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Comprendre Donald Trump

Un article de Youssef Hindi (exclusivité E&R)

Comprendre Donald Trump

Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !

 

Sommaire

 

- Donald Trump, un sioniste qui abandonne les terroristes alliés d’Israël du Golan

- Donald Trump, un sioniste qui refuse la guerre contre l’Iran

- Donald Trump, un sioniste qui refuse d’attaquer la Syrie

- Gaza : cessez-le-feu ou nettoyage ethnique ?

*

 

« Les actes parlent plus que les mots » ; c’est ce proverbe qu’il faut garder en permanence à l’esprit lorsqu’on analyse la politique d’un homme aussi verbeux et contradictoire que Donald Trump.
L’incompréhension de la politique de Trump, par la plupart des analystes, vient notamment de l’opposition récurrente entre ses dires et ses actes, ses exagérations, ses outrances et ses provocations, qui ont presque toujours un objectif stratégique ou tactique.
Je vais donner dans cet article des exemples concrets pour permettre au lecteur de comprendre la politique et le style (les deux vont de pair) de Donald Trump.

 

Un retour en arrière, à l’époque du premier mandat de Trump, est nécessaire pour comprendre sa politique, ses tactiques et ses objectifs.

Le point principal sur lequel il y a polémique autour de Trump dans les milieux de l’opposition à l’oligarchie, est le sionisme, le rapport de Donald Trump à Israël. Ayant analysé la politique de Trump (depuis 2016) et étudié le sionisme durant de nombreuses années, je me propose de faire ici une courte synthèse de la politique concrète de Trump vis-à-vis du sionisme.

Comme tout président étasunien, il n’a pas d’autre choix que d’être sioniste. Dans un pays fondé sur le protestantisme, le messianisme juif et dont le lobby le plus puissant est le lobby pro-israélien, le sionisme n’est pas une option politique, il est une obligation religieuse.
Ceci étant dit, force est de constater que Donald Trump n’a démarré aucune guerre exigée par Israël. Et pour se faire pardonner cet affront, Trump a fait un maximum de concessions d’ordre économique et symbolique : accords d’Abraham, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, déplacement de l’ambassade des États-Unis dans la ville sainte, reconnaissance du Golan Syrien comme faisant partie de l’État d’Israël, dénonciation des accords sur le nucléaire iranien. Voilà pour le crédit. Voyons maintenant la ligne de débit.

Donald Trump, un sioniste qui abandonne les terroristes alliés d’Israël du Golan

En janvier 2018, l’administration Trump a mis fin aux opérations du centre de la CIA basé à Amman, dans la capitale jordanienne. Ce centre coordonnait l’aide aux organisations terroristes dans le sud de la Syrie. En conséquence, les dizaines de milliers de combattants qui recevaient une aide financière de façon régulière de la part des États-Unis, ont été privés de ces ressources du jour au lendemain [1].

Les Israéliens se sont retrouvés par conséquent contraints de financer eux-mêmes les groupes terroristes.

Le journal israélien Haaretz a rapporté le 21 février 2018 [2] une enquête (publiée le 14 février 2018 [3]) menée sur le terrain par Elizabeth Tsurkov, universitaire et membre du think tank Israeli Forum for Regional Thinking, et qui a révélé le soutient apporté par l’État hébreu à sept groupes terroristes affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL), qui est liée aux Frères musulmans.

Après avoir mené dans le sud de la Syrie des dizaines d’interviews de combattants, d’activistes et de civils, Elizabeth Tsurkov rapporte :

« Certains de ces groupes qui ont commencé à recevoir de l’aide d’Israël fin 2017 était jusque-là financés par le Military Operations Command, un centre opérationnel géré par la CIA... Jusqu’en 2018, ce centre a versé les salaires de dizaines de milliers de membres du "front sud" de l’ASL en leur fournissant armes et munitions », et elle précise que la décision de Donald Trump en juillet 2017 de mettre un terme à ces aides les avaient laissés dans un état de « besoin désespéré de sources de financement alternatives ».

« Toutes mes sources ont confirmé l’identité d’au moins sept groupes (rebelles syriens) qui perçoivent un soutien israélien, à la condition que les groupes ne soient pas nommés. »

Mais elle précise tout de même qu’il s’agit de formations affiliées à l’Armée syrienne libre.

Son enquête prouve que ces organisations terroristes opérant en Syrie reçoivent de la part d’Israël des armes, des munitions et de l’argent pour acheter des armes supplémentaires.

