L’été, c’est par définition la saison chaude. Et comme nous sommes dans l’hémisphère nord, eh bien c’est maintenant. Il suffit de sortir dehors pour s’en apercevoir, mais en cas de doute, allumez votre télé ou votre radio et écoutez les informations : la météo s’y taille une part non négligeable et vous informe que l’été est chaud, très chaud, une preuve du réchauffement climatique anthropique, sans précédent, catastrophique. Le matraquage est tel qu’il montre surtout qu’il est encore, et peut-être de plus en plus, nécessaire. Ce que notre ministre de l’Agriculture a démontré.
Soyez bien conscients que plus jamais le monde que vous avez connu ne sera comme avant. Derrière cette phrase qu’on pourrait prendre comme un avertissement des changements en cours, avec un futur différent du passé, en l’occurrence de plus en plus chaud, il faut surtout comprendre que le futur sera ce qu’il sera, que le présent est tel qu’il est, c’est-à-dire tel qu’on vous dit qu’il est, mais que le passé est modifié, altéré, pour servir le discours sur le présent. C’est assez simple avec les jeunes générations, sans grande mémoire et aux liens distendus avec les générations précédentes, ainsi qu’avec les urbains, qui n’ont un rapport aux éléments qu’assez distant – des urbains qui vivent de plus en plus à la campagne, même quand ils y sont nés…
Évidemment, cela reste plus difficile avec les plus vieux, qui ont suffisamment de vécu pour se rappeler les décennies précédentes. Évidemment, rien ne vaut de bons enregistrements du temps qu’il fait, de bonnes données fiables, confiées à des passionnés impartiaux. Mais face à des données torturées qui avouent ce qu’on veut leur faire dire, eh bien la mémoire, si incertaine qu’elle puisse être parfois, peut s’avérer supérieure, suffisante pour douter du discours politico-médiatico-pseudo-scientifique sur le réchauffisme ambiant.
Et c’est ainsi que Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, a fait une sortie de route. C’est entendu, on ne vit pas depuis quatre semaines sous une descente d’air froid venu de l’océan Arctique. Il fait assez chaud, pas du tout uniformément (personnellement, 11 °C hier matin, 23 °C l’après midi !), localement les températures sont très hautes, dans le sud évidemment, pas dans le Cotentin. On ne lit pas les déboires de Jean de Florette, le personnage de Pagnol, en imaginant qu’il trime sans eau par seulement 25 °C… Mais en écoutant les médias, on pourrait penser que l’Europe occidentale, voire le monde entier, est à l’image du Nefoud de Lawrence d’Arabie : l’enclume sur laquelle tape le soleil ! Il y a même des déclarations de scientifiques se voulant sérieux pour expliquer que demain, non, on ne rase pas gratis, mais c’est un peu le même esprit, demain la météo nous apportera des températures excédant la tolérance physiologique des espèces méditerranéennes. On demandera leur avis aux plantes vivant sur les franges méridionales du monde méditerranéen, là où le climat reste méditerranéen mais avec des précipitations insuffisantes, laissant ainsi la place au monde saharien, avec des espèces différentes.
Devant donc une certaine outrance, n’est-ce pas ?, Fesneau a déclaré, le malheureux : « On n’a pas eu des températures extrêmes, on a plutôt eu des températures normales pour un été. » Tonnerre ! Un négationniste ! Malaise dans la petite société des gens œuvrant au bien commun : politiques, scientifiques, journalistes. Valérie Masson-Delmotte, la coprésidente du groupe 1 du GIEC (celui censé faire un état des lieux de la littérature scientifique sur l’évolution du climat), y est allée de son tweet se voulant factuel, désignant du doigt les rails sur lesquels il faut rester, avec des données de Météo-France (qui, rappelons-le, est contente de ses ajustements sur ses données de températures, parce qu’elles fournissent des courbes conformes à celles du GIEC – on vous laisse apprécier la rigueur scientifique payée par vos impôts !).
Il fait chaud, il fait de plus en chaud, c’est devenu indéniable, d’ailleurs on le dit partout, vous ne pouvez donc pas dire qu’il ne fait pas anormalement chaud. Message bien reçu. Mais que faut-il faire ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?…
Au « non, merci » de Cyrano, Fesneau a préféré l’à-plat-ventrisme :
Je suis absolument d’accord avec ce que vous indiquez et j’ai parfaitement conscience du réchauffement et du danger mortel pour le devenir de l’humanité, pour notre agriculture et pour nos écosystèmes de ce dérèglement. Cette année, globalement,et à date c’est un début d’été un…
— Marc Fesneau (@MFesneau) July 15, 2023
On n’est pas ministre pour rien, une certaine « souplesse dorsale » est nécessaire, qui lui permet d’ailleurs d’être d’accord avec VMD sans totalement se dédire, en même temps.
Comme on préfère la première déclaration du ministre, on va apporter un peu d’eau à son moulin, en ayant un peu plus de recul historique qu’un perdreau de l’année. Regardons la météo de l’été 1983, soit il y a déjà 40 ans. Ceux qui avaient regardé le parcours de Noah à Roland-Garros se souviennent qu’il a fait cette année-là très chaud, très tôt. Voyons ça de plus près.
La première semaine de juin, les températures atteignent 35 °C en Aquitaine, et dépassent 30 °C sur presque toute la France.
Le mois de juillet est extrêmement chaud. Sur les trois-quarts de la France, on est au-dessus de 30 °C durant trois semaines.
Les températures sont caniculaires dans le sud-est au début de la troisième semaine du mois : 41 °C, et cela remonte bien au nord avec 40 °C à Lyon.
Des orages ravagent cultures, campings et toitures, et font baisser les températures, qui ne tardent pas à remonter à la fin du mois : 42,5 °C à Saint-Raphaël, 42 °C à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), 41 °C à Vichy, Clermont-Ferrand et Saint-Étienne, 39 °C à Besançon, Mâcon, Mulhouse et Saint-Dizier, 38 °C à Bourg-Saint-Maurice et 37 °C à Chamonix.
La chaleur reviendra à la fin septembre, avec 37 °C à Perpignan, 36 °C à Montpellier et 31 °C à Paris. Comme pendant l’été, le temps sera très agité en automne, et après des tempêtes, du froid en début d’hiver, encore des tempêtes, eh bien on se baigne à la toute fin de l’année dans le sud, où il fait très doux : 24 °C à Biarritz, 36 °C à pau et Tarbes, et 15 à 20 °C sur le reste de la France. De quoi donner des sueurs froide à Valoche, qui a fait une vidéo avec Assa Traoré, convergence des luttes oblige.
Bonus (ajouté le 21 juillet) : la météo du 29 juillet 1983