L’œuvre intitulée La vie a plus d’imagination que toi va sortir le 1er mars chez Grasset, l’éditeur de BHL, mais Le Figaro a pu chiper un exemplaire. D’abord savoir que madame Belkacem ne voulait pas parler de sa vie privée, ce que l’on respecte, mais qu’elle a toujours refusé l’introspection. C’est raté. Mais comme chaque homme politique qui compte, il faut un livre référence, un livre programme pour l’avenir, un livre tremplin pour la présidence. Car Najat, derrière son humilité de petite pauvrette immigrée – on va y revenir – pense et voit loin. Elle pense mairie de grande ville (Villeurbanne), région, puis, dans un PS en désolation où tous les vieux barbons sont défaits, pays. Elle pense France, ou plutôt présidence.
Elle n’oublie pas de rappeler qu’elle a souffert du racisme et qu’elle a été prise pour cible sur les réseaux sociaux. Elle essaye de nous faire croire que ses origines marocaines sont à l’origine des critiques acerbes pendant son ministère. Que nenni : ce n’est ni la femme, charmante, ni la Marocaine, qui a été attaquée, mais bien le ministre aux décisions désolantes. Et si c’est faire offense à madame Belkacem de dire qu’elle n’a rien décidé, mais qu’elle a appliqué le logiciel socialiste présidentiel sous l’influence des lobbies, eh bien on le dit quand même.
De la même façon que Christiane Taubira, qui pleurniche aujourd’hui de tout ce qu’elle a souffert, Belkacem essage de racistiser sa critique. Pas de bol, ce ne sont pas deux ou trois abrutis véritablement racistes qui ont insulté ces deux femmes qui vont changer la donne : leurs politiques ont été néfastes pour le pays, et elle ont été guidées non par les intérêts du peuple, mais par des intérêts bien particuliers. Ceux des minorités agissantes qui ont mis la main sur les plus hautes juridictions du pays et qui veulent étouffer toute contestation.
« On m’a dit que ma mère était si malheureuse qu’elle a supplié Dieu de ne pas lui faire revivre cela avant au moins sept ans ». Elle vit sans eau et sans électricité. « Chaque matin je partais chercher de l’eau au puits (...). Quand on n’a pas eu l’eau courante, pendant des années, on est un peu différent (...). Je ne suis pas sûre que mes enfants comprennent (...), eux qui vivent dans le beau Paris de pierre claire, ordre, calme et volupté »
Pour en revenir à la bio de la jeune femme de 39 ans, qui fait des fautes d’orthographe dans les livres d’or là où elle passe, Le Figaro raconte qu’elle passe très rapidement sur son arrivée en France et son ascension sociale. Heureusement, car le coup de la petite gardienne de chèvres pieds nus dans les collines, ça ne prend plus. On dirait que le misérabilisme ouvriériste, ça manque au PS... Quant à sa trajectoire « fulgurante », il ne faut pas oublier qu’elle s’est mariée avec un monsieur, l’éditeur Boris Vallaud, qui lui a peut-être servi de tremplin, ou du moins qui a fait la courte échelle à son ambition.
Après l’enfance douloureuse, la jeune déracinée fait Sciences Po, l’école des cadres du régime faussement démocratique français. Une école qui lisse les différences et normalise les spécificités personnelles. Là aussi, Najat souffre, car au lieu de sortir le soir, comme les rejetons de la bourgeoisie, elle travaille dur. Là se forge son caractère, d’autres diraient sa méchanceté. Enfin, dans sa partie politique, madame Vallaud livre ses engagements, que tout le monde connaît : socialisme, féminisme, laïcité, ABCD de l’égalité, genre, fautes d’orthographe...
On en arrive à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles de 2002 :
« J’en ai pleuré de rage (…). Quelque temps après, je me suis inscrite au Parti socialiste. Et je me suis donnée tout entière au combat politique »
Bon, on ne va pas faire la promo de celle qui traite les nouveaux journalistes de malades, les sites d’information alternative de « complotisme » et autres fadaises. Juste que l’ascension sociale et politique de madame Vallaud, vue sous l’angle parfait du mérite républicain, est quelque peu mensonger. Mais mensonger par omission. Pour qui connaît les coulisses de la politique élyséenne, un autre livre, bien plus croustillant, serait à écrire.