Extrait du Monde du 4 janvier 2016, sous le titre Qui sont les terroristes de « haute valeur » que la France traque au Sahel ? :
Le 4 mars 2013, l’Algérien Abdelwahab Al-Harrachi est tué dans la région de l’Adrar Tigharghar. Il est le lieutenant d’Abdelhamid Abou Zeid, auteur de l’enlèvement des sept employés d’Areva et de Satom, dont cinq Français, sur le site d’Arlit au Niger en septembre 2010. En février 2013, Abou Zeid avait trouvé la mort dans des combats contre les forces françaises et tchadiennes. Selon une source touareg très au fait des activités djihadistes au Sahel, Abdelwahab Al-Harrachi a été tué par une frappe aérienne après avoir été repéré par un avion de reconnaissance.
Le 10 mai 2014, l’Égyptien Abou Bakr Al-Nasr, émir d’Al-Mourabitoune, le nouveau groupe formé par Belmokhtar et des anciens du Mujao l’été précédent, aurait été tué dans une frappe française. Sa mort, confirmée par des sources françaises, est mise en doute par la source touareg. Ancien d’Afghanistan, il était lié à l’organe central d’Al-Qaida. Ahmed Al-Tilemsi, proche lui aussi de Belmokhtar et dirigeant d’Al-Mourabitoune, meurt le 11 décembre 2014, à Gao, dans une opération commando française, selon la source touareg.
On les appelle des « Homo ». Ces opérations « homicides » sont des assassinats ciblés visant notamment des auteurs d’attentats, opérées par la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Dans un ouvrage intitulé Erreurs fatales, qui paraît ce mercredi, Vincent Nouzille, journaliste indépendant, raconte comment la France dresse des listes nominatives de terroristes à éliminer, soumises à l’aval de Français Hollande.
Le Monde publie des extraits de ce livre. « Entouré de conseillers militaires plutôt enclins à l’action (...) François Hollande a donc donné des consignes claires aux états-majors militaires et à la DGSE sur le sujet : ils ont son feu vert pour tuer à l’étranger, y compris clandestinement, des "chefs terroristes" et d’autres ennemis présumés de la France. » Ils sont appelés les High Value Targets (HVT). Plusieurs régions sont particulièrement concernées : la Syrie, l’Irak et le Sahel.
« Au moins une quarantaine » d’homicides
Dans le livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça publié en octobre, Français Hollande avait déjà reconnu avoir autorisé « quatre » opérations « Homo ». Il avait par la suite confirmé à demi-mot ces opérations : « Chaque fois qu’il y a eu des attaques contre nos soldats, chaque fois qu’il y a eu des otages qui ont été pris, enlevés et retenus, à chaque fois il y a eu des réponses appropriées. »