Le 20 novembre 2020, à l’occasion d’un entretien consacré à la politique africaine de la France, l’hebdomadaire Jeune Afrique posa à Emmanuel Macron la question suivante :
« La commission Duclert est-elle encore légitime ? »
Réponse :
« Je pense que Vincent Duclert est parfaitement légitime. C’est un grand historien, reconnu pour ses travaux. J’ai vu la nature de la polémique et elle ne me semble en rien entacher sa légitimité académique. »
Si l’on veut comprendre le sens de cette réponse, il convient de se reporter à mon communiqué daté du 16 novembre 2020 intitulé : « Un nouvel exemple caractérisé de censure et d’exigence de repentance : l’affaire Julie d’Andurain ou comment les officines du général Kagamé et leurs relais médiatiques font pression sur la France ».
En effet, au mois d’avril 2019, cédant une fois de plus à son tropisme de la repentance, le président Macron décida de la création d’une commission chargée de faire la lumière sur la politique française au Rwanda dans les années 1990-1994, et cela, à travers les archives. Et il confia la présidence de cette commission au professeur Vincent Duclert.
Or, la « crédibilité » de la « commission Duclert », est « discutable » pour au moins quatre raisons principales :
1) Quel est le but véritable de cette commission ?
Scientifiquement, cette commission est en effet parfaitement inutile car tout a déjà été dit et écrit sur le sujet, notamment dans le rapport d’information de la commission d’enquête parlementaire présidée par M. Paul Quilès publié au mois de décembre 1998, dans l’énorme masse documentaire livrée par le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), notamment à travers mes expertises ou mon livre Rwanda, un génocide en questions, également à travers le livre définitif de Charles Onana Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise. Quand les archives parlent.
2) Une commission qui aurait pu être composée par le « père Ubu »
En effet, aucun des membres de la « commission Duclert » n’a travaillé sur le Rwanda, ni même sur l’Afrique des Grands Lacs ou encore sur l’Afrique en général… Quant aux deux seuls spécialistes français, experts durant des années auprès du TPIR, à savoir André Guichaoua pour l’Accusation et Bernard Lugan pour la Défense, tous deux ont été écartés d’emblée de cette très insolite commission… En revanche, y siègent une archiviste paléographe, deux professeurs de droit public, un spécialiste du génocide des Arméniens, une spécialiste des « femmes et du genre » (?), un conseiller d’État, deux spécialistes de la Shoah, une « spécialiste du général de Gaulle » (?), un spécialiste « des organisations clandestines » (?), un professeur certifié du secondaire spécialiste des « archives secrètes », une doctorante (traduction une étudiante qui n’a pas soutenu de thèse) spécialiste des « ressources images, photos et vidéos » et Julie d’Andurain, spécialiste d’histoire militaire contemporaine. Quant à Vincent Duclert, président de la commission, sa thèse porte sur « L’engagement des savants dans l’affaire Dreyfus », et son mémoire d’habilitation sur « L’histoire des engagements démocratiques depuis le XIXe siècle »… On chercherait vainement le lien entre ces spécialités, fort honorables au demeurant, et la connaissance de la complexité des questions ethno-politiques du Rwanda…
3) Un président de commission à la singulière « impartialité »
Comme cela sera démontré dans le numéro du mois de décembre de L’Afrique réelle, depuis 10 ans, Vincent Duclert a en effet relayé les accusations de Kigali de « complicité de la France dans le génocide rwandais ». Un exemple : c’est ès-qualités, qu’il parla d’ :
« (…) une histoire tragique de la France, celle d’avoir été - à un point qui reste à définir exactement - impliquée dans un génocide alors qu’elle avait les moyens diplomatiques, militaires, de l’arrêter » (Libération, 14 Avril 2019).
De plus, au sein de l’insolite « commission Duclert », Julie d’Andurain se trouva victime d’une « purge » digne des pires procès de Moscou, une « affaire » montée de toutes pièces par le tandem Canard enchaîné-Mediapart alimenté en sous-main par les « compagnons de route » du général Kagamé et autres « amis démocrates des dictateurs ».
4) Un président de commission qui, par le passé, a veillé à épargner le régime du général Kagamé
Vincent Duclert a coprésidé avec Stéphane Audouin-Rouzeau une commission créée le 30 mai 2016 à l’initiative de Madame Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, destinée à « la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse ». Or, le volumineux rapport final qui fait plus de 100 mentions au génocide des Tutsi fait en revanche totalement l’impasse sur les crimes de masse commis au Congo (RDC) par les forces du général Kagamé, crimes ayant fait a minima des centaines de milliers de victimes, et qui ont été largement documentés, tant par l’ONU que par la Cour pénale internationale.