Cette femme est-elle jeune ou vieille ? De profil ou de trois quart ?
Regardez-y à deux fois avant de répondre...
... parce qu’on appelle ça une image polysémique.
Cela dit pour vous donner à réfléchir, amis lecteurs, avant de vous parler du personnage qui s’est imposé récemment dans le paysage médiatique mondial avec la soudaineté d’un Mohammed Atta revenu d’entre les morts. J’ai nommé le sieur Breivik. Anders de son prénom.
Il existe désormais une extrême droite maçonico-sionisto-islamophobo-euronationalisto-néo-templière. La preuve : Breivik. Le givré norvégien aura au moins réussi l’exploit de démontrer l’existence de ce truc, aussi improbable dans la pure logique d’Aristote que prévisible dans la logique beaucoup moins pure structurée par la Guerre de Quatrième Génération.
On glosera beaucoup sur la question de savoir si Breivik fut manipulé, et si oui, dans quelle mesure. Pour ma part, je pense peu probable qu’un individu ayant, apparemment, transité par une loge maçonnique, puisse ensuite entreprendre ce genre d’opération sans qu’à un moment quelconque, quelqu’un, quelque part, décide ou de le laisser faire, ou, à tout le moins, de se désintéresser de lui en se disant que, ma foi, s’il passe aux actes, ce ne sera pas plus mal.
Quant à démêler le vrai, le faux, le sombre, le clair et le clair-obscur, dans cette histoire de tireur d’élite siphonné mais surentraîné, et de policiers norvégiens aussi rapides à la détente que des pilotes de F16 américains un 11 septembre, je ne m’y risquerais pas. Allez savoir. Dans une certaine mesure, il est possible que Breivik ait vraiment été incontrôlé. La situation en Europe approche du point où ce genre de profils va hélas se multiplier.
Et puis, de toute manière, j’oserais dire : peu importe. La question n’est pas là. Dans le Fourth Generation Warfare qu’on conduit sous nos yeux et contre nous, l’important n’est pas le réel, mais la perception qu’en a la cible – c’est-à-dire, pour faire court, l’opinion publique. Sauf à pouvoir prouver l’existence d’une manipulation, preuve très difficile en général dans ce type de situation, peu nous importe donc que Breivik ait été manipulé. Si nous avions une preuve, nous pourrions l’utiliser pour modifier la perception du public. Mais nous ne l’avons pas. Cherchons-la, on ne sait jamais. Mais préparons-nous surtout à devoir « bouger » sans avoir, sous la main, la moindre preuve à ce sujet.
« Bouger », mais en quel sens ? Voilà la question qui devrait nous préoccuper.
Soit la ligne suivante : paralyser la communication adverse en récupérant / retournant / déviant le sens du cycle de violence que cette communication veut évidemment enclencher.
Explication.
Sauf pour les rares ahuris qui croient encore que le « choc des civilisations » oppose réellement un Islam unitaire regroupé sous la bannière du Jihad wahhabite à un Occident unitaire regroupé sous la bannière étoilée (d’étoiles de David), rares ahuris qu’on trouve d’ailleurs, instant comique, soit sur Fdesouche soit sur Forsane Alizza, il est désormais évident que le vrai combat du XXI° siècle opposera l’alliance instable des oligarchies prédatrices à l’alliance (encore à construire) des peuples victimes de leur prédation.
Tout le monde a compris que la première phase de ce combat est la construction de l’alliance des peuples. Et tout le monde a compris que la stratégie de l’alliance des oligarchies, à ce stade, est donc logiquement d’essayer de rendre impossible l’alliance des peuples en opposant les peuples les uns aux autres. Le cas Breivik peut-être, et son utilisation par les médias du système sûrement, s’inscrivent tout à fait dans cette stratégie de la tension.
Comme il est impossible d’empêcher cette instrumentalisation, il faut prendre appui sur elle pour incuber une représentation imprévue par les stratèges du système : ce n’est donc pas « l’extrême droite » qui a commis cet attentat, mais la franc-maçonnerie pro-sioniste. Peu importe qu’il se soit agi d’une manipulation ou pas : ce qui compte, c’est que le responsable était, avant tout, un franc-maçon pro-sioniste. La ligne de fracture suggérée par l’attentat d’Oslo devient donc : l’Islam wahhabite d’un côté, conquérant et financé par l’Arabie Saoudite, et l’Occident sioniste et maçonnique en face.
Et nous ? Ma foi, dans un conflit entre francs-maçons pro-sionistes et sunnites wahhabites, nous autres chrétiens (ou païens) européens, nous sommes aussi neutres que, disons, les sunnites opposés au wahhabisme, ou les chiites iraniens.
Voilà le message qu’il faut passer. Il présente l’avantage de structurer une catégorisation qui renvoie implicitement à l’explosion de l’alliance des oligarchies, et non à l’impossibilité d’une alliance des peuples. Dans le contexte actuel, voilà la représentation des faits qu’il faut promouvoir, en utilisant les modestes outils de diffusion dont nous disposons. Si ce travail de parasitage est bien conduit, il interdira la constitution des clivages que l’oligarchie veut fabriquer et aggraver jusqu’au point de rupture.
Le reste, c’est-à-dire la question de savoir qui a manipulé comment l’autre barjo scandinave, c’est en fait très secondaire. Pourquoi se préoccuper d’un timbré ridicule, du genre à se déguiser tantôt en Dictateur façon Chaplin, tantôt en figurant d’un JCVD ? Ce qui compte, c’est le sens que nous allons donner à son acte, et notre capacité à faire partager ce sens à l’opinion, pour brouiller la perception structurée par les propagandistes institutionnels.
N’oubliez jamais une chose : le vrai message, c’est celui qui reste quand la mémoire a recouvert le fait avec d’autres faits. Or, cela est prouvé médicalement, ce sont les catégories qui subsistent quand l’énoncé lui-même a été oublié. Le véritable enjeu de l’affaire Breivik n’est pas dans l’énoncé. Il est dans les catégories qui servent à énoncer. Peu importe que vous disiez une chose ou son contraire : la vraie question est de savoir si vous allez dire quelque chose d’extérieur aux catégories imposées.
Alors arrêtez de vous prendre la tête avec le Viking too-much-TV. Il y a mieux à faire : faire parler son acte, mettre dans la bouche de nos contemporains les mots que nous emploierons pour décortiquer sa pensée (si l’on peut appeler ça une pensée).
Allez, au boulot !