La question d’un possible défaut de la Grèce dans les jours, voire les semaines, qui viennent est désormais régulièrement posée. Mais, cette question est parfois confondue avec celle des liquidités internes. Or cette question est aujourd’hui le principal instrument utilisé par l’Eurogroupe pour étrangler la Grèce et tenter d’imposer des politiques qui ont été rejetées par les électeurs le 25 janvier.
Rien que cela en dit long sur la notion de la démocratie des principaux responsables européens, et en particulier de M. Jean-Claude Juncker (un multirécidiviste sur ce point, qui avait déclaré à la suite de cette élection du 25 janvier : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens [1] ») ou M. Moscovici. Ajoutons que les récentes déclarations de M. Schäuble [2] vont parfaitement dans ce sens. On mesure que le mot « démocratie » n’est qu’un slogan sans contenu pour les dirigeants de l’Union européenne.
La question des remboursements
La Grèce doit de l’argent au FMI, à la BCE ainsi qu’aux différents fonds d’aides (MES et FESF). Les échéanciers des remboursements jusqu’au 19 juin sont les suivants :
- Échéancier des remboursements
On constate qu’à part de petits remboursements à la BCE, l’essentiel, du moins jusqu’au 19 juin, sera les remboursements aux FMI (2,54 milliards d’euros). Or, le Fond monétaire international s’est distingué pour l’instant par une attitude bien plus « souple » que celle de la BCE ou de l’Eurogroupe, qui supervise les paiements à faire pour le MES et le FESF. Il n’est donc pas exclu que l’on trouve un arrangement sur ces 2,54 milliards d’Euros. Mais, un tel arrangement ne peut être que provisoire.
La Grèce devra rembourser, entre le principal et les intérêts, environ 7 milliards aux diverses institutions européennes entre la fin du mois de juin et le début du mois de juillet. Le gouvernement Grec a dit, à de nombreuses reprises, qu’il ne ferait pas ces paiements car ces derniers prélèveraient l’ensemble des sommes (et au-delà) sur le (petit) excédent fiscal primaire qu’il réalise et qu’il souhaite affecter tant à des mesures de soutien à la population qu’a des mesures de relance de l’activité économique. On sait aussi que l’Eurogroupe, pour l’instant, refuse cette solution. L’Eurogroupe refuse de même de négocier sur la dette, et cherche à imposer des réformes qui, outre qu’elles sont à tout plein inutiles [3], sont refusées par le gouvernement grec et surtout pas ses électeurs. Nous sommes donc dans une impasse.
Il s’en déduit qu’un défaut de la Grèce peut survenir dans les semaines qui viennent, mais surviendra de toute manière entre la fin juin et le début du mois de juillet. Sauf si, d’un côté ou de l’autre, un changement de position survient.