Sous la houlette du nouveau chef de gouvernement, la Turquie tend la main à la Russie et s’efforce de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël, un autre ex-allié, dans le souci de sortir de son isolement.
- Le Premier ministre turc Binali Yildirim à Ankara le 24 juin 2016
Le Premier ministre Binali Yildirim a envoyé récemment des signaux d’une inflexion de la politique extérieure turque, après avoir remplacé en mai Ahmet Davutoglu, architecte d’une diplomatie agressive qui, selon des analystes, a apporté à la Turquie plus d’ennuis que de bénéfices.
Quand M. Davutoglu a été poussé vers la sortie par le président Recep Tayyip Erdogan, Ankara était plongé dans une crise sans précédent avec la Russie, avait fortement restreint ses relations avec Israël et l’Égypte tout en prouvant son impuissance à se débarrasser en Syrie du régime de Bachar al-Assad.
Aujourd’hui, un rapprochement de la Turquie avec ses voisins régionaux est d’autant plus crucial que les relations d’Ankara avec l’Union européenne traversent une zone de fortes turbulences. M. Erdogan a menacé jeudi d’organiser un référendum pour demander aux Turcs s’ils souhaitent vraiment un jour faire partie de l’UE.
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« Israël, la Russie, l’Égypte… Il ne peut pas y avoir d’inimitié permanente entre ces pays qui bordent la Méditerranée (ou) la mer Noire », a déclaré M. Yildirim.
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La liste des relations dégradées ou compliquées d’Ankara est longue, à commencer par les États-Unis comme l’UE qui s’inquiètent de sa dérive autoritaire et liberticide et de ses discours anti-occidentaux. Mais sur au moins trois fronts, ce pays membre-clé de l’Otan essaie de faire des progrès.
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Avec l’Égypte, les relations se sont dégradées après la condamnation par M. Erdogan du « coup d’État » des militaires ayant chassé du pouvoir son allié des Frères musulmans Mohamed Morsi. Mais Ankara souhaiterait se réconcilier, sous l’oeil bienveillant de l’Arabie saoudite, avec le président Abdel Fattah al-Sissi.
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La crise avec la Russie, qui a entraîné une chute brutale des arrivées de touristes russes en Turquie, pourrait s’apaiser après le message envoyé par M. Erdogan à son homologue Vladimir Poutine à l’occasion de la fête nationale russe. Il s’agissait du premier contact depuis que deux F-16 turc ont abattu un avion russe ayant violé l’espace aérien turc au-dessus de la frontière avec la Syrie fin 2015.
Mais Ankara a refusé de produire les excuses exigées par Moscou. « S’il y a bien une chose qu’Erdogan est incapable de faire, c’est de s’excuser », dit M. Cagaptay.