Du nihilisme juif au terrorisme israélien
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
- Aux origines du nihilisme juif
- Messianisme révolutionnaire
- Révolution et terrorisme juifs
- Le terrorisme sioniste
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Ce quatrième article d’une série de Comprendre est destiné à tous ceux qui ont lu mon livre Comprendre le conflit israélo-palestinien et qui désirent approfondir leurs connaissances et leur compréhension de ce vaste sujet.
Aux origines du nihilisme juif
Depuis que les Britanniques ont commencé à soutenir les organisations révolutionnaires à teinture islamique dans les pays arabes à partir des années 1940, le terrorisme est souvent associé à des organisations islamistes. Or le terrorisme, dans l’époque contemporaine, trouvent ses racines dans les mouvements révolutionnaires de la seconde moitié du XIXe siècle. Un terrorisme dont la matrice est la révolution de 1789 qui, pour s’installer durablement, a instauré la Terreur.
Il est de notoriété publique que la majorité des révolutionnaires bolcheviques étaient juifs, mais la dimension juive du nihilisme révolutionnaire et du terrorisme est moins connue.
On peut retracer l’origine de ce nihilisme contemporain, moteur du terrorisme des XIXe et XXe siècles, jusqu’à la kabbale sabbato-frankiste, et plus en amont dans le Talmud lui-même.
Suite à l’apparition des kabbalistes antinomistes Sabbataï Tsevi (1626-1676) et Jacob Frank (1726-1791), la kabbale et le messianisme sous la forme sabbato-frankiste, a tracé une voie menant à un messianisme athéiste.
Comme l’explique le philosophe juif marxiste Michaël Lowy, la structure de certaines branches du socialisme est celle du messianisme juif. La tendance anarchiste du socialisme, dont la concrétisation historique est la révolution bolchevique, est celle qui est restée la plus fidèle au messianisme catastrophique de la kabbale frankiste. En effet, cet aspect sabbato-frankiste de l’anarchisme se retrouve dans les écrits de Mikhaïl Bakounine (1814-1876). On pourrait croire que Bakounine paraphrase Jacob Frank lorsqu’il écrit :
« La passion destructrice est une passion créatrice », ou encore « Je ne crois pas à des Constitutions ou à des lois… Nous avons besoin de quelque chose d’autre : la passion, la vie, un monde nouveau sans lois et donc libre. » [1]
Jacob Frank disait un siècle avant Bakounine : « Je ne suis venu en Pologne que pour extirper toutes les lois et toutes les religions, et mon désir est d’apporter la vie au monde. » (Kraushar, I, 308) [2]
Ce messianisme catastrophique du frankisme trouve lui-même sa source dans le Talmud, et notamment dans ce midrash (commentaire talmudique de la Bible) Tehilim (sur le psaume 45,3) : « Israël demande à Dieu : quand nous enverras-Tu la Rédemption ? Il répond : quand vous serez descendu au niveau le plus bas, à ce moment Je vous apporterai la Rédemption. »
C’est cette prophétie talmudique que cherchera à réaliser Jacob Frank en répandant la dépravation et le chaos universel ; ainsi il déclara : « Je ne suis pas venu pour élever, je suis venu pour détruire et rabaisser toutes choses jusqu’à ce que tout soit englouti profond, qu’il ne puisse descendre plus… Il n’y a pas d’ascension sans descente préalable… » [3]
La catastrophe, la dépravation généralisée est, dans la tradition eschatologique juive, la condition préalable aux temps messianiques et à la Rédemption. Il y a, explique le grand historien de la kabbale et du messianisme juif Gershom Scholem, certaines interprétations qui offrent une lecture nouvelle du psaume 156 : à la place de la version traditionnelle selon laquelle dans l’ère messianique « Le Seigneur libère les prisonniers » (matir assirum), il faudrait lire « Le Seigneur lève les interdictions » (matir issurim). [4]
Il n’y a donc rien d’étonnant à retrouver, au cœur de la pensée anarchiste et libertaire, le messianisme juif sous sa forme frankiste, lorsque l’on sait que c’est précisément en Europe centrale – où le frankisme est né et s’est implanté – que se sont formés les mouvements socialistes.
