Il y a un quart de siècle, le député UDF (giscardien) Bernard Stasi sortait un livre intitulé L’immigration, une chance pour la France. Une phrase qui lui sera ressortie à chaque fois que des racailles commettront des exactions. C’est devenu une expression consacrée. Le Front national et ses sympathisants s’en sont emparés pour montrer les dommages collatéraux de l’immigration massive en France, avant même que ne soit déclenchée l’opération « Des millions de clandestins pour l’Europe », que nous subissons aujourd’hui.
« Le noyau dur du problème se situe bien dans la confrontation d’une France de tradition chrétienne et de statut laïc face à une communauté étrangère importante, peu à peu intégrée juridiquement à la citoyenneté française, mais dont les comportements moraux, familiaux et civiques sont totalement imprégnés de son appartenance au monde musulman. (…) L’État, paralysé par l’affirmation constitutionnelle de sa laïcité, et plus encore par une certaine conception frileuse de cette laïcité, se sent impuissant à reconnaître, voire à situer, ce qu’est désormais devenu l’Islam sur la terre de France. (…) Il faut prendre clairement conscience des exigences qui résultent d’un phénomène de cette ampleur. » (Extrait du livre de Bernard Stasi, le pyromane pompier)
Pendant plus de trois décennies, depuis la Marche des Beurs en 1983, le pouvoir politique a essayé de résoudre ou d’endiguer la crise des banlieues. Qui est le résultat d’une crise industrielle au départ, rappelons-le. Et qui est devenue une crise sociétale : beaucoup de Français se demandent pourquoi les autorités en charge du pays injectent du migrant dans une nation en crise économique, sociale et confessionnelle.
Le Parti socialiste, dans les années 80, qui perdait son socle électoral ouvrier du fait de la crise industrielle, a cru bon de le remplacer par le socle électoral immigré. Toute l’opération électoraliste a consisté à arroser les banlieues de prébendes, c’est-à-dire acheter les voix. Les problèmes n’ont pas été réglés, Roland Castro et ses amis se sont fait des couilles en or avec leurs constructions « citoyennes » et « utopistes », mais la banlieue est restée aussi pauvre qu’avant. Il y avait juste des associations en plus, ces faux-nez du socialisme à la française, quelques salles de sport et des mamans qui faisaient de la bouffe africaine.
Sous Chirac puis Sarkozy, la droite a plus joué sur la répression, personnalisée par le très ambigu Charles Pasqua. Mais les immigrés continuaient à entrer dans le pays au rythme officiel de 150 à 200 000 par an : il y avait bien continuité de l’État en la matière ! Sous Hollande, les immigrés ont été l’objet de toutes les attentions afin de sauver le quinquennat, mais le président déchu ne se représentera pas, sûr qu’il était de ne pas passer le premier tour (merci les sondages secrets) : il valait mieux partir avec honneur (genre « je fais don de mon renoncement à la France ») que de subir une énième humiliation publique.
La méthode Macron c’est quoi ? Pas de méthode !
Je ne vais pas vous annoncer un plan ville ou un plan banlieue, cette stratégie est aussi âgée que moi.
Le premier plan de la sorte a été présenté par Raymond Barre. Cela a apporté des choses, mais on est au bout de ce que cela a pu produire avec cette méthode. #LaFranceUneChance pic.twitter.com/hGLLTZ9uL9— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 mai 2018
Vint le petit Prince, Emmanuel Macron, qui lui allait tout chambouler, vous allez voir ce que vous allez voir, le refrain habituel de l’hôte de Élysée. Le 22 mai 2018, il recevait les banlieues en son palais en la personne de Yassine Belattar pour présenter son plan, après avoir balancé à la poubelle celui de Borloo.
On sait à l’avance le destin du plan Macron « La France, une chance pour chacun » : une fois la lumière des caméras coupée, la grand-messe des incantations républicaines, le théâtre des volontés braillées vont se dissoudre lentement dans le suc de la haute administration.
