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Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda

26 années après le drame, l’histoire du génocide du Rwanda n’est connue que par sa version officielle. Ecrite par les vainqueurs, elle est répétée en boucle par des médias alignés sur la doxa imposée par le régime du général Kagamé.

 

Cette histoire officielle tient en trois points :

1) Le 6 avril 1994, les « extrémistes » hutu abattirent l’avion du président hutu Habyarimana.

2) Dans la nuit du 6 au 7 avril, ces mêmes « extrémistes » hutu firent un coup d’Etat afin de mettre en place le GIR (Gouvernement intérimaire rwandais), qui entreprit de déclencher le génocide des Tutsi, un génocide programmé de longue date.

3) Les forces tutsi du FPR furent alors contraintes de violer le cessez-le-feu en vigueur afin de sauver les populations du massacre.

Or, cette histoire est fausse [1] car :

1) Les « extrémistes » hutu n’ont pas assassiné leur propre président.

2) Il n’y a pas eu de coup d’État dans la nuit du 6 au 7 avril, mais tout au contraire, tentative de respecter la légalité constitutionnelle par la formation d’un pouvoir civil.

3) Le FPR a déclenché son offensive dès l’annonce de la mort du président Habyarimana, donc plusieurs heures avant les premiers massacres. Sachant qu’il allait ethno-mathématiquement (90 % de Hutu et 10 % de Tutsi) perdre les élections au terme de la période de transition, sa seule possibilité de parvenir au pouvoir était en effet une victoire militaire.

Face au montage historique visant à légitimer la prise de pouvoir du FPR par la force, la véritable histoire du génocide du Rwanda a été écrite, jour après jour, et cela durant près de 15 années devant les quatre Chambres du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), créé le 8 novembre 1994 par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Ce tribunal siégeant à Arusha, en Tanzanie, et qui a clôturé ses travaux le 31 décembre 2015, a jugé 69 personnalités hutu. Lors de ces procès, des milliers de témoignages, des dizaines de milliers de documents écrits, sonores, photographiques ou filmés ont été produits et des dizaines de rapports d’expertise ont été présentés et défendus. Or, ceux qui prétendent parler du Rwanda n’ont jamais consulté ces archives, et quand ils les évoquent, ce n’est le plus souvent que par ouï-dire…

Et pourtant, au fil des audiences, une nouvelle version de l’histoire du génocide du Rwanda fut écrite qui est venue bouleverser sur trois points fondamentaux, à la fois l’état des connaissances que l’on avait en 1994, et l’entreprise de désinformation des officines alimentées par Kigali :

1) Aucune des quatre Chambres composant le TPIR n’a retenu la validité du cœur de l’histoire officielle, à savoir la préméditation du génocide. Selon les juges, l’Accusation ne fut en effet pas en mesure de démontrer que le génocide avait été programmé, le Procureur n’ayant pas apporté la preuve de l’existence d’une entente antérieure au 6 avril 1994 en vue de le planifier et de l’exécuter.

2) Le postulat de la planification envolé, quel fut donc le déclencheur de ce génocide ? Là encore, la réponse est très claire : devant les quatre Chambres du TPIR, il a été acté que ce fut la mort du président hutu Habyarimana, tué dans l’explosion de son avion abattu par deux missiles dont nous connaissons l’origine, les numéros d’identification ainsi que l’identité de ceux qui les tirèrent... Qui a donc ordonné cet attentat ? Sous la pression des États-Unis et de la Grande-Bretagne, le TPIR n’eut pas l’autorisation d’enquêter sur ce crime. La seule certitude est que cet attentat ne fut pas commis par des « extrémistes » hutu…

3) Le 6 avril 1994, dès la nouvelle de la mort du président Habyarimana connue, les forces du général Kagamé ont lancé une offensive préparée depuis plusieurs semaines contre l’armée nationale rwandaise désemparée par la mort de son chef d’état-major tué lors de l’attentat, et dont l’armement avait été consigné par l’ONU dans le cadre du cessez-le-feu et des accords de paix.

Expert assermenté devant le TPIR dans huit des principaux procès qui s’y sont tenus, j’ai préparé et rédigé huit rapports d’expertise que j’ai ensuite présentés et défendus devant les différentes Chambres entre 2002 et 2012.

