Quand les archives de la CIA sont déclassifiées, 50 ans plus tard, un public de chercheurs a accès à des notes qui sont souvent truffées de bandeaux noirs. Ces petits rectangles, qui couvrent parfois toute une page, sont les éléments qui ne peuvent être divulgués pour « x » raisons : cela peut incommoder des personnes ou des réseaux toujours en activité et, peut-être, menacer la sécurité nationale, l’euphémisme le plus utilisé par les défenseurs du pouvoir profond.
Mais nous sommes en France et l’affaire qui nous intéresse est celle qui met aux prises l’écrivain antisémite Yann Moix, le lobbyiste sioniste Bernard-Henri Lévy, et les médias mainstream. Tout le monde sait de quoi il retourne mais pour les retardataires, voici le résumé du crime : 30 ans après, les écrits et dessins antisémites et négationnistes de l’écrivain ressortent, disons qu’ils sont déclassifiés.
L’opération est prise en charge et sécurisée par le réseau BHL, qui a le bras long. Moix entre dans les turbulences d’une presse qui a pour première vocation de dénoncer toute trace d’antisémitisme dans le débat public mais là, elle fait face à une double injonction, et elle bugue : elle doit dénoncer et harceler, comme les forces sionistes le lui ont appris, mais elle se trouve face au mur BHL, qui est le porte-parole du lobby sioniste français.
Nous tenons là un premier élément de confusion, dont la défense (l’avocat BHL) profite amplement. Les médias mainstream paniquent, ils ne savent plus à quel sein se vouer : le gauche ou le droit ? La délation de l’écrivain antisémite (personne ne pense sérieusement qu’il a changé) ou la soumission à BHL ? La balance pèse évidemment du côté du défenseur plutôt que du criminel mais au prix, pour les médias, d’un renoncement difficile à avaler. Tant d’années à traquer le moindre croche-patte, la moindre vanne, la moindre allusion sur les juifs pour devoir la boucler sur de véritables écrits antisémites et négationnistes, c’est dur. Mais le lobby commande, et les journalistes suivent, à l’image du CRIF qui donne chaque année ses ordres à un gouvernement pitoyable de larbins honteux qui boivent le calice sioniste jusqu’à la lie.
Pour sauver leur honneur, les journalistes renâclent un peu, mais finissent par baisser culotte. Tout en ayant l’air de quand même dénoncer le Moix d’il y a 30 ans, mais plus celui d’aujourd’hui, qui est un autre homme, BHLisé jusqu’à l’os, et sauvé par « la découverte émerveillée de l’être-juif », selon les propres mots de l’avocat du néonazi. L’article du Monde est titré « Ces heures où Yann Moix a tenté de rester fréquentable », mais on va vite s’apercevoir que la violence du titre est atténuée par la mansuétude du contenu. De plus, les extraits que nous avons choisis montrent tout simplement qui commande. Et ça, Le Monde ne le dit pas. Ou entre les lignes.
Ce journal serait-il antisioniste ? À vous de juger, comme disait la grande Arlette Chabot...
Ariane Chemin va tout faire pour rester dans le factuel sans risquer de sombrer dans un antisémitisme involontaire, car le risque est grand, vous allez voir !
Des deux chroniqueurs enrôlés pour la nouvelle formule de l’émission, la philosophe Adèle Van Reeth et l’ex-journaliste Franz-Olivier Giesbert, seule la première a vraiment tenté de le mettre en difficulté.
Nous sommes dans ONPC, et l’ultrasioniste Giesbert fait figure d’envoyé spécial de BHL sur place, qui ne pouvait pas apparaître en plateau, c’eût été trop.
L’écrivain est aussi – qui le sait parmi les téléspectateurs ? – le salarié de Catherine Barma, la productrice de ONPC, qui, l’an dernier, a vendu à la chaîne Paris Première « Chez Moix », une émission de débats.
Dans notre sélection, le name dropping est important. Le name dropping est une expression anglo-saxonne que les puristes auront raison de nous reprocher, mais tant qu’on n’aura pas trouvé quelque chose d’aussi précis en français, on l’utilisera.
