On aurait plutôt dit « le sionisme, c’est payant ». Jeu de mots à double sens ? Pas seulement. Aujourd’hui, au-delà des ennuis de Soral & Dieudonné, qui payent cher pour leur non-sionisme (la nouveauté de la semaine en sionismologie), il semble que l’impopularité du sionisme devient telle, que des personnalités médiatico-politiques commencent à sortir du bois, prudemment, et à envoyer des messages de moins en moins subliminaux à un public de moins en moins dupe. Il y va de leur crédibilité, donc de leur survie médiatique. Une communication qui auparavant passait, Terreur oblige, par des euphémismes, des phrases détournées, des mots écrans. Le courage des vrais dissidents serait-il contagieux ?
Nous sommes au Grand Journal, jeudi 11 septembre 2014. Jean-Luc Mélenchon, ex-leader du Front de Gauche, est invité. Il a quitté le mouvement le 22 août, en conflit sur la stratégie pro-PS des communistes et du trop charismatique Pierre Laurent. Chez Antoine de Caunes, Mélenchon va lâcher une vanne inédite depuis les années 30, que même Dieudonné – un humoriste oublié, selon nos maîtres – n’oserait faire. Normalement, une telle sortie vaut la prison, sans passer par la case procès.
Derrière l’animateur métrosexuel s’affiche une immense photo de Mélenchon jeune, suivie par celle de Julien Dray. Le tribun de gauche s’adresse alors au public en plateau :
« Regardez, c’est moi qu’on voit avec la barbe, j’étais plus jeune, regardez Dray comme il est moche ! Avec ses lunettes de hibou, là. »
Le public s’esclaffe. Et nous on se pose mille questions. Quel est le sens de cette provocation ? C’est vrai que Méluche a l’habitude d’y aller fort avec les journalistes, et les politiques. Il a le sens de la formule, et sait arracher une salle, comme disent les humoristes. Avant de s’en prendre à Dray, c’est Aphatie qui avait dégusté, laissant le chroniqueur politique sans voix :
« Monsieur Aphatie je comprends que vous soyez consterné, mais faut sortir le dimanche. »
Un Aphatie déjà bien aplati par la présence de Polony, qui fait le job légèrement malpensant, histoire de coller aux aspirations des abonnés. En télé, c’est toujours le voisin souriant qui te poignarde. Là, on sent bien que le futur d’Aphatie au Grand Journal est déjà dans la corbeille à papiers. Polony, elle le bouffe tout cru. Cette cruauté, décrite de manière jubilatoire par l’ex-chroniqueur littéraire Ollivier Pourriol dans On/Off, est inhérente au monde de la télé. Mais revenons à notre sujet.
Dans les années 30, en Allemagne, les caricatures sur l’aspect physique présumé repoussant des juifs foisonnent. Tous les dessinateurs impliqués dans la propagande nazie insistent sur la laideur des faciès israélites, en attribuant logiquement la pureté de traits aux aryens (origine de la ligne claire ?). Dans les gravures, c’est la jeune Allemande, aussi pauvre qu’innocente, qui est victime du juif gras, riche et laid. Une laideur associée au péché, au mal, au diable. Procédé moyenâgeux mais efficace, surtout en période de crise, où le riche semble aspirer la graisse du pauvre.
Notre question : cette saillie drôlatique de dirigeant politique de premier plan, prise au premier degré par le public présent (qui a explosé de rire spontanément), est-il un second appel du pied aux électeurs non pas nazis, ni même antisémites, mais tout simplement non-sionistes, antimondialistes de gauche ou de droite, et tentés par une dissidence authentique ? Tous ces courants, pour le coup représentatifs de l’état d’esprit du peuple, à l’inverse du PS et ses courants plus personnalisés qu’idéologiques, et surtout totalement déconnectés de la réalité des gens, se rejoignant dans l’océan des mécontents, à la lucidité croissante. Car le 24 août 2014, à la fin du Remue Méninges de Grenoble, nom donné à l’université d’été du Parti de Gauche, Mélenchon délivre un discours, comment dire, virulent. En voici l’extrait qui a déclenché les foudres du CRIF et d’Haziza, les paratonnerres autoproclamés de leur pays hôte.
