Avec la chaleur, la température corporelle augmente. Étant composés à 60 % d’eau (teneur qui décroît avec l’âge), la crise économico-politico-morale aidant, il nous arrive de bouillir. Si la colère est une espèce d’évaporation, alors il faut boire beaucoup d’eau pour se calmer. Hélas, certains ne boivent pas assez, ou alors l’eau vient à manquer, quand elle n’est pas empoisonnée… Et peut-être certains veulent-ils garder leur colère, cette arme des désarmés. Car la grande peur des dominants, c’est que les colères se fédèrent.
Lynchage d’un jeune romcidiviste
Quand la justice fonctionne mal, elle laisse place à la colère populaire, qui ne fait pas dans la dentelle. Tout le monde est d’accord pour remplacer la justice populaire, qui ne connaît que deux tarifs – le coma ou la mort – par la justice « impopulaire », qui protège les agresseurs du lynchage. Encore faut-il que cette dernière existe !
La victime était connue pour ses multiples récidives (on ne sait plus comment appeler ça), et surtout, pensait bénéficier d’une impunité de fait. Las, certains ont compris que la justice se moque des personnes, surtout des pauvres. Si les riches ont les moyens (assurance, protection policière, épargne) de se protéger ou de se rembourser, les pauvres eux, n’ont pas trop les moyens de se faire cambrioler. Le pire, c’est quand un pauvre vole un autre pauvre. Ça finit rarement bien, car là, on n’est plus dans les manuels de droit, plutôt dans le free fight.
Le président du conseil général de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a cru bon d’ajouter : « La République française doit la protection à tous, où qu’ils vivent, et quelle que soit leur origine. »
On espère qu’il plaisante. Libé, en bon défenseur des minorités, explique que les violences contre les Roms sont en augmentation. Au fait, sans jouer à œil pour œil, qui comptabilise les violences des Roms ? Les associations de défense des beaufs des petits pavillons de banlieue ? Notre seul étonnement, c’est que ce lynchage n’ait pas eu lieu plus tôt : finalement, la société française est bien patiente, bien tolérante. Le plus surréaliste, dans cette affaire, c’est que les auteurs de l’expédition punitive vont être condamnés… comme le récidiviste ne l’a jamais été. Monde à l’envers.
Pour SOS Racisme, « ce grave passage à l’acte renvoie à la dégradation alarmante de l’image des citoyens roms ou supposés roms dans notre société et au résultat manifeste des tensions nauséabondes dans lesquelles sont plongés nos concitoyens ».
Concitoyens roms, si seulement c’était vrai… SOS Racisme qui n’est évidemment pour rien dans l’exacerbation de la différence « culturelle » et l’impunité de la petite délinquance… L’association devrait applaudir, notre petit doigt sur la gâchette nous dit que ce fait divers symbolique annonce un surcroît d’activité dans les années à venir.
Après les Roms, les clandestins
« 72 hommes, femmes et enfants étaient partis de Tripoli le 26 mars 2011, comptant rallier l’Europe en deux jours. Mais leur rêve a tourné à la tragédie : après 14 jours dérive et malgré des appels de détresse répétés, 63 des 72 passagers ont trouvé la mort. En avril 2012, quelques rescapés, épaulés par des associations, ont déposé plainte contre X pour non assistance à personne en danger, ciblant clairement l’armée française. Un rapport parlementaire du Conseil de l’Europe a établi que le bateau a été survolé et photographié par un avion de patrouille français, qui l’a ensuite signalé aux gardes côtes italiens. À l’époque, la zone était sous contrôle de l’Otan et la flotte française importante. » (Leparisien.fr du 26 juin 2014)
Ça y est, la France est encore responsable d’un génocide. Un grand merci aux « associations » qui permettent de rétablir la justice trop souvent bafouée par les Français. Si la Marine (nationale du ministère de la Défense, pas Le Pen) faisait preuve d’humanité et de solidarité, elle devrait prendre en charge les clandestins dès leur départ des côtes libyennes, dans des conditions optimales (repas pris au mess des officiers, chambres individuelles), pour une traversée en transat sur le pont, avec piscine et cocktails offerts par le capitaine. À l’arrivée, les appartements flambants neufs en HLM seraient intégralement pris en charge par les communes, et les clandestins installés à la place de familles françaises, forcément racistes.
Si personne ne se réjouit de la mort d’êtres humains, hommes femmes et enfants, qu’on les appelle « clandestins » ou « déplacés économiques », ce ne sont évidemment ni des criminels qui méritent la mort en Méditerranée, ni des prisonniers à traiter comme des bêtes dans un élevage canin de Roumanie. Mais de là à accuser les Français de meurtre à distance par non assistance à clandestins en danger, on nage sur la tête. Le paradoxe dramatique est le suivant : ceux qui bafouent nos lois ont parfois besoin de nos lois.
