Dans le petit milieu parisien du show-biz, des médias et de la politique, milieux d’ailleurs complètement fondus, personne n’ignore que le gros Yassine a pété les plombs depuis qu’il a été adoubé par le Président en personne. C’est le problème des parvenus trop rapidement : il n’y a plus de limites ni morales ni physiques, le melon devient un danger personnel et social, une bombe à retardement.
Depuis qu’il a le pouvoir d’un ministre (au Conseil présidentiel des villes), Belattar s’en sert à des fins personnelles, car on ne voit pas trop où la cause des banlieues a avancé avec lui : tout ce qui fait obstacle à son ambition démesurée est dégommé, comme dans un jeu vidéo, avec une agressivité pathologique. Ses tweets sont des suites ininterrompues de menaces et d’insultes. Rien détonnant à ce que ça puisse être pire en privé. Mais nous ne sommes pas juges, juste spectateurs, de la montée d’un Rastignac de banlieue (ça remplace la province dans le roman national du XXIe siècle), qui ne se sent plus pisser. Sa chute, annoncée, n’en sera que plus brutale, car son immunité ne tient qu’à un fil, celui qui le relie au mobile du Président. Sans ce bouclier, il est perdu.
Marianne a donc lâché un long papier à charge contre le communautariste musulman, selon la définition de l’hebdomadaire. Gaccio a déposé plainte contre Belattar :
« Le 24 janvier dernier pourtant, celui qui fut un peu anar dans sa jeunesse et plutôt proche de la gauche de la gauche aujourd’hui, s’est rendu au commissariat du 5e arrondissement de Paris, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, pour déposer deux plaintes : l’une pour menaces de mort et l’autre pour diffamation, visant un garçon de 24 ans son cadet, Yassine Belattar, « humoriste » très médiatique et défenseur autoproclamé de la cause des banlieues et des musulmans. »
Il est vrai que leurs échanges ne laissaient pas de doute sur l’issue du combat. Nous avions copié le tweet en date du 24 janvier 2019, au cas où il serait effacé par les protagonistes :
Gaccio, anar de gauche en faveur de la liberté d’expression (il a notamment défendu le droit à l’expression de Dieudonné), explique à Marianne pourquoi il passe par la justice bourgeoise :
« Tout a commencé par une série d’amabilités échangés sur les réseaux sociaux. Alors que nous n’avions plus de relations depuis un bail,Yassine Belattar a tweeté "trop triste pour l’ami @GaccioB qui a failli devenir Président de sa République sans bouger de St Germain des Prés".
Rien de grave mais, n’ayant pas l’habitude de laisser passer les attaques, j’ai aussitôt réagi : "Me cherche pas petit. Je te connais. T’as pas le niveau. Tu peux faire le malin avec les autres. Moi je te connais, joue dans ta catégorie. Bonne journée." Après, tout a dégénéré… ».