Comme l’explique Michaël Lowy, pour la plupart des penseurs socialistes :
« Il n’y avait que deux issues possibles (dans le cadre du néo-romantisme) : soit un retour à ses propres racines historiques, à sa propre culture, nationalité ou religion ancestrale, soit l’adhésion à une utopie romantico-révolutionnaire de caractère universel. Il n’est pas étonnant qu’un certain nombre de penseurs juifs de culture allemande proches du romantisme anti-capitaliste aient choisi simultanément ces deux voies sous la forme d’une redécouverte de la religion juive (en particulier de l’interprétation restauratrice utopique du messianisme) et de sympathie ou identification avec des utopies révolutionnaires (notamment libertaires) profondément chargé de nostalgie du passé – d’autant plus que ces deux voies étaient structurellement homologues.
Cette double démarche caractérise plusieurs penseurs juifs d’Europe centrale qui constituent un groupe extrêmement hétérogène mais néanmoins unifié par cette problématique commune ; on peut trouver parmi eux quelques-uns des plus grands esprits du XXe siècle : des poètes et des philosophes, des dirigeants révolutionnaires et des guides religieux, des Commissaires du Peuple et des théologiens, des écrivains et des kabbalistes et même des écrivains-philosophes-théologues-révolutionnaires : Franz Rosenzweig, Martin Buber, Gershom Scholem, Gustav Landauer, Walter Benjamin, Franz Kafka, Ernst Toller, Ernst Bloch, Georg Lukacs. » [5]
Ces trois derniers, Ernst Toller, Ernst Bloch et Georg Lukacs, qui sont comme le souligne Lowy, des « juifs assimilés athées-religieux anarcho-bolcheviques », contrairement aux autres précités, « abandonnent leur identité juive tout en gardant un lien obscur avec le judaïsme ».
Lowy explique que « leur athéisme religieux (le terme est de Luckacs) se nourrit de références aussi bien juives que chrétiennes » et leur évolution politique les mène à une problématique de synthèse entre les deux [6].
Messianisme révolutionnaire
Plusieurs témoignages contemporains de Georg Lukacs révèlent son messianisme fiévreux et apocalyptique. Marianne Weber (l’épouse du sociologue) décrit le Lukacs des années 1912-1917 comme un penseur « agité par des espoirs eschatologiques dans la venue du nouveau Messie » et pour lequel « un ordre socialiste fondé sur la fraternité est la pré-condition de la Rédemption ».
Ce messianisme matérialiste est appelé par Lukacs lui-même une « religiosité athée ». Lors d’une conférence de 1918 il rend hommage aux anabaptistes (courant chrétien évangélique) et revendique leur impératif catégorique : « Faire descendre à l’instant même le Royaume de Dieu sur la terre. » [7]
Dans la même période, celle de la crise révolutionnaire de 1918-1919 en Allemagne, Gustav Landauer (1870-1919), socialiste juif allemand, est, comme Lukacs, pris d’une fièvre messianique et compare « l’esprit de la Révolution » à l’action des « prophètes anciens ». Il écrit, en janvier 1919, dans la nouvelle préface pour la réédition de L’Appel au socialisme :
« Le Chaos est ici… les Esprits se réveillent… que de la Révolution vienne la Renaissance… que de la Révolution nous vienne la Religion – une Religion de l’action, de la vie, de l’amour, qui rend bienheureux, qui porte rédemption et qui surmonte tout. » [8]
Révolution et terrorisme juifs
Alexandre Soljenitsyne (1918–2008), a retracé l’histoire du rôle des juifs avant, pendant et après la révolution de 1917, dans un ouvrage monumental, Deux siècles ensemble (en deux tomes) :
« La participation des Juifs au mouvement révolutionnaire russe doit retenir notre attention ; en effet, l’action révolutionnaire radicale devint alors une forme d’activité de plus en plus répandue parmi la jeunesse juive. Le mouvement révolutionnaire juif est une composante qualitativement importante du mouvement révolutionnaire russe en général. Quant au rapport en nombre des révolutionnaires juifs et russes au fil des différentes années, il nous surprend. Bien sûr, si, dans les pages qui suivent, nous parlons principalement de Juifs, cela n’implique nullement qu’il n’y ait pas eu parmi les Russes un grand nombre de révolutionnaires influents : c’est notre propos qui le veut.
