Juan Branco a un CV en or et une expérience en béton du terrain de la politique, à en faire frémir toutes les belles-mères rebelles. Les cheveux en pétard, celui qui est passé de 8.000 euros par mois au RSA pour ne pas avoir voulu se faire corrompre par un monde obscène, ne manque pas d’atours séduisants. Invité presque nulle part, chargé récemment dans un article de L’Express, ce sont des brevets de résistance qui nous parlent. Mais chez E&R il nous en faut davantage. C’était donc parti pour 2 heures de visionnage.
Cette fois c’est Thinkerview qui invite notre fringuant avocat. Qu’on nous excuse cet aparté mais Thinkerview nous intrigue : comment une telle chaîne Youtube venue de nulle part a pu, dès ses premiers invités, recevoir de telles personnalités de marque ?
Ce n’est en tout cas pas au présentateur, dont on ne sait pas grand-chose, que l’on doit un tel succès. Connu pour couper la parole de façon imprévisible, glissant des incises bien souvent sans intérêt et qui tombent à l’eau, s’essayant à des phrases alambiquées finissant en queue de poisson, il irrite beaucoup d’internautes qui lui reprochent de couper le rythme d’une phrase ou d’une idée de l’invité. Pire – et encore plus mystérieux – les invités semblent toujours impassibles voire indifférents à ses sorties abracadabrantes, avec une mine complice et même parfois un tutoiement suspect.
Mais c’est promis, si celui-ci a le courage d’inviter Alain Soral ou Dieudonné un jour, nous promettons de réévaluer notre jugement !
Revenons donc à notre sujet (d’autant qu’ici les révélations du petit Branco vont rendre l’animateur plutôt taiseux, pour notre plus grand plaisir).
Pendant deux heures, donc, Juan Branco va dévider la bobine, tirant sur un fil qui s’allonge et entraîne avec lui tout un tas de belles figures de l’oligarchie : Xavier Niel, Bernard Arnault, Mimi Marchand, Gabriel Attal, Emmanuel Macron, etc. Et nous devons l’avouer, une fois que l’on a accroché aux 5 premières minutes, on reste nous aussi lesté au fil qui se déroule. Bien sûr, tout lecteur d’E&R ne découvrira que peu de choses nouvelles dans cette abécédaire mafieux fait de copinages et de coucheries, de rentes bien grasses, d’exploitation du bien public mais aussi du peuple français (et d’ailleurs), mais quand cela vient de la bouche d’un (jeune) homme du Système qui en a même parfois un peu croqué, on se dit que bon sang on n’était pas complotistes pour rien – comme ils nous appellent.
Bien sûr, le petit Juan s’arrête là où les problèmes commencent. Comme l’avait dit Alain Soral, lors d’une conférence mythique organisée par Robert Ménard en 2009 sur la liberté d’expression, en introduction de son allocution, et après avoir écouté sagement les longues tirades de Pascal Boniface et du représentant de la Ligue des droits de l’homme (qui venait de le faire condamner pour ses propos (!)) :
« Alors évidemment j’applaudis des deux mains à tout ce qui a été dit à cette petite nuance près qu’il n’a rien été dit. Parce que commencer le débat c’est dire qui sont les vigilants, sur quels sujets on est systématiquement diabolisés et qui a les moyens de faire condamner et qui ne les a pas. Tant qu’on n’a pas dit ça on n’a strictement rien dit. Et c’est quand on va commencer à dire qui que la température va monter de 10°C. »
Ainsi Juan Branco, non seulement n’aborde pas les sujets qui fâchent, mais de surcroît reste engoncé dans son logiciel gauchiste désespérant. C’est le prix à payer pour le spectateur, mais parce que nous ne sommes pas sectaires, nous l’avons payé. Pour le plaisir quelque peu coupable d’entendre toutes ces vérités qui raffermissent nos convictions et nous rassérènent dans notre lutte.