Donald Trump, un sioniste qui refuse la guerre contre l’Iran

En réponse à la dénonciation américaine de l’accord sur le nucléaire iranien, Téhéran a décidé, en mai 2019, de ne plus respecter certaines restrictions de l’accord sur le stockage d’uranium enrichi. Toutefois, l’Iran ne se retire pas totalement de l’accord sur le nucléaire, signé en 2015 avec les pays occidentaux.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a déclaré :

« La République islamique ne se considère pas à ce stade engagée à respecter les restrictions concernant le stockage d’uranium enrichi et d’eau lourde. » [4]

L’Iran est dans son droit (les articles 26 et 36 prévoient cette mesure prise par Téhéran), puisqu’il n’a eu aucune contrepartie, les sanctions n’ayant pas été levées. Par ailleurs, la Russie et la Chine ont apporté leur soutien à l’Iran dans sa décision. Comme l’a souligné l’analyste Pepe Escobar :

« L’administration Trump a unilatéralement triché sur la résolution de l’ONU sur le nucléaire iranien (2015). Imposant un blocus financier mondial illégal empêchant toutes formes de commerce avec l’Iran – du pétrole et du gaz à l’export de fer, acier, aluminium et cuivre. Dans n’importe quel scénario géopolitique, c’est une déclaration de guerre. » [5]

Cette pression exercée sur l’Iran a pour objectif de pousser Téhéran à la faute. Bien que les Iraniens ne soient pas sortis de l’accord (contrairement aux États-Unis) et que leur décision de ne plus respecter certaines clauses soit légale, les Américains, John Bolton au premier chef, ont sauté sur l’occasion pour battre les tambours de la guerre.

Les États-Unis ont, sans tarder, positionné le porte-avions Abraham Lincoln dans le golfe Persique, et, lors d’une réunion, le secrétaire d’État à la Défense, Patrick Shanahan, a présenté un plan militaire actualisé prévoyant l’envoi de 120 000 soldats au Proche-Orient au cas où l’Iran attaquerait les forces américaines ou accélérerait le développement d’armes nucléaires.
Un plan militaire ordonné par le conseiller à la sécurité nationale John Bolton [6], l’homme des Israéliens.

Les Israéliens et leur lobby ont toujours été derrière la politique anti-iranienne des États-Unis, y compris sous l’administration Trump [7].
C’est d’ailleurs devant le lobby pro-israélien, l’AIPAC, le 21 mars 2016, en pleine campagne présidentielle, que Donald Trump avait tenu les propos les plus agressifs envers l’Iran et qu’il avait promis de dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien [8].

Pour justifier une éventuelle guerre contre l’Iran, un des prétextes avancés est que Téhéran préparerait une attaque contre les intérêts américains dans le Golfe. Une « information » transmise par le Mossad à John Bolton, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, lors d’une rencontre de celui-ci à la Maison-Blanche avec son homologue israélien Meir Ben Shabbat [9].

Un officiel israélien a déclaré à propos de cette « menace » iranienne :

« Ce qu’essaient de faire les Iraniens et comment ils planifient de le faire n’est pas encore clair pour nous, mais il est clair pour nous que la température iranienne augmente et qu’elle résulte de la campagne de pression américaine contre eux, et ils envisagent des représailles contre les intérêts américains dans le Golfe. » [10]

Or, nous avons toute la documentation prouvant que les Israéliens et leur lobby sont, depuis de nombreuses années, derrière la campagne de pression américaine sur l’Iran [11].

Plus d’une demi-douzaine d’officiels de la sécurité nationale américaine se sont exprimés (sous couvert d’anonymat) en mai 2019 à la demande du New York Times. Commentant la taille des forces impliquées dans le déploiement dans le Golfe, ils se sont dits choqués. Le nombre de 120 000 soldats approche celui des forces américaines qui ont envahit l’Irak en 2003 (une guerre déclenchée à la suite des pressions exercées par les Israéliens et leur lobby sur l’administration américaine [12]). Les hauts fonctionnaires américains ont ajouté :

« Déployer autant de forces aériennes, navales et terrestres, donnerait plus de cibles à frapper à Téhéran, et potentiellement plus de raisons de le faire, risquant d’entraîner les États-Unis dans un conflit de longue haleine. Cela inverserait également des années de retranchement par l’armée américaine au Proche-Orient, qui a commencé avec le retrait des troupes d’Irak en 2011 sous le président Barack Obama. » [13]

Trois responsables gouvernementaux américains ont rapporté au Daily Beast que des chefs de plusieurs agences de renseignement américaines avaient estimé que « la nouvelle activité menaçante de l’Iran », évoquée par l’administration Trump pour justifier sa présence militaire dans le Golfe Persique, « répondait au comportement agressif adopté par l’administration américaine au cours des deux derniers mois ».