En fait, jusqu’au début des années 1870, seul un très petit nombre de Juifs avaient adhéré au mouvement révolutionnaire, et dans des rôles secondaires. (En partie sans doute parce qu’il y avait encore peu de Juifs parmi les étudiants.) On apprend, par exemple, que Léon Deutsch, à l’âge de 10 ans, fut indigné par le coup de feu de Karakozov, car il se sentait "patriote". De même, peu de Juifs adhérèrent au nihilisme russe des années 1860 que, pourtant, de par leur rationalisme, ils assimilaient aisément.
"Le nihilisme a joué un rôle encore plus bénéfique au sein de la jeunesse estudiantine juive que dans la jeunesse chrétienne." [9]
Toutefois, dès le début des années 1870, le cercle des jeunes Juifs de l’école rabbinique de Vilnius a commencé à jouer un rôle important. (Parmi eux, V. Iohelsohn, que nous citons plus loin, et le futur terroriste bien connu A. Zondélévitch – tous deux brillants élèves, destinés à être d’excellents rabbins ; A. Liebermann, futur éditeur de La Pravda de Vienne, ainsi qu’Anna Einstein [...] »
La jeunesse juive bolchevique qui se révolta appartenait, non pas au prolétariat, mais à la bourgeoisie et à l’aristocratie :
« Il est intéressant de remarquer que presque aucun révolutionnaire juif ne s’est lancé dans la révolution pour cause de pauvreté, mais que la plupart étaient issus de familles aisées (dans les trois tomes de l’Encyclopédie juive russe, les exemples ne manquent pas). Provenaient de milieux marchands aisés Natanson, Deutsch, Aptekman (dont la famille comptait de nombreux talmudistes, docteurs de la loi – notamment tous ses oncles), Khotinski, Gourévitch, Semion Lourié (dont la famille, même dans ce milieu, était considérée comme "aristocratique" ; "le petit Simon était destiné lui aussi à être rabbin", mais, sous l’influence de la vague des Lumières, son père, Gerts Lourié, avait confié son fils au lycée pour qu’il devînt professeur) ; la première marxiste italienne, Anne Rosenstein (entourée dès l’enfance de gouvernantes parlant plusieurs langues), les figures tragiques de Moïse Rabinovitch et Betty Kaminskaïa, Félicie Cheftel, Joseph Guetsov, membre du Partage noir, entre beaucoup d’autres. Et puis encore Christine (Khasia) Grinberg, "d’une famille marchande traditionaliste aisée", qui adhéra en 1880 à La Volonté du Peuple : son logement hébergeait les réunions clandestines, elle fut complice des attentats perpétrés contre Alexandre II, et devint même en 1882 propriétaire d’une fabrique clandestine de dynamite – puis fut condamnée à la déportation. Ne venait pas non plus d’une famille pauvre Fanny Moreinis ; elle aussi "participa aux préparatifs d’attentats contre l’empereur Alexandre II", et passa deux ans au bagne de Kara.
Certains étaient issus de familles de rabbins, telle la future docteur en philosophie Lioubov Axelrod ou Ida Axelrod. Voire encore de familles de la petite-bourgeoisie, mais assez aisées pour mettre leur enfant au lycée, comme Aïzik Arontchik (après le collège, il entra à l’École des ingénieurs de Saint-Pétersbourg, qu’il abandonna bientôt pour se lancer dans l’action révolutionnaire). » [10]
Après leur prise de pouvoir, les judéo-bolcheviques se livrèrent, notamment durant la période de terreur, à des tueries de masses, comme « l’illustrissime (pour les massacres en Crimée) Rosalia Zalkind-Zemliatchka, véritable furie de la terreur : elle était en 1917–1920, bien avant Kaganovitch, secrétaire du Comité des bolcheviks de Moscou aux côtés de V. Zagorski, I. Zelenski, I. Piatnitski. Quand on sait que les Juifs constituaient plus du tiers de la population d’Odessa, on ne s’étonne nullement d’apprendre que "dans les institutions révolutionnaires d’Odessa, il y avait un grand nombre de Juifs" » [11].
Le terrorisme juif s’est exporté hors de Russie, sous sa forme sioniste.