- Le CRIF se prend pour Jupiter
« Eh bien où est passée la communauté internationale pendant ce temps, où est-elle passée pendant qu’était martyrisée la population de Gaza ? Je veux dire mes félicitations, je veux dire mes félicitations à la jeunesse de ma patrie qui a su se mobiliser, en défense des malheureux, victimes de crimes de guerre à Gaza, ils l’ont fait avec une discipline parfaite alors que de tous cotés on les poussait aux excès, ils ont su se tenir dignes et incarner mieux que personne les valeurs fondatrices de la république française, ces valeurs sont que nous sommes toujours du côté du faible et de l’humilié parce que nos valeurs c’est liberté, égalité, fraternité, pas la paix aux uns la guerre aux autres ! Nous ne croyons pas aux peuples supérieurs aux autres, nous croyons que les droits de tous les êtres humains sont égaux, ceux qui ont incarné la France républicaine c’est ceux qui défendaient en fidélité à la mémoire du passé où déjà, nous avons vu des petites communautés humaines se faire massacrer du seul fait de leur appartenance à une communauté, en fidélité à ces combats du passé, en fidélité aux souvenirs de meurtres de masse qui ont été commis dans le passé, en fidélité, nous nous sommes portés aux avant-postes oui, du soutien à cette malheureuse population, et nous avons dénoncé les crimes commis contre elles, et nous avons le coeur soulevé de dégoût de voir des écoles bombardées, des hôpitaux détruits, des ports, des aéroports et tous les moyens qui permettraient à cette population de se redéployer vers le futur, oui nous le dénonçons, oui nous le dénonçons, nous n’avons peur de personne, n’essayez pas de nous faire baisser les yeux, peine perdue. Si nous avons quelque chose à dénoncer, c’est ceux de nos compatriotes qui ont cru bien inspiré d’aller manifester devant l’ambassade d’un pays étranger ou d’aller servir sous ses couleurs les armes à la main ? Si nous avons quelque chose à dénoncer c’est cela ! La France a un devoir de militer pour la paix ! Elle doit s’engager de toute sa force pour la paix et non pas voter des blancs-seings à la violence et à la brutalité. Nous ne baisserons pas les yeux, je voudrais dire au CRIF que ça commence à bien faire, les balayages avec le rayon paralysant qui consister à traiter tout le monde d’antisémite, dès qu’on a l’audace de critiquer l’action d’un gouvernement ; il y aurait donc un seul et unique gouvernement au monde qu’il soit de gauche ou d’extrême droite qu’aucun de nous n’aurait le droit de critiquer sans être aussitôt accusé de racisme, c’est insupportable, nous en avons assez, je veux vous le dire, j’en ai assez de voir que vous m’accusiez d’antisémitisme, j’en ai assez de voir que vous écrivez dans vos documents, que le Parti de Gauche aurait manifesté sa haine de l’occident, s’il vous plaît, des juifs, incroyable, mais vous savez qui est là, vous savez qui parle à cette tribune ? Et enfin, pour terminer, de la république. Non ! La république c’est le contraire des communautés agressives qui font la leçon au reste du pays ! La patrie est à égalité à tous ses membres, tous ses enfants ! Nous ne permettrons pas, nous ne permettrons pas, qu’à la faveur de quelques excès et de quelques énergumènes, tous les musulmans de France soient montrés du doigt, de la même manière que nous n’avons jamais permis qu’on montre du doigt les juifs, les catholiques, les protestants mais surtout, la masse de ceux qui n’ont aucune religion, et demandent aux autres de bien vouloir leur fiche la paix un moment. »
Et voici la conclusion du papier d’Haziza sur le site du CRIF :
