Rien à changer dans la diatribe du cinéaste et ex-prof François bégaudeau. Notez le mutisme des personnes présentes, scotchées à leur chaise. Une violente leçon de marxisme de base appliqué à l’école publique, cette entreprise pseudo républicaine d’humiliation sociale et de formatage des pensées. Et après on s’étonne que le pays s’enfonce dans toutes les crises possibles et imaginables.
« Il faudrait quand même s’interroger sur la raison pour laquelle la classe dominante alloue tellement d’argent à une institution qui serait censée être une espèce de village résistant de l’intérieur. La bourgeoisie adore l’école, elle a très envie qu’elle perdure, elle veut qu’il y ait une école publique par ailleurs parce que ça lui permet, elle, de mettre ses enfants dans l’école privée et elle est très contente qu’il y ait une école publique pour garder les pauvres. »
Cet extrait d’un entretien accordé le 11 mars 2021 à l’Association Droit-Philosophie de l’université Jean Moulin (Lyon III) doit faire mal à « gauche », une gauche sociétale qui croit encore que l’école est son bastion alors que, comme l’énonce avec lucidité Bégaudeau, c’est une machine à écraser les enfants des pauvres, histoire de bien les laisser à leur place.
« Je suis pas sûr qu’il soit tellement enviable de passer de prolo à Sciences Po... L’école a toujours fait monter qui elle voulait faire monter, qui elle avait besoin de faire monter pour des raisons économiques, industrielles, capitalistiques, donc arrêtons la fable. »
L’école, une arme de destruction massive psychologique et sociale
Pour preuve : donnez aux intellectuels en charge des formations d’E&R les rênes de l’école, ou simplement de quelques classes, vous allez voir qu’en trois semaines, les cerveaux endormis vont se réveiller et réclamer de plus en plus d’intelligence et d’indépendance. Sauf qu’après, ils ne seront plus aussi dociles, même s’ils seront moins violents. Car c’est la bêtise foncière de l’Éducation nationale qui rend les mômes aussi violents et indolents. Si on fourrait le staff d’E&R avec ses militants et sympathisants dans des classes de l’école publique, on casserait tout avant la fin du premier cours d’histoire, tant le mensonge éducatif qui ruisselle des programmes nous sort par les yeux. Certes, il reste les maths, un des seuls cours où l’idéologie dominante ne peut complètement se glisser. Mais elle fait mieux !
« En tant qu’élève, je considère que l’école m’a volé mon adolescence... J’aurais bien voulu faire autre chose de mon corps triomphal de 16 ans, que je regrette beaucoup plus je vieillis, que de rester assis toute la journée à écouter des profs qui m’intéressaient qu’à moitié, et des matières dont à l’époque je n’avais pas un usage puissant ; maintenant, tout m’intéresse... Et la deuxième chose, et après c’est comme prof où j’ai vu, alors là, de l’autre côté, à quel point on me mettait dans une injonction impossible d’enseigner des choses à des classes populaires qui n’en voulaient pas, et au bout du compte je ne créais chez eux, et là j’en viens au point qui est pour moi la seule vraie raison suffisante pour complètement bazarder l’école : c’est qu’elle est une machine à humilier les pauvres, putain ! »
Le problème, c’est que 95 % des enfants sont dits nuls en maths ; ne sont conservés par la bourgeoisie que les forts en maths qui peuvent lui servir dans l’organisation de la production et de la dominance politique. C’est tout l’objet de l’ENA, de l’X et de Sciences Po, pour ne prendre que ces établissements dits d’élite. Mais une nation est faite de beaucoup d’autres personnes que ces étudiants qui sortent des grandes écoles.
C’est la source du problème numéro un de la France : des élites consanguines autoproclamées, renouvelées en petit comité, disqualifiées par leur influence de toute évidence désastreuse sur la nation, des élites protégées de toute justice populaire grâce à une Justice corrompue par les réseaux de pouvoir occultes (voir la très longue impunité de l’oligarque socialo-sioniste Olivier Duhamel), pendant que des élites naturelles formées sur le tas piaffent dans les starting-blocks, élites ignorées ou vilipendées par les médias mainstream. On n’a pas écrit dominants parce que ces médias ne le sont plus, dépassés qu’ils sont par l’Internet incontrôlé – ou pas encore totalement sous contrôle –, celui qui fait l’opinion.
L’école est bien une machine à brider les corps impatients, les intelligences sauvages, pour ne garder que les intelligences utiles au maintien de la structure hiérarchique sociale. La surprise, c’est quand des gens qui ont les moyens intellectuels d’être des agents de la dominance passent de l’autre côté de la barrière sociale. On appelle ça une révolution, ou l’évolution.