Le terrorisme sioniste
La première organisation armée juive sioniste, Bar-Guiora, est créée le 27 novembre 1907. L’objectif de cette organisation est de développer des fermes collectives et de les protéger. Jusqu’à cette période, la protection des communautés juives était assurée par des gardiens arabes. Les membres de Bar-Guiora étaient issus des groupes juifs d’autodéfense constitués dans les communautés juives en Russie après les pogroms de Kichinev ayant immigré en Palestine. En 1909, cette organisation s’intègre dans le mouvement Hashomer, qui après la fin de la Première Guerre mondiale compte environ 200 hommes. Ils constitueront le noyau de la Haganah.
En 1923, à Riga (Lettonie), Vladimir Ze’ev Jabotinsky, alors membre de l’Organisation sioniste mondiale, crée une organisation de jeunesse sioniste paramilitaire, le Betar (situé à l’extrême droite du sionisme comme le Parti révisionniste). Betar est le nom d’une forteresse de Judée où les révoltés juifs ont mené leur dernier combat contre l’Empire romain. C’était en 135 lors de la révolte juive menée par Bar-Kokheba.
Parmi les membre du Betar, et de l’organisation terroriste Irgoun, on compte Menahem Begin qui deviendra Premier ministre d’Israël en 1977. Proche de Jabotinsky qui a été son témoin de mariage (le 29 mai 1939), Begin intègre le Betar en 1928 et en prend la tête en 1939. Et en 1943, il intègre l’Irgoun et en prend le commandement en 1947.
En 1925, Jabotinsky fonde avec des militants sionistes le Parti révisionniste qui vise à réviser le sionisme en opposition aux sionistes socialistes et aux sionistes centristes (aussi appelés sionistes généraux) qui dominent l’Organisation sioniste mondiale. L’objectif des sionistes révisionnistes est de conquérir et coloniser par une immigration massive et par les armes la Palestine et une partie de la Jordanie afin d’établir un État juif qui s’étend jusqu’aux deux rives du Jourdain.
Au début des années 1920 a été fondée l’organisation paramilitaire Haganah (« défense » en hébreu) qui avait pour rôle de défendre les colons juifs implantés en Palestine ; elle participe également à l’Aliyah Bet [12], l’immigration clandestine de juifs vers la Palestine. La Haganah commet également des assassinats politiques, à l’instar de celui de l’écrivain juif antisioniste Jacob Israël De Haan en 1924 à Jérusalem.
L’Irgoun tsva’i l’oumi (Organisation militaire nationale) est un groupe terroriste sioniste fondé en 1931 par Abraham Tehomi qui s’est séparé de la Haganah qui est jugée trop timorée. Le premier nom de l’Irgoun est la Haganah B.
L’Irgoun a agrégé des éléments du Brit Ha’Birionim (Alliance des brigands ou Alliance des voyous) créé également en 1931 par des personnalités du Parti sioniste révisionniste. Le chef du Brit Ha’Birionim est Abba Ahiméir, plus radical que Vladimir Ze’ev Jabotinsky. Ce groupe a été créé pour combattre trois ennemis : les Palestiniens, les sionistes de gauche et les Britanniques qui veulent limiter l’immigration juive et qui ne sont pas suffisamment anti-arabes selon ces sionistes radicaux.
Ce nom, Ha’Birionim, renvoie aux Zélotes (connus aussi sous le nom de Sicaires) juifs qui se sont révoltés contre les Romains, durant la première guerre judéo-romaine (entre 66 et 73 de l’ère commune). C’était des extrémistes qui allaient jusqu’à tuer des juifs qui refusaient de se rebeller contre les Romains.
Le Brit Ha’Birionim s’inscrit dans la tradition zélotique. Leurs prédécesseurs se sont révoltés contre l’Empire romain, et eux se révoltent contre le mandataire britannique, lequel a pourtant créé le foyer national juif.
Le 16 juin 1933, Haïm Arlozoroff, membre directeur de l’Agence juive et responsable des relations politiques est assassiné car il était négociateur de l’accord passé entre l’Agence juive et le Troisième Reich afin d’organiser l’émigration de juifs allemands vers le foyer national juif. Les trois suspects arrêtés sont proches du Parti révisionniste. Un seul d’entre eux, Abraham Stavsky, est condamné en première instance, puis acquitté. Les enquêteurs britanniques remontent la piste jusqu’au Brit Ha’Birionim. Lors de son jugement, Abba Ahiméir est acquitté du meurtre, mais les documents trouvés chez lui le font condamner à 18 mois de prison pour incitation à la révolte contre le mandataire britannique.