Conservés dans les archives du TPIR, ces rapports n’étaient jusque-là accessibles qu’à un public plus que restreint. Aucun journaliste ou « expert » prétendant parler du Rwanda ne les a consultés. Et pourtant, ces huit rapports constituent des éléments essentiels à la compréhension en profondeur des tragiques évènements qui embrasèrent le Rwanda entre 1990 et 1994. Ils marquent également autant d’étapes dans l’évolution de l’historiographie du génocide et ils permettent de comprendre le fonctionnement interne de cette énorme machine que fut le TPIR.

Regroupés dans un volume de 585 pages, ces huit rapports constituent un socle de connaissances en dehors duquel il est illusoire de prétendre parler du génocide du Rwanda d’une manière scientifique.

Lire la suite de l’article sur bernardlugan.blogspot.com

Notes

[1] Voir à ce sujet mes livres dont :
- Rwanda : le génocide, l’Église et la démocratie, éditions du Rocher, 2001.
- François Mitterrand, l’armée française et le Rwanda, éditions du Rocher, 2005.
- Rwanda. Contre-enquête sur le génocide, éditions Privat, 2007.
- Rwanda : un génocide en questions, éditions du Rocher, 2014. Ces quatre livres marquent autant d’étapes dans la connaissance de l’histoire du génocide du Rwanda.

Retrouvez Bernard Lugan, sur E&R :

 
 






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6 Commentaires

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  • #2406195

    Guerre ancestrale ethnique africaine ?

     

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  • #2406263

    Tout juste M. Lugan
    Manipulations tribales... globengliche
    Quelle est maintenant la langue scolaire enseignée au petits enfants du Rwanda ?

    Est-ce le Hutu ou le Tutsi ?...
    Non, c’est l’engliche !

     

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  • Bien la première fois, il me semble, que Lugan ne se base pas sur ses sempiternelles histoires de guerres tribales qui expliqueraient tout le temps et dans toutes circonstances la situation des pays Africain !!
    On sent ici un effort à chercher la vérité sur un génocide qui n’en est pas un même s’il semble fébrile a cité les responsabilités dans les massacres qui ont eu cours dans ce petit pays pauvre qu’est le Rwanda.
    Les USA, l’Angleterre, Israël et ensuite la France et la Belgique (Ainsi que l’ONU instrumentalisé par ces mêmes pays) ont soutenus, armés et entrainés Kagame dans une guerre de pouvoir qui a couté la vie d’un million de morts au Rwanda pour ensuite pouvoir envahir le Congo (RDC) et s’accaparer de ses riches gisements de coltan, or, diamant,.. L’invasion du Congo a couté la vie à ce jour de 15 millions de Congolais. Ce génocide des Congolais (de l’est) à qui on veut soustraire la terre est qualifié de guerre triballe, de rébellion et autres.

     

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  • #2406357

    M. Lugan ayant une position officielle sur le sujet ne peut probablement pas se permettre de le dire, mais moi qui ne suis qu’un quidam je vais ajouter ce point essentiel : le FPR a été agité en amont par l’état profond globaliste pour chasser les français de la région et y mettre leurs pions à la place. Comme avec les révolutions de couleur, on renverse par un coup d’état en déstabilisant de l’intérieur, on agite une ethnie contre une autre pour faire le travail. Pratique qui fut mise en action auparavant en opposant les irakiens aux iraniens, puis les irakiens au koweïtis, puis en divisant les libyens puis par la suite partout au Moyen orient et en Ukraine. Ce qui explique aussi pourquoi cet ignoble Clinton na pas pris parti a l’époque en laissant faire le double génocide, celui des Tustsi puis des Hutu. Il faisait ce que lui disait ses maitres. Ils ont appliqué a la région des grands lacs ce qu ils ont fait ensuite au MO. Quand a l’avion présidentiel, on a vu leur manière de procéder avec le cas ukrainien : créer l’incident pour pointer du doigt le coupable. Seuls les français ont tenté en vain de s’interposer. Bravo a nos soldats.

     

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  • #2406444

    alors , vous imaginez pour la famille Bush qui avait des liens étroits avec l’Allemagne nazie, la famille ben Laden et le cartel de la drogue mexicain.

     

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