D’autre part, plusieurs législateurs de Capitol Hill ont déclaré au Daily Beast (qui a rapporté leurs propos le 22 mai 2019) que :

« Les décisions agressives prises par Téhéran... semblent être une réponse aux actions de Washington, qui fait pression sur la République islamique et sur ses dirigeants. » [14]

Les décisions de l’administration Trump de renforcer les sanctions pétrolières et de désigner le corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme un groupe terroriste ont été particulièrement provocantes, ont ainsi souligné les législateurs américains.

« Sans vouloir révéler d’informations confidentielles, je dois dire qu’il n’y a rien qui nous montre que nous devons envoyer nos bombardiers B-52 et nos marines dans la région. Nos positions ne sont pas fondées sur des données provenant des agences de renseignement », a indiqué au Daily Beast un membre du Congrès américain qui a souhaité garder l’anonymat.

Ce sont effectivement des manœuvres fondées sur des données provenant, non des agences de renseignement étasuniennes, mais du Mossad.

Le 20 juin 2019, l’Iran a annoncé avoir abattu un drone américain qui a violé son espace aérien. C’est un appareil MQ-4C Triton du modèle Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman), dont le coût de fabrication est de 130 millions de dollars. Il a été abattu au dessus de la province côtière d’Hormozgan, à proximité du mont Mobarak, située dans le district de Jask, dans le sud de l’Iran, selon un communiqué des Gardiens de la révolution. La province d’Hormozgan borde le détroit d’Ormuz, point de passage hautement stratégique par où passe l’approvisionnement mondial de pétrole [15].

Le commandant central des États-Unis a prétendu que le drone volait dans l’espace aérien international au-dessus du détroit d’Hormuz » et a rejeté les rapports du CGRI (corps des Gardiens de la révolution islamique) confirmant avoir abattu l’appareil de l’US Navy dans les eaux territoriales iraniennes de la province de Hormozgan.

Le New York Times rapporte que :

« La capacité de l’Iran à cibler et à détruire le drone américain à haute altitude, conçu pour échapper aux missiles sol-air utilisés pour l’abattre, a surpris certains responsables du département de la Défense, qui l’ont interprété comme une démonstration des difficultés que Téhéran peut causer aux États-Unis alors qu’ils déploient plus de troupes et renforcent la surveillance dans la région. » [16]

Donald Trump a, quant à lui, usé de sa technique habituelle pour éviter la guerre : bluffer et faire preuve d’un bellicisme théâtral et purement verbal, et ainsi donner le change aux Faucons (et à leurs maîtres Israéliens dressés derrière eux).

Le jour même où le drone américain a été abattu (jeudi 20 juin), Donald Trump a tweeté :

« L’Iran a commis une énorme erreur ! »

Puis, il a soufflé le chaud et le froid, déclarant d’abord qu’il n’excluait pas une réponse américaine au drone abattu : « Vous verrez », a-t-il lancé, avant d’évoquer l’hypothèse d’une erreur humaine, car selon le président américain, quelqu’un de « lâche et stupide » en Iran est responsable d’avoir abattu le drone. Il a ainsi évité de mettre en accusation les dirigeants iraniens.

Suivant toujours sa tactique que j’appellerais « un pas en avant vers la guerre et deux pas en arrière pour l’éviter », le président Trump a initialement donné son approbation à une attaque militaire contre l’Iran, avant de revenir en arrière dans la nuit du jeudi au vendredi 21 juin 2019.

D’après le New York Times, jusqu’à 19 h (le jeudi 20 juin) les militaires et diplomates américains s’attendaient à une frappe, après d’intenses discussions et débats à la Maison-Blanche parmi les membres de la sécurité nationale et des leaders du Congrès. Les officiels américains ont fait savoir au New York Times que le Président a initialement approuvé des attaques contre une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles. Les avions étaient dans les airs et les navires en position, mais aucun missile n’avait été lancé quand l’ordre d’abandonner l’attaque fut donné [17].