Les sionistes créent des organisations terroristes à tour de bras. Au début des années 1940, est créé le groupe paramilitaire Lehi (acronyme hébreu de Lohamei Herut Israël, « Combattants pour la liberté d’Israël »), aussi connu sous le nom de groupe Stern, du nom de son premier dirigeant Avraham Stern.
Après la mort d’Avraham Stern, qui a été tué par les forces britanniques le 12 février 1942, le groupe Stern est dirigé par Israël Eldad, Nathan Yolin et Yitzhak Shamir, lequel fut membre de l’Irgoun de 1937 à 1940 (qu’il quitta car il considérait l’organisation trop modérée) et qui deviendra député de la Knesset (Parlement israélien) en 1973, président de la Knesset en 1977, et Premier ministre d’Israël en 1983-1984 et de nouveau de 1986 à 1992.
Le groupe Stern commet des attentats contre les Britanniques de 1941 à 1948, et contre les Palestiniens en 1947 et 1948. C’est d’ailleurs le groupe Stern qui a assassiné le 17 septembre 1948 à Jérusalem le médiateur de l’ONU, le comte Folke Bernadotte, ainsi que le colonel français André Sérot, chef des observateurs des Nations unies.
En mai 1941, le Palmah (« unité de choc ») est créé dans le but de servir de force de guérilla pour faire face à une éventuelle invasion de la Palestine par l’Allemagne. Le commandant et recruteur de Palmah est Yitzhak Sadeh, ancien commandant de la Haganah, commandant de la police juive des implantations (fondée en 1936 par les Britanniques) et futur cofondateur de Tsahal. Les membres du Palmah sont recrutés dans la Haganah.
Yitzhak Sadeh commande le Palmah jusqu’en 1945, quand il est nommé chef d’état-major de la Haganah. Il est notamment responsable des opérations contre les forces britanniques et du transfert clandestin des immigrants juifs en Palestine. L’État d’Israël dissout le Palmah en 1949, craignant qu’il devienne une force politique, mais intègre une partie des hommes pour former la première unité de parachutistes de Tsahal.
En 1948, lors de la création de l’État d’Israël, les groupes terroristes Irgoun et Léhi sont intégrés à la Haganah pour former Tsahal, « l’armée de défense d’Israël ».
Ces groupes terroristes sionistes s’attaquent aux Palestiniens pour les chasser de leur terre afin de la coloniser, et au mandataire britannique qui est considéré comme un occupant gênant qui freine la colonisation juive de la Palestine.
Des attaques sont menées contre les infrastructures et des cibles militaires britanniques. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1946, le Palmah détruit dix ponts, en octobre il attaque le camp de détention d’Atlit et libère de nombreux prisonniers.
Pour l’Irgoun « la violence politique et le terrorisme » étaient « des outils légitimes dans la lutte nationale juive pour la terre d’Israël » [13].
Parmi les attaques de l’Irgoun, de la Haganah et du Palmah on peut donner les exemples suivants :
Le massacre d’Al-Quds (Jérusalem), décembre 1937 : un membre de l’Irgoun jette une grenade sur le marché près de la mosquée Al-Quds, tuant et blessant des dizaines de personnes.
Le massacre de Haïfa, mars 1938 : des membres de l’Irgoun et du groupe Stern jettent plusieurs grenades sur le marché de Haïfa, tuant 18 personnes et en blessant 38.
Le massacre de Haïfa, juillet 1938 : l’Irgoun fait exploser des véhicules piégés au marché de Haïfa, tuant 21 personnes et en blessant 52.
L’attaque du village de Balad El-Sheikh, juin 1939 : ce village palestinien a été attaqué par des membres de la Haganah. Cinq villageois ont été enlevés et assassinés.
Le bombardement du King David Hotel, juillet 1946 : dirigé par Menahem Begin, l’Irgoun planifie et exécute l’attentat de l’hôtel King David, qui était alors le siège de l’armée britannique à Jérusalem dans le but de détruire des documents prouvant les campagnes terroristes de groupes sionistes. L’attaque a tué 28 Britanniques, 17 Juifs, 41 Palestiniens et 5 autres personnes, pour un total de 91 victimes.
L’attaque du British Officer’s Club House à Goldschmidt, mars 1947 : cette attaque à Jérusalem a tué 17 militaires britanniques et agents du renseignement.
