Le dimanche 19 juillet, le Président de la République, M. François Hollande, a fait deux déclarations dans des registres très différents.
La première fut faite dans le cadre d’une lettre envoyée au Journal du Dimanche à l’occasion du 90ème anniversaire de Jacques Delors [1]. Elle porte sur l’Europe, l’Union européenne et l’organisation de la zone euro. La seconde déclaration a été faite en Lozère le samedi 19 juillet, où se rendait le Président de la République pour assister au passage du Tour de France [2].
Face à la grave crise que subissent les éleveurs français, il a appelé les français à manger de la viande française. En apparence ces deux déclarations ne portent pas sur la même chose. La première est l’annonce, honnête ou non, d’un projet de transformation de certaines des institutions européennes dans un sens plus « fédéral ». La seconde se voulait une réaction à la crise grave que subit l’élevage en France, qu’il s’agisse de la filière dite de la viande bovine, de la filière du lait ou de celle de la viande de porc. En apparence, il s’agit donc d’un problème de politique intérieure. Mais en apparence seulement. Car, demander aux français de consommer avant tout de la viande élevée et abattue en France revient en réalité à faire du protectionnisme et même plus, à se prononcer pour une forme d’autarcie.
À l’inverse, l’avancée vers des institutions fédérales aboutit exactement à l’inverse. De fait, l’un des arguments avancés en faveur de l’euro était qu’il devait permettre une unification des marchés des pays considérés, rendant impossible toute forme de protectionnisme. Jamais la contradiction dans le discours du Président François Hollande n’aura été aussi visible, aussi patente, aussi constitutive de sa vision de la politique.