En cette fin d’année 2020, deux « vieux » conflits africains viennent de se rallumer :
1) Au nord, la tension est subitement remontée entre le Maroc et l’Algérie après que le Polisario a décidé de couper la route reliant le Sénégal et la Mauritanie à la Méditerranée. Cependant, la seule question qui mérité d’être posée est de savoir si le Polisario a agi de sa propre initiative, ou bien si l’armée algérienne l’a engagé à tester la volonté marocaine. Questions annexes : quel contrôle l’Algérie exerce-t-elle véritablement sur certains diverticules du Polisario qui ont rejoint l’état islamique (Daech) et, au bout du compte, le Polisario est-il encore utile au « Système » algérien ?
2) Dans la région de la Corne, l’Éthiopie fait de nouveau l’actualité avec la sécession du Tigré. Sommes-nous face à un phénomène du type yougoslave, avec l’éclatement d’un pays multi-ethnique, une mosaïque de peuples ayant perdu son ciment ?
Des origines à 1991, les Amhara ont joué ce rôle, puis, de 1991 à 2019, ce furent les Tigréens. Aujourd’hui, ethno-mathématiquement en force, les Oromo s’imposent peu à peu. Mais les Tigréens ne veulent pas être soumis à leurs anciens serfs... Heureusement pour le pouvoir central, la haine des Amhara pour leurs cousins Tigréens est telle qu’ils se sont très conjoncturellement alliés au pouvoir oromo. Jusqu’à quand ? Là est la question…
La crise algéro-marocaine intervient dans un contexte politique algérien qui fait penser à la fin de la période Bouteflika. En réalité, depuis 2013, date du premier AVC de ce dernier, l’Algérie est un bateau ivre qui n’est plus gouverné.
Après les immenses manifestations du « Hirak » interrompues par le Covid-19, véritable « divine surprise » pour le « Système », l’« Algérie nouvelle » qui avait été annoncée par le président Tebboune est rapidement apparue pour ce qu’elle est, à savoir le prolongement gérontocratique de l’Algérie de Bouteflika.
En effet, les trois gérontes qui gèrent le « Système » semblent tous les trois arriver au terme de leur « horloge biologique ». Âgé de 75 ans, le président Tebboune est hospitalisé en Allemagne, cependant que le général Chengriha, chef d’état-major âgé de 77 ans l’est en Suisse. Quant à Salah Goujil, le président du Sénat, l’homme qui devra assumer la période transitoire en cas de disparition du Président, il a 89 ans et est, lui aussi, très malade...
En cette période de fin de règne, les clans de janissaires sont prêts à s’entre-égorger afin de s’emparer des restes du pouvoir. Celui du général Gaïd Salah a été politiquement liquidé et deux autres clans semblent se placer dans l’attente de la disparition du président Tebboune :
L’ancien DRS (les Services) que l’on avait donné détruit montre actuellement qu’il est encore puissant en dépit de l’incarcération de ses principaux chefs.
Celui de son ennemi, le général Benali Benali, âgé d’environ 80 ans, le plus ancien dans le grade le plus élevé de l’armée algérienne et chef de la puissante garde républicaine.
Pour tous, l’alternative est simple : prendre le pouvoir ou finir leurs jours en prison...