« D’élection en élection, de discours en discours, de dérapage en dérapage, Jean-Luc Mélenchon en finirait-il par oublier les valeurs de la République dans lesquelles il est si prompt à se draper ? »
Comme si Haziza, l’ultracommunautaire antifrançais, pouvait donner des leçons de républicanisme... Mais on n’allait pas vous priver de ce paragraphe de choix, avec sa chenille habituelle d’amalgames qui font bailler :
« Étrange en tout cas de constater qu’il reprend désormais à son compte la rhétorique récurrente et habituelle des sites d’extrême-droite, de ceux d’Alain Soral, de Dieudonné M’bala M’bala ou encore de la mouvance islamo-salafiste. »
Mince, nous voilà membres de l’EIIL maintenant. Toujours sur le site du CRIF, on vous passe l’autre réaction interminable, lecture classique de l’acte d’accusation long comme un canon de Merkava par un « historien » (du Centre Simon Wiesenthal, lol) qui se prend pour le président du tribunal de Nuremberg, purée de menaces d’où émergent les mots « Chine », « Castro », « Chavez », et qui finit par un cinglant « Qu’il s’en aille lui et au plus vite ! À Cuba ou au Venezuela – mais qu’il s’en aille ». Marrant, que Marc Knobel demande à Mélenchon de faire son Alyah au Venezuela…
Mais ne donnons pas au CRIF ou à la LICRA, qui paralysent la liberté de parole dans ce pays avec leur bataillon d’avocats qui trahissent leur noble métier, leurs relais médiatiques obséquieux, et leurs hommes politiques dévoués, sinon corrompus, une importance qu’ils ne méritent pas. Car ces baudruches, pleines de peurs et de menaces, de fiel et de ressentiment, crèveront un jour. Effectivement, ces associations communautaires à but agressif & lucratif, sous prétexte de défendre les juifs de France, les isolent, les enchaînent de force à la politique israélienne (qui n’a jamais été condamnée sur le site, sûrement une coïncidence… c’est qu’elle doit être parfaite), et les prend tout simplement en otages. Ils peuvent parler du Hamas, qui prend les habitants de Gaza pour des boucliers humains ! Drôle de protection, celle qui est basée sur la dangereuse augmentation des tensions intercommunautaires, la crispation de la population française, criminalisée à la moindre intervention, réduite à la soumission ou à la punition, avec le délire paranoïaque en guise de réponse. Discussion impossible, débat interdit.
La présentatrice du JT de La Nouvelle Édition, sur Canal+, le 11 septembre (2014) :
« Les agressions antisémites ont presque doublé en France en un an, plus 91 % sur les sept premiers mois de l’année selon le CRIF, le conseil représentatif des institutions juives de France, dans le détail on note un pic des agressions après l’affaire Dieudonné. »
Le CRIF, une source non seulement crédible pour Canal+, mais 100 % fiable. En une seule phrase de perroquet, on comprend qui compte, et quelle est l’indépendance éditoriale de nos perroquets. Même quand les perroquets ne régurgitent pas la bouillie qu’on leur a pré-mâchée, comme sur ONPC ce 6 septembre…
Léa Salamé agresse BHL :
« Moi je trouve ça nul d’écrire ça encore aujourd’hui, traiter Marine Le Pen de nulle et de peste blonde, vous continuez à diaboliser, le Front national, à diaboliser Marine Le Pen, elle a fait 27 % aux dernières Européennes Marine Le Pen, chaque fois que Bernard-Henri Lévy dit que Marine Le Pen est une nulle, Marine Le Pen gagne trois points !
– Je crois que c’est l’inverse. Je crois que Marine Le Pen gagne trois points, pas quand on la diabolise, mais quand on la banalise… Or elle n’est toujours pas un personnage politique comme un autre…
– Elle est dans le cercle démocratique que vous le vouliez ou non ! Je vais pas me mettre à défendre Marine Le Pen, elle est dans le cercle démocratique !