Nouveau tweet de Yassine Belattar : « Bruno vu que tu es un pointeur avec les femmes, j’aime l’idée que tu deviennes un homme politique de premier plan. Veux-tu vraiment ouvrir la boîte de Pandore ? Tu sais bien que non, Nono… »
Cette fois, l’ex-plume des Guignols voit rouge. « Pointeur, explique-t-il, ce n’est quand même pas un terme anecdotique, on l’utilise pour ceux qui se livrent à du harcèlement sexuel et, plus particulièrement, les pédophiles. Moi, évidemment, je sais que je ne suis pas un "pointeur" mais pour mes proches, j’ai décidé de le poursuivre en diffamation. »
Marianne, qui a quelques comptes à régler avec Belattar, suite à des accusations d’islamophobie lancées par l’humoriste, si on peut le nommer ainsi, délivre un vrai réquisitoire contre sa bête noire. La suite bascule dans le graveleux :
L’échange entre les deux hommes est alors loin d’être terminé. À en croire Gaccio, il se poursuit avec un texto de Belattar (« Nique ta mère, ça te fera du bien petit tapin ») puis un appel téléphonique qui le décide à ne pas en rester là. « Il s’est mis à hurler, a promis de venir me tuer, ainsi que ma femme et mes gosses avant d’ajouter : "Je vais enculer ta pute de mère à Saint-Etienne." »
Un tweet de Bruno Gaccio datant du 24 janvier, à 8h37 du matin, évoque cette ultime saillie de Belattar : « Merci pour ton coup de fil plein de tendresse à base de sodomie sur ma maman. Je vais déposer une main courante. »
Presque deux mois plus tard, l’ancien animateur de Canal+ assume pleinement le dépôt des plaintes. « J’accepte les insultes, les noms d’oiseau, mais là un seuil insupportable a été franchi. »
Marianne explique alors que cette agressivité trouve sa source dans une collaboration professionnelle passée au sein du groupe Canal+. Belattar n’y a pas laissé une trace très appréciée, et a souvent invoqué le racisme ou l’arabophobie pour expliquer ou résoudre ses problèmes relationnels. Marianne appelle ça la « défense victimaire ». On ne poussera pas le pion trop loin dans ce domaine, tant l’hebdo de Jean-François Kahn puis de Maurice Szafran est tombé lui aussi dans le communautarisme, mais d’un autre genre que celui de Belattar. Ce n’est pas le sujet du jour.
Pour ceux qui sont intéressés par les règlements de comptes dans les médias parisiens, la suite est ici.
Le cas de Yassine Belattar rappelle celui de Jamel qui, au milieu des années 90, a été promu à une vitesse extraordinaire par le Système, afin de renouveler l’offre politique à la jeunesse et de coller à une nouvelle audience. Jamel était le vecteur idéal des ingénieurs sociaux pour socialiser les jeunes des banlieues, SOS Racisme ayant échoué dans l’entreprise.
D’ailleurs, François Hollande, en difficulté sur le terrain, ira le chercher avec ses mécènes. L’affaire ne donnera rien, mais Macron récidivera avec Belattar, croyant se mettre ainsi le vote des banlieues dans la poche. Une illusion persistante de politiciens déconnectés...
Pour l’Arabe promu et choisi par les fées du Système, le fardeau est lourd à porter, même si l’argent et la notoriété sont offerts sur un plateau. Il faut avoir les épaules solides pour supporter ce pouvoir, s’en servir à bon escient et ne pas écraser les autres. Mais ce comportement est tellement typique du milieu que le cas Belattar se noie dans un océan de rapports humains pourris. On saisit avec l’affaire en cours toute la perversion et les dégâts collatéraux de l’idéologie antiraciste.
Pour équilibrer un peu les choses, Marianne, après avoir entendu toutes les victimes de Belattar, admet avoir fait un dossier à charge contre le chouchou du Président :
Fin 2017, le 15 décembre très exactement, Marianne avait publié un article très critique, d’aucuns diront à charge, le concernant. Sa réaction sur Facebook fut cinglante et, comme toujours, un brin menaçante : « Chers amis racistes. Vous voulez ruiner ma carrière, me faire passer pour ce que je n’ai jamais été, faire de moi votre nouveau Dieudonné… Pour faire une guerre il faut être deux, mais sachez que j’ai une putain d’armée… Elle est métissée et il y a de tout… Il y a des limites à ne pas franchir. Vous allez perdre, ce n’est pas une menace mais une promesse. PS : je ne craquerai pas ».
Si la rédaction de Marianne n’a pas eu depuis à affronter la « putain d’armée » en question, Belattar a persisté dans ce qui semble être son mode de communication préféré avec quiconque ose s’opposer ou simplement lui déplaît, pour une raison ou une autre. Ses démêlés avec le journaliste du Figaro Alexandre Devecchio et l’ancienne compagne de celui-ci, la journaliste Noemie Halioua, tous deux l’accusant de les avoir menacés « d’égorgement » lors d’une dispute - ce qu’il nie - ont agité la Toile en mars 2018.