Première polémique : les sévices infligés par son père à l’enfant Moix, au cœur d’Orléans, font illico réagir son père, tandis que son frère l’accuse dans une lettre ouverte publiée dans Le Parisien d’avoir été le vrai bourreau. Tragédie familiale mise sur la place cathodique. Un « coup de pub » organisé par son auteur pour la promotion du livre, l’interroge Europe 1 ? « Obscène », balaie Olivier Nora, PDG de Grasset.
Vous remarquerez qu’on ne commente pas, on livre les morceaux bruts sans analyse ni ironie : ils se suffisent à eux-mêmes.
Ils étaient trois, chez l’éditeur, à connaître le secret : BHL, Jean-Paul Enthoven, autre pilier de la maison, et son PDG. « C’était un peu avant la publication de Mort et vie d’Edith Stein, en 2007, révèle vendredi 30 août, dans son bureau, Olivier Nora au Monde.
On en arrive à des grumeaux plus conséquents.
Contre toute attente, la défense de Moix s’organise autour de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Des amis de l’écrivain, dont quelques auteurs Grasset, transmettent à son président, Sacha Ghozlan, une pétition de soutien. Les deux hommes se connaissent bien : Moix est intervenu devant le congrès de l’association, il se passionne depuis plusieurs années pour l’étude du Talmud. Le texte passe entre les mains de l’avocat de l’écrivain, Patrick Klugman, ex-président de l’UEJF, avant d’être bloqué par la direction de Grasset.
Cette affaire a le mérite d’exhumer tout un réseau plus ou moins occulte, du moins pour le grand public. Les chercheurs en vérité politique que nous sommes savent depuis longtemps, mais c’est notre boulot, un travail humble et mal rémunéré mais que voulez-vous, le goût de la vérité est plus fort que tout. C’est une drogue dure et qui coûte cher... socialement !
L’affaire est si délicate que BHL a choisi de ne pas s’exprimer avant le 4 septembre, dans son bloc-notes du Point. [Le philosophe a finalement pris la défense de Yann Moix sur le site du Point, dimanche 1er septembre.] Le Paris des lettres, des idées et des médias semble guetter le verdict de l’oracle. Quelques-uns plantent les premières banderilles d’un droit à l’oubli, évoquant « un mauvais procès » (Eric Naulleau) ou la mue « honorable » de l’écrivain (Denis Olivennes).
Vient la petite musique dissonante de celui qui n’a pas compris le concept de double injonction, ou d’évolution, l’ancien patron de Globe, le journal pro-Mitterrand financé par Elf Aquitaine.
Ils sont rares à oser critiquer tout haut l’auteur d’Orléans. L’écrivain et producteur Georges-Marc Benamou est l’un des seuls à s’emporter : « C’est à vomir, Yann Moix ! Il y a un truc qui est mystérieux, je n’arrive pas à comprendre… », lâche-t-il au site Jewpop.
Et là on s’excuse par avance auprès des services commerciaux et juridiques du Monde parce que la vérité nous oblige à citer deux gros pavés in extenso.
