On a bien regardé, on n’est nulle part : ni dans les invités de prestige, ni dans les bouche-trous. Les lauréats du Prix 2019 des Assises Internationales du Journalisme de Tours sont tous de gauche, bien-pensants et pro-Système. Imaginez, c’est truffé de rejetons de Libé, Mediapart, Charlie ou Télérama ! Normal qu’il n’y ait pas de place pour nous.
On pensait pourtant que le pluralisme, les opinions différentes, tout ça… Mais non. Il fallait appeler le truc les Assises du Journalisme de Gauche pro-Système 2019, ça aurait été plus honnête. En même temps, comme dirait Manu de l’Élysée, se taper Franck Riester, notre ministre des Crevettes qui touche pas un caramel en culture, c’est pas notre tasse de thé russe. Le jeune pédératchik [1] a enchaîné les clichés à peine du niveau d’un médiocre science-potard :
« Le ministre de la Culture s’est dit “choqué par les révélations de la ligue du LOL”. Il a, dans ce contexte, rappelé avoir “réuni [il y a deux jours] les éditeurs de médias audiovisuels pour signer une charte contre la violence sexuelle et sexiste”. Il souhaiterait ainsi que “cette charte soit étendue à tous les médias”. Il a aussi montré son engagement en faveur de plus de diversité dans les médias et son attachement à la création d’une instance d’autorégulation de la profession, malgré les débats que cette idée suscite chez les éditeurs de presse et les syndicats. »
Plus de diversité ? Ah, de couleur et de sexe, pas d’opinions, on a cru un instant qu’on avait notre place dans la grande famille pluraliste des médias. Bref, que de la techno-daube, avec un morceau d’anthologie : dans le chapitre « Garantir l’indépendance des journalistes », Francky-le-charisme délivre son idée de génie...
« Le ministre de la Culture a également dit s’engager pour fournir plus d’aides à la presse. “Nous réfléchissons par ailleurs à la meilleure manière d’étendre les aides au pluralisme aux services de presse en ligne”, a-t-il annoncé. »
- Le charisme de Franck Riester...
Ça ne vous fait pas tilt ? Garantir l’indépendance des journalistes ET fournir des aides à la presse en ligne… Chez nous ça s’appelle acheter l’indépendance des journalistes. S’ils se laissent faire, c’est leur problème. Puis on a eu droit au sempiternel topo sur la haine et le complotisme, ça devait bailler dans la salle :
« Autre initiative : un appel à projet national, “destiné à soutenir des projets consacrés à la compréhension du travail journalistique et du fonctionnement des médias et à la lutte contre les fausses informations, le complotisme et les contenus haineux”. D’après le ministre de la Culture, il sera lancé “dans les prochaines semaines”. »
Franchement, avec Francky-la-lumière, le Système est sauvé. Ah, la dernière idée lumineuse sortie de la tronche d’un stagiaire du ministère :
« En clôture de son discours, Franck Riester a annoncé vouloir inclure “un volet éducation aux médias dans le service national universel”. »
Les ignorants peuvent jeter un œil au SNU ici. On comprend que c’est mal parti : le SNU veut fabriquer des défenseurs de la Nation mais sans les braquer, sans leur faire peur avec l’autorité... La guerre en BD et en rap déguisés en drag queens, ça va donner !
Toute cette enfilade de conneries est rassurante quelque part : ces résidus de la réussite à la française n’ont pas un gramme d’imagination. De ce côté-là, du côté des solutions originales, on les bat à plate couture. Mais c’est la raison pour laquelle ils sont aussi cons et bornés, et donc dangereux. Entre leurs mains, la Nation dépérit.
Ce genre de raout qui réunit un entre-soi mafieux pour une branlette collective rappelle la déplorable soirée des César. Les salles se vident, les navets envahissent le champ culturel, les lobbies censeurs font la loi, et toute la bande des voleurs de feu s’entre-félicite. Pareil pour la presse : ça fait 20 ans que les têtes pensantes du système médiatico-politique cherchent des solutions à la crise de la presse, du journalisme, des lecteurs, mais la crise, c’est eux !
Message aux invités permanents des Assises stériles du Journalisme
Ne cherchez pas, la solution à la crise de la presse, c’est nous. Quant aux organisateurs de ces Assises (voir l’indécente liste des partenaires), apprenez que la presse crève lentement mais sûrement de la consanguinité entre Politique et Médias, ce que vous incarnez bêtement.
La chaîne RT, qui n’a pas été invitée, a poussé le professionnalisme jusqu’à faire un sujet sur les Assises, avec une bonne baston grâce à Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM TV, et Gabin Formont, du média Vécu :
On remarque que personne n’a remarqué notre absence. Comme si ça allait de soi !