est la main ou la bouche du Président qui ment, mais elles ne sont pas en phase. Valls gouverne, sous les injonctions du CRIF et de la LICRA, en tout cas pour le lobby sioniste, et Hollande arrondit de plus en plus difficilement les angles… de plus en plus saillants, coupants, dangereux. Un mot étonnamment honnête et touchant, dans ce fatras de carambouilles d’énarque jobard, quand il avoue, même pas à demi-mot, qu’on lui a forcé la main.
« C’était dur pour moi aussi de me séparer de Jean-Marc Ayrault qui avait été un Premier ministre dévoué. »
Une minute de vérité dans un océan de boniments. Un bout de lard dans le brouet. Un dernier message avant de quitter cette élite médiatico-politique, réunie au grand complet (elle existe, elle est là, sous vos yeux). Hollande, même à 13 % de satisfaits, il s’en fout. Culbuto peut tout encaisser, il se nourrit même des attaques contre lui. Pas la peine donc de l’insulter comme on l’a vu sur Twitter, avec un lâchage d’électeurs de droite qui vont dans le mur des insultes. Hollande, il faut comprendre comment il fonctionne, et comment il fonctionne avec le journalisme français, car l’un ne va pas sans l’autre. C’est un système, Hollande n’y changera rien, il en profite, et de manière plus habile que Sarkozy, qui fonctionnait sur la tension et la menace. Notre seule chance d’échapper à ce mécanisme pervers dont le tiers état est exclu, est de développer une information concurrente, et de détourner les Français, avec lucidité et humour, de ce spectacle misérable, pour la presse et pour la politique.