Or il n’y a pas de solution miracle pour les banlieues : le clientélisme à la sauce socialiste a mené à une catastrophe multiple – achat coûteux de la paix sociale, politique de racket dite des « grands frères », commerce de la drogue et blanchiment associatif (à la Théo), poussée de la revendication islamiste –, la répression à la Sarkozy (la politique du kärcher) n’a rien résolu, bien au contraire, les émeutes de 2005 ayant servi de tremplin pour son élection…
Les habitants des quartiers s'y sentent souvent enfermés par un plafond de verre. Aujourd'hui on les remet au cœur. Bienvenue à l'@Elysee !#LaFranceUneChance pic.twitter.com/SIgSxrnUwE
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 mai 2018
Après ce mille-feuille de foirages intégraux, plus ou moins volontaires, l’exécutif tente une nouvelle médecine pour soigner les banlieues de leur mal endémique : pauvreté, voire misère, chômage massif (entre 20 et 50% selon les comptages), violence, Éducation nationale et services publics débordés... Pour cela, Macron fait appel à Yassine Belattar, le Jamel des années 2010. Yassine a pour mission de remettre l’immigré au cœur de la République ou une connerie dans le genre. Il est la preuve vivante (100 kilos de preuve) que le pouvoir est contre la discrimination et le racisme :
Responsable de l'UNEF voilée : "Une femme voilée n'est pas l'épouvantail de la société française", assure Yassine Belattar pic.twitter.com/FEcNUtFmNB
— BFMTV (@BFMTV) 27 mai 2018
Comme si c’est le « racisme » – et donc les Français nationalistes ou fascistes – qui condamnait les banlieues... Yassine, on le rappelle, c’est le comique qui considère que les jeunes Français partis se battre pour Daech en Irak et en Syrie ne sont que des garnements et que la France doit leur rouvrir ses bras :
« Dans ‘’#Djihadiste français’’, il y a le mot ‘’français’’ ! Si mon gamin fout le bordel à un anniversaire je vais pas dire ‘’gardez le et on verra comment on le calme’’ » - @BelattarYassine dans #SLT pic.twitter.com/lWl8BC38P7
— Les Terriens ! (@lesterriens) 19 mai 2018
Flanqué de son député de toutes les banlieues, un peu à la manière du député des Français de l’étranger Meyer Habib, Macron abat son jeu : purée, que des as ! Au moins 5 ou 6 de toutes les couleurs !
Pour que le visage des quartiers change. #LaFranceUneChance pic.twitter.com/8NGzit2jn5
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 mai 2018
Son dévoué Mounir Mahjoubi, en charge du Numérique au gouvernement, sonne la mobilisation générale :
Donner à chacun la même chance de réussir dans la vie pour que chaque parent regarde ses enfants en se disant que tous les destins sont possibles. Mobilisation générale pour l’emploi, le logement, la formation, l’éducation et la sécurité partout en France. #LaFranceUneChance pic.twitter.com/cRV5kN3cXZ
— Mounir Mahjoubi (@mounir) 22 mai 2018
Pour les courageux, le discours complet du président pour sauver les banlieues, après le stand up de Belattar et le « speed dating républicain » (les témoignages des acteurs sociaux de la banlieue) :
LIVE | Loin des idées reçues sur les banlieues et des annonces sans effets, on change de méthode. #LaFranceUneChance https://t.co/cyGAu6A13O
— Élysée (@Elysee) 22 mai 2018
Vendre le libéralisme à ceux qui en souffrent
On se rappelle qu’il y a une décennie, Sarkozy avait promis qu’à la fin de son mandat, plus un seul SDF ne dormirait dehors, foi de président. Évidemment, cinq ans plus tard, il y avait encore plus de SDF dans les rues, suite à l’application de son programme économique libéral.
Macron veut libérer les énergies en banlieues, casser les codes et tout ça, sur le modèle de sa visite en Inde où il avait enjoint les étudiants à « ne jamais respecter les règles » :
C’est bien le message qu’il veut faire passer, derrière l’écran de son amour pour la banlieue : que le libéralisme défonce toutes les règles, et que les pauvres se débrouillent au milieu des ruines et de la fumée. C’est cela, le programme de Macron. Il envoie aux habitants des quartiers un grand « débrouillez-vous », avec la promesse d’emplois ubérisés à mort.
« Alors que le chômage touche un quart de la population et un tiers des jeunes de ces quartiers, le chef de l’État a appelé les 120 plus grandes entreprises françaises à "prendre leur part" sur l’emploi et l’apprentissage, en diversifiant les embauches (avec des tests anti-discrimination dans les trois ans) et en proposant des stages aux élèves de 3e (15.000, soit autant que l’État). » (La Provence)
Une petite conférence technique sur l’immigration et la France :