À Manbij, des combattants arabo-kurdes sont postés derrière les murs de maisons détruites pour éliminer les francs-tireurs avant d’avancer dans la cité survolée en permanence par les avions de la coalition dirigée par les États-Unis.
« Nous sommes engagés dans une guerre de rue », lance Marvan Roj Ava, un combattant kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), foulard vert traditionnel sur la tête et arme au poing dans une ruelle couverte de gravats et où gisent des cadavres de jihadistes du groupe État islamique (EI) à l’entrée de la ville.
Entrées jeudi à Manbij, les FDS tentent de reconquérir depuis le 31 mai cette ville située dans la province septentrionale d’Alep pour priver les jihadistes d’un carrefour vital pour leur ravitaillement en armes et en hommes à partir de la Turquie voisine. L’équipe de l’AFP a été la première à pouvoir entrer avec elles dans les quartiers ouest, mais elle a dû partir avant la tombée de la nuit à la demande des FDS en raison de l’intensité des combats. « Welcome to Manbij City », un petit panneau bleu saluant en anglais les visiteurs est resté intact à l’entrée de la ville. Mais en face, sur un panneau probablement installé après la prise de la ville en 2014, il est écrit : « Dans la région de l’EI, toi, ton argent et ton honneur êtes préservés. »
- Manbij, point stratégique à l’est d’Alep
Alerter les avions
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Avec les engins piégés, disséminés par les jihadistes, les francs-tireurs et les kamikazes prêts à surgir, les FDS avancent avec toutes les précautions possibles. Pour éviter les balles des snipers, les combattants se déplacent en véhicule blindé, prénommé « Scorpion », dans lequel ont circulé les deux journalistes de l’AFP. D’autres prennent position derrière les murs des maisons détruites pour surveiller leurs mouvements. Par moments, l’un d’eux crie dans un talkie-walkie pour avertir de l’emplacement du sniper, aussitôt ciblé à travers les trous dans les murs ou les rideaux. Un peu plus loin, dans l’une des maisons à l’entrée de la ville, d’autres combattants fixent sur une carte l’emplacement des jihadistes pour envoyer les coordonnées aux avions de la coalition qui survolent le secteur.
Le rôle de ces avions a été crucial pour la bataille de Manbij, le commandement américain faisant état de plus de 230 raids contre les jihadistes depuis le début de l’offensive. Des conseillers militaires américains et français aident en outre les FDS sur le terrain.
Tunnels, voitures piégées
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Quoi qu’il en soit, le commandant militaire des FDS, Ali Kobané, se dit confiant dans la victoire. « Daech est effondré, c’est pour cela qu’il a recours aux voitures piégées, lance-t-il en kurde. Mais nos camarades sont patients et peuvent leur faire face. » « Ils n’ont plus d’autres moyens de se défendre et nos forces ont l’expérience maintenant pour faire exploser les voitures piégées avant qu’elles ne s’approchent de nous », affirme Marvan Roj Ava.
Dominées par les forces kurdes, les FDS sont parvenues à prendre une centaine de villages et de hameaux autour de Manbij et d’assiéger la cité, privant les jihadistes de leur principal carrefour d’approvisionnement de la frontière turque vers Raqqa, leur capitale de facto en Syrie, située plus à l’Est.