L’armée islamique du Levant vous salue bien
- L’USS George Bush répond à l’appel de détresse des Iraniens
Les troupes de l’État islamique en Irak et au Levant, résultat de 20 ans de déstabilisation occidentale en Irak (première lame en 1991, seconde lame en 2003), font exactement le job que les Américains ont prévu pour elles. Ou comment se créer un « ennemi » durable, mobile, un Ben Laden 2 qui va permettre d’intervenir partout dans le ciel du Moyen-Orient (pas question d’envoyer du GI au sol, c’est plus trop rentable politiquement). La question est toujours la même : qui les arme ? Question qui devient : qui a intérêt à ralentir la réunification de l’Irak ?
Après avoir affaibli les sunnites (pro-Saddam), les Américains affaiblissent aujourd’hui les chiites, en laissant les forces sunnites se reconstituer. Il n’y a aucune contradiction avec la Syrie, où les sunnites sont majoritaires, les alaouites pro-Assad étant eux soutenus par les chiites iraniens, car dans les deux cas, Irak et Syrie, l’idée est non pas de miser sur l’une ou l’autre des communautés religieuses, mais d’affaiblir, en s’appuyant sur l’opposition politico-militaire, tout pouvoir arabe nationaliste, qu’il soit sunnite ou chiite. Israël ne doit pas avoir de pays arabe fort, armé, et uni à côté. Le cas de l’Egypte est spécial en ce sens que le pragmatique général Al-Sissi a été formé dans une école de guerre américaine (après une académie militaire anglaise), et qu’il a besoin des conseils et des dollars américains.
Sinon on ne voit pas l’intérêt des Américains à déstabiliser encore plus la région. Si les Iraniens (et les Kurdes, protégés par les Américains, et chouchoutés par les Israéliens qui lorgnent sur le pétrole et l’eau… malgré leurs accords avec les Turcs) ont pu profiter pendant 10 ans de l’affaiblissement des sunnites irakiens, les Américains sifflent la fin de la récré. Tout ce qui peut menacer Israël est curieusement déstabilisé : en Égypte avec le pouvoir des militaires qui remplacent les Frères musulmans, peu suspects de sionisme, en Syrie avec la réduction du potentiel militaire assadien (malgré l’aide russe), et en Irak avec la théorie du chaos permanent.
Où l’on apprend que d’anciens « al-qaïdistes » et d’ex-cadres des services de sécurité de Saddam Hussein se retrouvent miraculeusement armés (au nez et à la barbe des radars et drones US), et en route vers Bagdad, composée à 70 % de chiites. Un seul mot : déstabilisation. Naturellement, les chiites iraniens volent au secours de leurs frères irakiens. On dirait qu’un second front s’ouvre pour les Gardiens de la révolution, après la Syrie. Sans oublier le Kurdistan, foyer des Peshmergas iraniens du Komala opposés depuis toujours au pouvoir des mollahs. Rappelons que c’est dans leur zone protégée que le docteur, puis secrétaire d’Etat, puis ministre de l’action humanitaire, et enfin ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner fera de nombreuses visites. Parions que EIIL fait le sale boulot pour les Etats-Unis, qui les élimineront ensuite, comme les tueurs « hors famille » mandatés pour des contrats par la mafia, qui finissent éliminés par cette même mafia.
Monsanto va investir 137 millions d’euros chez nous
Ça, c’est le genre d’info qui nous plaît. La pollution, elle repassera : un, l’emploi, deux, le reste. Tout, plutôt que le chômage. Car qui dit emploi dit réélection, au niveau local et au niveau national. Nos voix comptent plus que vos emplois ! Si les Allemands construisaient une dizaine de camps de concentration en France, avec 10 000 emplois à la clé, Montebourg se mettrait à genoux et entonnerait « Deutschland über alles » en pleurant. Ce que c’est que l’emploi, tout de même…
La France a du mal à en créer, et remplacer son emploi industriel. Il est vrai qu’on est le pays de la formation perdue. Des milliards sont engloutis chaque année pour des formations douteuses, un secteur infiltré par les profiteurs, les escrocs et les sectes. Un foirage national qui prouve, avant tout, que la qualification générale est inadaptée. La France a du mal à adapter ses enseignements aux nouveaux métiers. Rien ou presque sur les nouvelles techniques issues du Net.
Monsanto est peut-être la société qui a la plus sale image du monde. Leurs cadres le savent, et prennent ça avec philosophie, parfois avec humour, sachant que tout n’est pas noir chez eux. Faire croire que « nos » paysans sont obligés d’acheter « leur » poison est une blague. Le productivisme ou quantitativisme français, qui a été nécessaire après-guerre, doit aujourd’hui évoluer vers un qualitativisme. Les « babas cool » venus de la ville qui ont planté de la vigne bio dans le Languedoc il y a 25 ans étaient la risée des petits producteurs locaux. Aujourd’hui, ils vendent aux coopératives et aux hypermarchés régionaux, et vivent mieux que beaucoup de surproducteurs, qui font bosser les « melons », réputés bons ouvriers agricoles, mais dont les fils ne veulent pas reprendre le job. Il est vrai que la région, qui ressemble un peu à l’Algérie, fourmille de rapatriés de 1962. C’est une terre FN. L’Histoire repasse les plats.