Le vendredi 21 juin 2019, les officiels iraniens ont informé Reuters que Téhéran a reçu un message de la part du président américain Donald Trump via Oman, avertissant qu’une attaque américaine sur l’Iran était imminente.
Un des officiels iraniens, sous couvert d’anonymat, a révélé à Reuters le contenu du message :

« Dans ce message, Trump a dit qu’il était opposé à toute guerre contre l’Iran et qu’il voulait discuter avec Téhéran de plusieurs questions... Il a donné un court délai pour avoir notre réponse mais la réponse immédiate de l’Iran est qu’il revenait au Guide suprême (Ayatollah Ali) Khameneï de décider cela. » [18]

Le deuxième officiel iranien qui s’est exprimé a déclaré :

« Nous avons été clairs : le Guide suprême est opposé à toute discussion, mais le message qui sera transmis est que la décision lui reviendra… Toutefois, nous avons dit à l’officiel Omani que toute attaque contre l’Iran aura des conséquences régionales et internationales. »

Interrogé sur l’attaque avortée contre l’Iran en juin 2019 à la suite du drone américain abattu, la Maison-Blanche s’est refusée à tout commentaire, de même que les officiels du Pentagone.

Les conseillers à la sécurité nationale de Donald Trump sont divisés, confirme le New York Times. Des hauts fonctionnaires de l’administration ont dit que le secrétaire d’État Mike Pompeo (évangélique sioniste fanatique), John Bolton (belliciste pro- israélien), conseiller à la sécurité nationale, et Gina Haspel, directrice de la CIA, étaient favorables à une réponse militaire contre l’Iran.
Mais les hauts fonctionnaires du Pentagone ont mis en garde contre une telle action qui pourrait conduire vers une escalade en spirale avec des risques pour les forces américaines dans la région [19].

Donald Trump a également relativisé la gravité de l’événement, déclarant que cet épisode aurait pu être bien plus sérieux si l’avion avait été un véhicule piloté, et non un drone. Cela fait « une grosse, grosse différence » qu’un pilote américain n’ait pas été menacé, a-t-il dit aux journalistes.

Le 10 septembre 2019, Trump limoge son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, l’homme des Israéliens qui a tout fait pour pousser l’administration Trump dans une guerre contre l’Iran.

« John Bolton a plaidé publiquement pour des bombardements préventifs sur les sites nucléaires supposés du pays et soutenu officiellement des opposants en exil, les moudjahidines du peuple, qui appellent à un changement de régime à Téhéran. Donald Trump a exclu une telle perspective fermement et il évoque au contraire régulièrement la possibilité d’un "marché" avec un pays dont il loue régulièrement "l’énorme potentiel" économique. "Ils veulent parler, ils veulent un marché", a-t-il répété le 4 septembre [2019], refusant d’écarter la perspective d’une rencontre avec son homologue iranien, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, fin septembre [2019].
Selon la presse américaine, John Bolton se serait enfin opposé à l’organisation d’un sommet sur l’Afghanistan à Camp David, villégiature présidentielle associée à des accords historiques, pour permettre l’amorce d’un retrait américain souhaité de longue date par Donald Trump. » [20]

Effectivement, la décision de retrait d’Afghanistan est celle de Trump ; elle a été exécutée par l’administration Biden en 2021.

Donald Trump, un sioniste qui refuse d’attaquer la Syrie

Entre 2017 et 2019, Donald Trump a plusieurs fois menacé de frapper ou mené des frappes théâtrales au Proche-Orient.
En avril 2017, après avoir accusé le président syrien d’avoir utilisé des armes chimiques contre la population civile, Donald Trump a fait des déclarations, jouant sur la corde émotionnelle, pour « montrer » son indignation :

« Le dictateur syrien Bachar el-Assad a lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel… »

« Assad a arraché la vie à des hommes, femmes et enfants sans défense. C’était une mort lente et brutale pour beaucoup. Même de magnifiques bébés ont été cruellement assassinés. Aucun enfant de Dieu ne devrait subir de telles horreurs. »

Des déclarations qui ont précédé une frappe ordonnée par le président américain :

« J’ai ordonné cette frappe… La Syrie ignore le Conseil de sécurité de l’Onu, j’exhorte tous les pays à nous rejoindre pour mettre fin au fléau du terrorisme et au bain de sang. » [21]

Mais sur le terrain la frappe ne fut que théâtrale.

Après les frappes du 6-7 avril 2017, le général H. R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, a affirmé que les Américains avaient évité de frapper un endroit « où nous pensons qu’il y a du gaz sarin stocké. Nous ne voulions pas créer un danger pour des civils ou pour quiconque » [22].
Le capitaine Davis a affirmé que les Russes ont été prévenus à l’avance de la frappe via la ligne de communication spéciale mise en place par les militaires américains et russes depuis l’automne 2015. Il y a eu de « multiples conversations » avec les Russes le jeudi 6 avril 2017.

