Adhérent du parti communiste en 1948, Édouard Chevardnadzé poursuit une carrière politique et ministérielle au sein de la République socialiste de Géorgie. Il gravit les échelons du parti et devient ministre soviétique des Affaires étrangères de 1985 à 1990 lors de la présidence du dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, avec lequel il collabore à l’initiative de détente vis-à-vis de l’Ouest.
Après la chute de l’URSS, l’ex-République socialiste de Géorgie devient indépendante et élit son premier président Zviad Gamsakhourdia, en 1990. Celui-ci est renversé moins de deux ans plus tard ; c’est Édouard Chevardnadzé qui prend alors la tête du pays. En adhérant à la CEI (Communauté des États indépendants), il obtient l’aide de la Russie afin de consolider son pouvoir, ébranlé par l’opposition et le séparatisme abkhaze.
Il est élu président de la République en 1995.
À la fin des années 90, il s’aligne sur la politique étasunienne de rollback (reflux de l’influence russe) et devient un allié indispensable de Washington dans le Caucase, où la position de son pays est déterminante sur le plan des échanges pétroliers et du futur tracé de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), passant par l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie au détriment de l’Arménie, la Tchétchénie, l’Iran et de la Russie, nations peu ou pas disposées à servir les intérêts de Washington.
En même temps, l’USAID et George Soros commencent leur activisme en soutenant l’opposition via l’« Institut de la Liberté ».
Il est réélu président de la république en 2000.
Après le 11 septembre 2001, en échange d’une importante aide économique, Chevardnadzé accepte la présence militaire étasunienne, son pays servant notamment à l’US Air Force lors des opérations d’invasion de l’Afghanistan.
À partir de 2003, fragilisé par une situation économique atone et par une corruption endémique, Chevardnadzé décide de ne plus compter seulement sur l’encombrant allié étasunien. Il prend une décision qui va sceller son sort : le rapprochement avec Aslan Abchidzé, gouverneur pro-russe de la République d’Adjarie, petite république autonome de Géorgie, par où transite le pétrole et porte d’entrée du commerce avec la Turquie.
Trouver un équilibre en faisant rentrer la Russie dans le jeu et ainsi s’affranchir d’une partie de la tutelle économique et diplomatique de l’Oncle Sam va entraîner l’arrivée de nombreux responsables de l’administration étasunienne, désireux de « ramener à la raison » le vieux dirigeant caucasien... en vain.
Les réseaux étasuniens vont alors tout mettre en oeuvre pour amener au pouvoir un dirigeant entièrement soumis à leurs intérêts : Mikhail Saakashvili, un produit de l’université de Columbia à New York où il a fait ses études d’avocat.
Entré au gouvernement en 2000, dynamique, jeune et dénonçant la corruption, il finit par devenir le chef de l’opposition en 2001 et dénonce le résultat des élections législatives en 2003, en cela appuyé par le National Democratic Institute, une « ONG » étasunienne, chargée d’établir les listes éléctorales et qui gonflera les sondages sortis des urnes afin d’alimenter le sentiment de truquage du scrutin... Saakashvili appelle le peuple a descendre dans la rue. Le pouvoir chancelle et Chevardnadzé est contraint à la démission le 23 novembre 2003 après deux semaines de manifestations et l’invasion du Parlement par la foule. Ce coup d’État atlantiste sera nommé par les médias sous le nom de « Révolution des Roses ».
Édouard Chevardnadzé est décédé aujourd’hui à 86 ans.