Comment Deschamps a dégagé Ribéry en touche
- Bonjour Zahia, adieu Coupe du Monde
Nasri et Ribéry étaient les ferments de désunion du groupe France. Il fallait les écarter en épargnant les susceptibilités, et les procès médiatiques, les joueurs en question ayant des relais chez les journalistes. Pour Nasri, c’est facile, il y avait un précédent public, son comportement vis-à-vis des journalistes (doigt d’honneur et « va niquer ta mère »). À la trappe. Mais c’est surtout son rendement, et donc sa motivation aléatoire qui l’ont condamné. Certains ne se bougent que pour le club qui les paye, pas pour la Nation qu’ils sont censés représenter… quasi gratuitement à leur échelle. Pour info, stoppés en quart de finale par la Mannschaft, les valeureux Bleus se partageront quand même 10,2 millions d’euros, accordés par la FIFA.
En ce qui concerne Ribéry, sacré meilleur joueur français et quasi-Ballon d’Or 2014 (éliminé officiellement par ses frasques zahiennes mais plus sûrement par son comportement inqualifiable en 2010), il a fallu réfléchir un peu. Ce furent les médecins du Bayern qui fournirent, bien involontairement, la solution. En imposant aux Bleus une médecine « propre », le staff français a condamné Ribéry, abonné aux piquouzes bavaroises hebdomadaires de remise en forme, l’empêchant de fait de participer au Mondial.
Les politico centrés accuseront Deschamps d’avoir créé un groupe dé-racaillisé, c’est-à-dire sans les ribérystes Nasri et Abidal. Joli petite Nuit des longs couteaux. Dans le groupe France de cette Coupe du Monde, il n’y a effectivement plus une racaille, à part peut-être Patrice Evra, survivant de l’épisode de la honte du bus de Knysna. Sauf qu’Evra n’est pas issu des cités, il est au contraire… fils de diplomate. Alors, que fait-il encore là ? Il est à la peine, mais transmet l’expérience des grands matchs. En tout cas il ferme sa gueule, car le patron, c’est Cabaye. Comme quoi un mauvais patron peut faire un bon ouvrier.
Tsahal/Hamas, c’est reparti… comme en 47
- Missile sol-sol sol
Profitant comme à chaque fois des vacances ou d’une torpeur internationale, Israël réplique à l’envoi de bombes atomiques palestiniennes artisanales en pilonnant Gaza. On exagère à peine : Le Monde, toujours à la pointe de l’indépendance et de l’impartialité, fait l’inventaire des « capacités militaires du Hamas » (10 juillet 2014).
Heureusement, Tsahal est une armée humaniste : 5 minutes avant de réduire en bouillie un immeuble, elle téléphone à ses habitants, qui ont juste le temps de prendre leurs babouches et contempler les prouesses de l’unique démocratie du Proche-Orient. Les Allemands, eux, dans les années 40, n’étaient pas aussi prévenants. Ah, si les Israéliens avaient été à la place des Allemands, il y aurait eu beaucoup moins de morts.
Trêve de plaisanteries. L’armée israélienne, qui ne s’est pas remise de la dégelée hezbollo-libanaise de 2006 (flop du Merkava et facture globale de 4,4 milliards d’euros), entend enfin gagner une guerre. Ce coup-ci, ce sera contre des prisonniers.
« Aucune pression internationale ne nous empêchera de frapper les terroristes qui nous attaquent », assure ce grand humaniste de Bibi. Les colonnes de chars approchent, 30 000 réservistes sont sur le pied de guerre. Le camp de concentration de Gaza mérite sa raclée traditionnelle : dire qu’il y a des Palestiniens qui ne sont pas contents à l’intérieur ! Comme toujours, ce sont les civils qui morflent, ce qui n’arrête pas les envahisseurs, qui assurent que les cibles sont bien « terroristes » ou « militaires ». Les morts du centre d’accueil pour handicapés apprécieront.
Il y aura encore des morts, des deux côtés, les tendances dures en sortiront renforcées, le Conseil de sécurité pondra un énième appel au cessez-le-feu (c’est fait le 12/07/14), les Américains lèveront mollement la main pour houspiller Israël, les pays arabes alignés financeront la reconstruction, mais pas plus (il s’agit pas de financer le Hamas soutenu par l’Iran qui veut la peau des princes oisifs soumis à l’axe israélo-américain), et tout recommencera, jusqu’au jour fatal où la puissance américaine ne permettra plus aux Israéliens de bombarder leurs voisins, ni d’éliminer leurs opposants politiques en toute impunité internationale. Et là, la carte du Proche-Orient risque de changer. Dans l’autre sens.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la Méditerranée, des chars défilent sur les Champs-Élysées, le lendemain d’une prise de la Bastille par de jeunes Palestiniens de banlieue. Heureusement, ce sont des chars Leclerc, pas des Merkava.
- Petite princesse gazaouie