La victoire de Donald Trump a secoué les États-Unis et surpris le monde. Elle traduit la montée d’une vague de colère des classes populaires contre ce que l’on appelle les « élites ». Elle signe une réaction historique contre la fracture sociale, mais aussi idéologique et culturelle, aux États-Unis qui a vu se développer une politique, mais aussi des médias « hors sol ». Ces mêmes médias qui ont mené une campagne hystérique en faveur d’Hillary Clinton sont aujourd’hui brutalement désavoués. Ils devraient en tirer les leçons ; il n’est pas sûr qu’ils le fassent.
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Plus généralement, cette élection rebat les cartes aussi pour l’Union européenne. Ce n’est pas par hasard si l’ancien Premier-ministre italien, Enrico Letta, dit qu’il s’agit de l’événement le plus important depuis la chute du mur de Berlin. Les élites européistes ont perdu un soutien décisif dans la présidence américaine [1], et cela se sent tant aux réactions de Juncker et Tusk, qu’à celles d’Angela Merkel ou de François Hollande. À l’inverse, les personnalités politiques qui contestent cet européisme, de Nigel Farage à Beppe Grillon, en passant par Marine le Pen, se réjouissent de cette victoire de Donald Trump.
Bien entendu, on tentera d’entonner le fameux couplet sur l’Europe fédérale, et l’on cherchera à ranimer les feux moribonds d’une intégration européenne. Mais, les divisions entre les États de l’UE ne disparaitront pas par enchantement. Les intérêts de ces États vont rester ce qu’ils sont, opposés à toute intégration. Il faudra donc bien, un jour où l’autre, en tirer les conséquences et revenir à cette politique des Nations qui n’exclut d’ailleurs pas la coopération et l’amitié entre ces dites Nations. À se refuser à cela, les dirigeants européistes prennent le risque d’aggraver la colère qui, elle aussi, bout dans l’Union européenne. Les dénis de démocratie ont été trop nombreux, trop systématiques. Ces dirigeants sont menacés de connaître, à leur échelle et dans leurs conditions, le sort d’Hillary Clinton.
Il est cependant peu probable qu’ils comprennent que nous avons changé d’époque, certes non du fait de cette élection présidentielle qui n’est qu’un élément de plus dans le changement, mais bien parce que nous vivons aujourd’hui, et depuis plus de dix ans, le grand retour des Nations. Rien n’est plus dramatique que quand des élites, qu’elles soient politiques ou culturelles, se cramponnent à une vision du monde que la réalité a dépassée et démentie. On peut, jusqu’à un certain point, vivre dans une bulle. Mais, à un moment donné, cette bulle éclate et il faut payer au prix fort ce monde d’illusions que l’on a construit.
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