Un an plus tard, dans la nuit du 13 au 14 avril 2018, les avions américains, français et britanniques ont conduit des frappes contre des sites syriens. L’agence syrienne Sana avait évoqué trois blessés [23].
Selon le ministère russe de la Défense, la coalition avait lancé plus de cent missiles de croisières et missiles sol-air depuis deux navires américains positionnés dans la mer Rouge.
Mais les sites militaires visés par les frappes de la coalition occidentale avaient été évacués plusieurs jours auparavant à la suite d’informations émanant de la Russie, a déclaré un haut responsable syrien.

Juste après les frappes du 14 avril 2018, Donald Trump s’est félicité, parlant d’une « mission accomplie ! », entendant par là qu’il n’y aura pas de suite.

Lorsque, en août 2017, une délégation israélienne – composée notamment du directeur du Mossad, Yossi Cohen, et du chef du renseignement militaire israélien, Herzl Halevi – s’est rendu à Washington pour demander que l’accord de paix en Syrie inclue l’expulsion du Hezbollah et des troupes des Gardiens de la révolution iranienne du pays, les Américains ont refusé. Un des participants israéliens à la réunion rapporte :

« Nous ne comprenons pas les objectifs de cette administration… Et pour dire la vérité, nous ne sommes pas sûrs que nos interlocuteurs américains savent ce qu’ils veulent ou ce que le Président leur a demandé de faire. Le ressenti général est la confusion et le chaos. » [24]

Une confusion et un chaos volontairement produits et entretenus par Trump pour brouiller les pistes et l’esprit de ses interlocuteurs, ennemis, partenaires et alliés.

Gaza : cessez-le-feu ou nettoyage ethnique ?

Donald Trump a imposé à Netanyahou un cessez-le-feu à Gaza le 19 janvier dernier. Il semble que le Premier ministre israélien a rechigné et que le négociateur envoyé par Trump lui a tordu le bras brutalement en plein jour de shabbat.

« Selon le média israélien Haaretz [25], l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, a passé vendredi soir un coup de téléphone au gouvernement israélien depuis Doha, où il se trouvait depuis une semaine. C’est dans la capitale du Qatar que se sont déroulées les discussions pour l’accord de cessez-le-feu. Le diplomate américain souhaitait informer Israël de sa venue à Jérusalem le lendemain après-midi. Les assistants de Benyamin Netanyahou le préviennent alors que le Premier ministre ne sera pas visible avant le soir, en raison de son respect du jour de repos hebdomadaire dans la religion juive. Il est interdit, lors de ce jour chômé, d’effectuer la moindre tâche, pour se consacrer à la célébration du culte. Un délai inacceptable pour Steve Witkoff, qui aurait exprimé sans ambages son peu d’intérêt pour le rituel religieux. » [26]

Contrairement à ce qu’avancent les grands médias, Trump n’a pas tordu le bras au Hamas, qui est sorti vainqueur de la guerre contre Israël. L’accord de cessez-le-feu implique la libération des 98 otages israéliens (dont certains sont présumés morts), en échange d’un millier de prisonniers palestiniens, le retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza, l’entrée d’aide humanitaire dans l’enclave et le retour dans leurs foyers des populations palestiniennes déplacées [27].
Au moment où je rédige ces lignes, l’armée israélienne se retire du corridor de Netzarim, qui sépare le sud du nord de Gaza, et a annoncé permettre aux Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza.

Dans le même temps, Donald Trump a proposé de déplacer les Palestiniens de Gaza de manière « temporaire ou à long terme » vers la Jordanie et l’Égypte. « On parle d’environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans. Vous savez, au fil des siècles, ce site a connu de nombreux conflits. Et je ne sais pas, quelque chose doit se passer », a déclaré Donald Trump aux journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One. « Je préférerais m’impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois », a ajouté le Président.
C’est précisément le projet israélien que se propose de faire exécuter Trump [28]. Mais il y a plusieurs obstacles. Le président égyptien s’est toujours opposé à ce projet ; la Jordanie n’a pas la capacité d’accueillir d’autres réfugiés ; si les Gazaouis ont refusé de quitter leur terre pendant le génocide, ce n’est pour l’accepter aujourd’hui, d’autant plus qu’ils ont l’habitude des « déplacements temporaires » qui deviennent permanents.

