Pas facile d’expliquer le piège de l’élection, les vertus du tirage au sort, la nécessité d’être prêts si jamais survenait une révolution – allez savoir. Les lecteurs assidus d’E&R connaissent Étienne Chouard depuis 20 ans, puisque nous le relayons depuis nos débuts, qui ne sont pas loin d’être les siens aussi : que l’on se rappelle son émergence lors du référendum pour le TCE (2005) que même le journal oblique Le Monde disait qu’il avait fait pencher le vote des Français vers le « Non ».
Pas facile donc d’expliquer tout cela à un animateur qui attend le Grand Soir, une sorte de révolution à la népalaise, là où Étienne Chouard rappelle qu’une fois qu’on a mis le personnel politique dehors, on fait quoi ? Le risque est grand qu’on fasse effectivement une révolution : c’est à dire un tour complet pour revenir au point de départ.
La vérité est peut-être un peu au centre de ces deux points de vues. Il est impératif de nourrir le public d’informations alternatives, de concepts radicaux et d’outils politiques, afin qu’il soit prêt à faire des choix plus éclairés lorsque se présentera une autre voie. La révolution et la guerre civile ne sont jamais une option recommandable, de même que tenir un stylo pour écrire une constitution ne changera pas notre pays tant que les constituants ne seront que quelques centaines.
Et même s’ils étaient des millions, le système sera probablement toujours plus fort, soit pour les éliminer physiquement comme il a éborgné les Gilets jaunes, soit pour salir le mouvement ou mentir sans vergogne comme il l’a fait à travers les médias pendant la crise sanitaire.
Alors, que faire ? S’instruire et connaître l’histoire, pour éviter de la revivre sans cesse. Écrire la constitution, même si cela paraît aussi bohème qu’inefficace aux yeux de certains, c’est à la fois s’instruire et connaître son histoire. C’est se préparer intellectuellement non pas peut-être à utiliser un jour cette nouvelle constitution, mais au moins savoir ce que l’on sera désormais prêts à accepter ou à ne plus accepter. Car on dupe bien moins un peuple éduqué et formé.