Parmi les traditionnels porte-voix de la communauté juive, la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) fait figure d’exception. « Yann Moix s’est vautré dans la boue de la haine des juifs. Voilà qui devrait l’inviter à la discrétion, à la méditation et à la retenue en pensant aux condamnations judiciaires auxquelles il a échappé », tweete la Licra. « Yann Moix aurait dû assumer ce passé et expliquer le chemin parcouru plutôt que de mentir, ajoute son président, Me Mario Stasi, au Monde. Plus grave est que, bien après ses jeunes années, Yann Moix a entretenu un compagnonnage avec des personnalités controversées proches des complotistes, des antisémites et des négationnistes telles que Blanrue ou Nabe. Après ses mensonges et ses fréquentations, peut-on encore croire en un sincère mea culpa ? »
Jeudi, Le Monde révélait en effet que l’écrivain a fréquenté des négationnistes jusqu’en 2013, à 45 ans. Il avait aussi préfacé en 2007 un livre écrit par l’un d’eux, Paul-Eric Blanrue : Le Monde contre soi. Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme (Editions Blanche). « Il y a toute une série de gens qui cherchent à le contaminer, le compromettre par anachronisme, accuse Olivier Nora. L’extrême droite est à la manœuvre et, quand vous l’avez fréquentée, elle ne vous lâche jamais. Va-t-il être incarcéré à vie dans une ignominie commise à 20 ans dans un fanzine lycéen lu par quinze personnes ? On ne peut pas le laisser se faire déchirer par le tribunal de l’opinion. »
Dans la dernière partie de l’article, ce que Le Monde appelle « Dilemme » en tête de chapitre, c’est justement la traduction du malaise d’avoir le cul entre deux chaises, entre la fonction de délation de l’antisémitisme et la fonction de soumission sioniste à la tendance BHL, qui absout le pauvre néonazi, objet retourné qui va désormais devoir servir le sionisme jusqu’à la mort. Pour dire les choses plus simplement, Le Monde est pris entre Moix et BHL, et surtout cette union contre nature de la carpe et du lapin, du nazi et du juif.
C’est le défi de Moix : rester un écrivain lu et fréquentable. « Ce que le système va décider de son sort… Cette polémique et l’opprobre qui pèsent sur lui… C’est du lourd, quand même », soupire Enthoven.
On poursuit et on termine avec le name dropping habituel, qui ne laisse aucune place au doute quant à ceux qui dirigent les médias et l’opinion. Sauf que là, il y a un couac géant.
Sur France Inter, jeudi, Catherine Barma a annoncé que « Chez Moix » était prolongée sur Paris Première. « L’émission est signée et engagée, nuance Thomas Valentin, directeur de la chaîne, mais elle ne démarre que fin octobre. Nous avons donc le temps de réfléchir. Paris Première est la chaîne des esprits libres, mais il s’agit d’une situation particulière. » Même dilemme à Radio France. France Culture a décidé de maintenir la présence de l’écrivain, dimanche, à l’émission « Signe des temps », présentée par Marc Weitzmann (plusieurs fois invité de « Chez Moix »). « On s’est posé la question, évidemment, concède sa directrice, Sandrine Treiner. Mais l’objet de l’émission est d’interroger les débats ou polémiques qui surgissent dans l’actualité de la culture. »
« Je dois recevoir Yann Moix mardi [3 septembre], raconte aussi Laure Adler, productrice présentatrice de « L’Heure bleue » sur France Inter. Mais depuis l’article du Monde, je me sens abusée, je suis même dégoûtée. Faut-il lui donner la parole ? Personnellement je n’en ai pas envie. Nous réfléchissons avec Laurence Bloch [la directrice de l’antenne]. On attend de voir Moix à ONPC. »
Avant l’enregistrement de l’émission, Franz-Olivier Giesbert avait prévenu : « C’est atroce ce qui lui arrive. Je vais l’assommer puis le remettre debout après. »Exactement ce qu’il a fait. Dès que la caméra s’est tournée vers Moix, Laurent Ruquier a de son côté précisé : « Ce n’est pas un tribunal. » Aucune des caricatures commises par Moix jeune n’ont été projetées : la grande crainte de Grasset qui redoutait aussi – à tort – qu’on donne la parole à Zabou Breitman, présente sur le plateau.
Il n’est pas certain que le couple Moix-BHL sorte indemne de cette opération de conversion obligatoire au sionisme. Le premier prendra des coups pour avoir trahi son camp, le second pour avoir orchestré une opération qui dévoile la puissance des réseaux sionistes, qui remplacent notre justice. L’exemple donné aux foules est éminemment contre-productif pour le sionisme, qui passe pour tout-puissant et totalitaire, ce qu’il est au fond derrière sa panoplie de démocratie.
Ce procès de Moscou d’un unique accusé symbolique qui est censé transformer un antisémite virulent en repenti judéophile devant le grand public représente une révélation et une cassure historiques. Quand les forces occultes se montrent en pleine lumière, comme Dracula, elles perdent une grande partie de leur pouvoir terroriste.