Là s’illustre une nouvelle fois la contradiction entre les actes et les mots de Trump. Il impose un cesse-le-feu avec un retour des Gazaouis déplacés, et en même temps, il propose de les envoyer en Jordanie et en Égypte, ce qui ne fait pas partie de l’accord. Mais nous n’en sommes qu’à la première phase du cessez-le-feu. Peut-être y a-t-il un projet immobilier à Gaza qui impliquerait en retour un partage de la bande entre Palestiniens et colons Israéliens. Pour l’instant, rien n’est sûr.

Youssef Hindi

Notes

[1] https://www.haaretz.com/israel-news...

[2] https://www.haaretz.com/israel-news...

[3] https://warontherocks.com/2018/02/i...

[4] http://www.lefigaro.fr/internationa...

[5] https://consortiumnews.com/2019/05/... ? fbclid=IwAR1Bcsbe1fizAdZxqPumORY81mVudqXs8ZAdBdislthd_xj7CFqnqhqxuko

[6] https://www.nytimes.com/2019/05/13/...

[7] Lire sur le sujet : Youssef Hindi, « Vers une nouvelle donne géopolitique au Proche-Orient », 18/06/2017, Geopolintel : http://www.geopolintel.fr/article19...

[8] http://time.com/4267058/donald-trum...

[9] https://www.axios.com/israel-warned...

[10] https://www.axios.com/israel-warned...

[11] Voir : Stephen Walt et John Mearsheimer, Le Lobby pro-israélien et la Politique étrangère américaine, 2009, La Découverte.

[12] Stephen Walt et John Mearsheimer, op. cit.

[13] https://www.nytimes.com/2019/05/13/...

[14] https://www.thedailybeast.com/us-in...

[15] https://francais.rt.com/internation...

[16] https://www.nytimes.com/2019/06/20/...

[17] https://www.nytimes.com/2019/06/20/...

[18] https://www.haaretz.com/us-news/201...

[19] https://www.nytimes.com/2019/06/20/...

[20] https://www.lemonde.fr/internationa...

[21] https://www.huffingtonpost.fr/2017/...

[22] https://www.ladepeche.fr/article/20...

[23] https://fr.sputniknews.com/internat...

[24] https://www.nytimes.com/2018/02/12/...

[25] https://www.haaretz.com/israel-news... accept-a-gaza-plan-he-repeatedly-rejected/00000194-615c-d4d0-a1f4-fbfdce850000

[26] https://www.lefigaro.fr/internation...

[27] https://www.lemonde.fr/internationa... trois-phases-menant-a-un-cessez-le-feu-permanent_6501020_3210.html

[28] Voir : Youssef Hindi, Comprendre le conflit israélo-palestinien, Kontre Kulture, 2024.

Disponible chez Kontre Kulture

 

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4 Commentaires

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  • #3487727
    Le 3 février à 13:54 par reymans
    Comprendre Donald Trump

    Rien n’est sûr, rien n’est sûr, ce qui est sûr c’est que les palestiniens l’ont dans l’os une nouvelle fois, qu’ils sont traités comme quantité négligeable, ballottés à gauche et à droite, et que leurs morts ne reviendront pas à la vie. Ces gens font bien peu de cas de l’humain, dont ils se servent selon leurs intérêts du moment.
    Mon avis est que vu ce que les palestiniens subissent depuis des décennies, il serait temps que le monde entier leur foute la paix, une bonne fois pour toute.

     

    Répondre à ce message

  • #3487752
    Le 3 février à 14:28 par anonyme
    Comprendre Donald Trump

    C’est un bourrin au 1er degré, pas un joueur de billard à 3 bandes et encore moins un joueur d’échecs (comme Poutine) ou de Go (comme le président chinois) ! Bref, un amerloque, un Yankee, un cowboy !

     

    Répondre à ce message

  • #3487757
    Le 3 février à 14:35 par anonyme
    Comprendre Donald Trump

    "Comme tout président étasunien, il n’a pas d’autre choix que d’être sioniste".
    Alors ça devrait être valable aussi pour Marine et pour tout dirigeant européen ou parti nationaliste en Europe !

     

    Répondre à ce message

  • #3487768
    Le 3 février à 14:49 par JL29
    Comprendre Donald Trump

    L’état israélien ne serait-il pas le 52ème état des USA ?
    Donald devrait se pencher sur cette question de toute urgence.

     

    Répondre à ce message