L’enlèvement et le meurtre de soldats britanniques, juillet 1947 : une attaque ayant mené à l’assassinat de deux sergents britanniques à Netanya. « Peu de temps après, les Britanniques décidèrent de mettre un terme à leur mandat, en reléguant la Palestine à l’ONU ».
Les bombardements de la gare de Jérusalem, octobre 1947 : l’Irgoun a bombardé la gare de Jérusalem en plus de l’attaque à la mine des routes et des véhicules de l’armée [14].
Le 12 décembre 1947, l’Irgoun fait exploser une voiture piégée en face de la porte de Damas, provoquant la mort de 20 personnes.
Le groupe Stern n’est pas en reste. Il a commis des attentats et des massacres tristement célèbres :
L’assassinat de Lord Moyne, novembre 1944 : assassiné au Caire, en Égypte, Lord Moyne était le plus haut représentant du gouvernement britannique au Proche-Orient à l’époque. Le Lehi le prit pour cible en raison de son soutien à une fédération arabe du Moyen-Orient.
L’attentat à l’explosif du train Caire-Haïfa, début 1948 : à peine quelques mois avant le début de la guerre israélo-arabe de 1948, le train Caire-Haïfa a été bombardé à plusieurs reprises, des attentats revendiqués ou attribués au groupe Stern. En février 1948, une attaque tue 28 soldats britanniques et en blesse 35 autres. Une autre attaque en mars tue 40 civils et en blesse 60 autres.
Le 4 janvier 1948, le Lehi fait exploser un camion devant l’hôtel de ville de Jaffa abritant le quartier général de la milice arabe al-Najjada, tuant 15 personnes et en blessant 80 dont 20 gravement.
La nuit du 6 au 7 janvier 1948, à Qatamon dans la banlieue de Jérusalem, la Haganah fait exploser l’hôtel Semiramis dont les services de renseignement avaient signalé qu’il abritait des miliciens arabes. 24 personnes sont tuées [15].
Le 7 janvier 1948, à Jérusalem, des membres de l’Irgoun lancent une bombe à un arrêt de bus, tuant 17 personnes.
Le 18 février 1948, une bombe de l’Irgoun explose dans le marché de Ramla, provoquant la mort de 7 personnes et en blessant 45.
Le 28 février 1948, le Palmah commet un attentat à la voiture piégée dans un garage de la Haïfa arabe faisant 30 morts et 70 blessés.
L’assassinat du comte Folke Bernadotte, septembre 1948 : le comte Bernadotte, médiateur de paix de l’ONU qui était venu au Moyen-Orient en 1948 pour modifier le plan de partition de la Palestine dans un effort visant à régler les différents entre Juifs et Arabes, fut également assassiné par le groupe Stern.
Le massacre de Deir Yassin, avril 1948 : des commandos du groupe Stern et de l’Irgoun menés par Menahem Begin attaquent Deir Yassin, un village de 700 Palestiniens, tuant finalement entre 100 et 120 villageois. Le maître à penser derrière le massacre de Deir Yassin, Begin, a vanté les mérites du massacre dans son livre La révolte :
« Les Arabes dans tout le pays, induits à croire les contes sauvages de "boucherie Irgoun" ont été saisis d’une panique sans limite et ont commencé à fuir pour sauver leur vie. Cette fuite de masse a très tôt dégénéré en une folle et incontrôlable débandade. L’importance politique et économique de ce développement peut difficilement être surestimée. »
Le groupe Stern a commis 42 assassinats, plus de deux fois le total de l’Irgoun et de la Haganah combinés. Plus de la moitié de ces assassinats à mobile politique ont été perpétrés à l’encontre d’autres juifs [16].
En 1948, Menahem Begin a transformé l’Irgoun en un parti politique nommé Herut, successeur du Parti révisionniste de Jabotinsky, qui sera la composante la plus importante du Likoud fondé en 1973. Précisons au passage que Benyamin Netanyahou est le fils de Bension Netanyahou, secrétaire de Jabotinsky et proche de Abba Ahimer.
L’épuration ethnique et le génocide actuellement commis par l’armée israélienne, accompagnant le tout de destruction systématique des infrastructures civiles, continue cette tradition nihiliste et terroriste en suivant précisément les préconisations du Livre de Josué (Bible hébraïque), véritable manuel pour génocidaires.