– 25 % des Français votent pour elle. Elle ne partage pas les mêmes valeurs que moi et je pense pas non plus les mêmes valeurs que vous.
– Alors en revanche j’ai une réaction à vous demander et j’arrêterai là, le vote Front national progresse fortement dans l’électorat juif, sondage IFOP d’aujourd’hui,
– C’est faux ! Quels chiffres ? »
« Marine Le Pen a obtenu 13,5 % des voix chez les Français de confession juive s’il vous plaît, en 2012, alors que son père n’avait recueilli que 4,4 % en 2007. Y a de plus en plus de juifs que ça vous plaise ou non Bernard-Henri Lévy, qui votent pour celle que vous appelez la peste blonde.
– Est-ce qu’on est en 2012 aujourd’hui ?
– Mais c’est quoi cette réponse ? Est-ce qu’il y a pas de plus en plus de juifs qui votent pour Marine Le Pen ?
– Pour l’instant il y a de plus en plus de juifs qui en ont marre qu’on crie mort aux juifs dans les rues de Paris, y a de plus en plus de juifs qui en ont marre qu’on s’attaque aux synagogues, y a de plus en plus de juifs qui en ont marre qu’à Sarcelles on casse des vitrines parce que c’est les commerces qui sont supposés être des commerces juifs ! Et y a donc de plus en plus de juifs… qui se posent des questions quant à leur place en France, est-ce qu’ils sont toujours les bienvenus ou pas. Ça c’est la question d’aujourd’hui. Moi d’ailleurs j’ai une réponse, elle est dans Hôtel Europe, Jacques Weber parle de ça, il parle de ces gens qui attaquent les synagogues et qui trouvent en revanche scandaleux qu’on interdise les spectacles de Dieudonné, et le personnage d’Hôtel Europe dit qu’il faut rester en France, qu’il faut se battre, que les juifs et les démocrates et les républicains sont encore majoritaires et que même s’ils sont les premiers attaqués ils sont les premiers défenseurs de la république, moi c’est ma thèse… Et je pense que dans la mesure même où les juifs sont peut-être aujourd’hui les premiers attaqués, ils sont les premiers défenseurs de la république et ses sentinelles… Et ils y restent et ils se battent et ils rendront coup pour coup ça c’est vrai aussi. »
- L’incendie antisémite de la grande synagogue de la Bastille (2014)
Pauvre Léa, qui tente d’obtenir son brevet d’indépendance journalistique devant son ministre BHL, et qui n’a pas compris (ou fait semblant de comprendre, mais on ne parierait pas notre chemise noire dessus) que le lobby sioniste jouait gagnant, d’un côté avec le duo Marine Le Pen/Zemmour, de l’autre avec le duo Valls/BHL…
Au-delà de l’escroquerie pseudo-intellectuelle, à laquelle le sympathique milliardaire nous a habitué, ici « les attaques contre les synagogues », qui n’ont existé que dans son imagination de cerveau peut-être malade, pour reprendre l’expression de son sous-lieutenant de Tsahal, Patrick Cohen, nous devons un grand merci à BHL. Un grand merci à la vanité cosmique des représentants autoproclamés de la communauté régnante d’occuper toute la surface médiatique, en écrasant toute contestation, car ils sont l’exacte incarnation de ce fascisme qu’ils condamnent. Sans eux, sans leur amour immodéré des lumières (médiatiques), sans leur égocentrisme communautaire hors normes, sans leur racisme antifrançais, antichrétien et antimusulman, il serait extrêmement difficile de convaincre les Français de leur nocivité. Là, ils étalent leur nocivité en public, ils l’exhibent, comme un sexe, une victoire, un triomphe. Et surtout, ils l’imposent. À eux le monopole empoisonné de la nocivité. Un monopole qui coûte de plus en plus cher, une victoire à la Pyrrhus.
La défaite se dessine quand on passe son temps à hurler victoire dans la gueule des perdants.