Le mardi 10 mars, en Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo a été condamnée à 20 ans de prison ferme pour "attentat contre l’autorité de l’État et participation à un mouvement insurrectionnel".
Le procureur avait requis une peine de dix ans. Prisonnier de la CPI à La Haye, son mari, l’ancien président Laurent Gbagbo sera, quant à lui, jugé en juillet prochain pour "crime contre l’humanité".
À quelques mois des élections présidentielles, leurs partisans dénoncent une justice à sens unique susceptible de souffler sur les braises d’un conflit ethnique non éteint.
Lors des élections présidentielles de 2010, nordistes et Baoulé s’étaient alliés pour chasser le Bété Laurent Gbagbo et ses partisans sudistes du pouvoir. A l’issue d’un vote ethnique, Alassane Ouattara fut élu au second tour (décembre 2010) avec près de 55% des voix. Laurent Gbagbo s’étant proclamé vainqueur, durant quatre mois le pays fut plongé dans le chaos.
Puis, à la fin du mois de mars 2011, une offensive nordiste appuyée par la France fut déclenchée et Laurent Gbagbo se trouva assiégé dans sa résidence d’Abidjan. Le lundi 11 avril 2011, les hélicoptères français réduisirent ses derniers défenseurs cependant que des éléments à terre ouvraient le chemin aux forces d’Alassane Ouattara.
Mis au pouvoir par l’ancien colonisateur, ce dernier fut considéré comme illégitime par les 46% d’Ivoiriens qui avaient voté pour Laurent Gbagbo lors du second tour des élections présidentielles. Depuis, le processus de réconciliation auquel s’était engagé Alassane Ouattara n’ayant pas été réalisé, le pays est toujours coupé en deux.
Tous les problèmes demeurent donc et ils sont d’abord ethno-politiques. Tant que cette réalité ne sera pas prise en compte le pays sera au bord du précipice. En dépit du "miroir aux alouettes" qu’est la croissance du PIB.