Le tueur d’extrême droite norvégien Anders Behring Breivik revient devant les juges cette semaine, cette fois-ci dans le rôle d’accusateur, poursuivant l’État pour traitement « inhumain » et « dégradant » en prison.
Le procès, qui risque de raviver de douloureuses blessures, aura lieu de mardi à vendredi dans le gymnase de la prison de Skien, au sud-ouest d’Oslo, où Breivik est incarcéré.
Lui qui a un jour écrit que les droits de l’Homme étaient un concept « utilisé pour éradiquer une civilisation entière au nom de la tolérance et la diversité » accuse la Norvège de violer deux clauses de la Convention européenne des droits de l’Homme : l’une interdisant les « peines ou traitements inhumains ou dégradants », l’autre garantissant le « droit au respect de sa vie privée (...) et de sa correspondance ».
Depuis qu’il a été arrêté le 22 juillet 2011 après avoir tué de sang froid 77 personnes, l’extrémiste de 37 ans est détenu dans un régime de très haute sécurité, à l’écart des autres prisonniers.
Ses contacts avec l’extérieur sont très strictement contrôlés. Sa correspondance est passée au crible par l’administration pénitentiaire et les visites, rarissimes, sont presque exclusivement le fait de professionnels, derrière une paroi de verre.
Cet isolement lui inflige des « séquelles évidentes », argue son avocat Øystein Storrvik.
« Il est très stressé », a-t-il expliqué à l’AFP. Au début, « une de ses principales activités était d’étudier, mais maintenant il a arrêté et c’est selon moi un signe que l’isolement est néfaste à sa santé psychologique ».
Breivik a maintes fois qualifié ses conditions de détention de « torture ».
Dans une lettre envoyée début 2014 à l’AFP, il menaçait d’entamer une grève de la faim s’il n’obtenait pas gain de cause sur 12 exigences, certaines surréalistes comme cette demande d’une Playstation 3 à la place de la PS2 mise à sa disposition.
Cette fois-ci, ses griefs soulèvent des questions plus fondamentales. Et « si nous y sommes obligés, nous irons aussi jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme », a prévenu M. Storrvik.