On savait déjà que la mission première des médias était de nous seriner à longueur de journée que les juifs c’était super et les nazis vachement mal et aussi que les Français c’est franchement moyen parce que les Israéliens c’est beaucoup mieux. Mais on ne pensait pas qu’ils toucheraient à Belle et Sébastien. Au Patrimoine. Aux 30 Glorieuses. À la France éternelle.
- Les nazis sont méchants
(comprendre Netanyahu est gentil)
Si on est quasiment tous d’accord pour dire que les nazis c’est pas bien, cela ne veut pas automatiquement dire que les juifs c’est bien. C’est justement là que se situe le saut qualitatif, le chaînon manquant qui fait surgir doute et questions. Surtout qu’il n’y a pas de rapport entre les nazis d’hier et les juifs d’aujourd’hui, à part le retournement politico-moral : ceux qui étaient pourchassés hier pourchassent aujourd’hui leurs tourmenteurs, ou plutôt, les descendants des persécutés d’hier ou ceux qui s’arrogent cet héritage, pourchassent ceux qu’ils accusent d’être dans la filiation nazie. Chacun peut constater, des deux côtés, une certaine dégradation dans la pureté, ou la clarté originelle : néonazisme et néosionisme ont des frontières volontairement floues. Ce qui permet de fourrer, côté sioniste, pas mal d’ennemis politiques dans le même sac. La situation actuelle ressemble à une partie d’échecs où les blancs pousseraient leurs pions, pendant que les noirs seraient paralysés. Attaque permanente d’un côté, défense interdite de l’autre !
Même raisonnement avec les tutsis (voyez, on n’est pas dans la judéobsession) : ils ne sont pas devenus des anges du jour au lendemain parce que les hutus ont voulu les éradiquer du Ruanda. Ni Charlie Hebdo lisible parce que sa rédaction a été décimée. En écrivant cela, nous ne faisons certes pas acte de soumission à l’émotion dominante, mais tous les esprits honnêtes ou lucides devront l’admettre. Simple « realhistorik », cette proche cousine de la realpolitik.
On constate à propos de l’affaire Kouachi/Charlie que Val et Fourest, ces grands responsables de l’effondrement déontologique et commercial du journal (en virant Siné, Val virera… la moitié du lectorat !), sont partis en mai et octobre 2009 cachetonner dans les médias dominants (Radio France, France Télévisions, Le Monde) après avoir transformé cette gazette satirique beaufophobe en bombe arabophobe à retardement. Ces agresseurs qui s’en prenaient à des catégories sans défense, travaillant objectivement, objectivement, c’est-à-dire dans le même objectif, pour l’axe américano-sioniste, ont volé, tripoté et déformé le bébé de Choron & Cavanna pour en faire un monstre politiquement radicalisé.
C’est ce passage de la condition de victime à une supralégitimité, synonyme de supériorité et d’impunité, qui pose problème. D’accord pour ne pas être antisémite, pas d’accord pour devenir mécaniquement supersioniste ! Piège du choix binaire : soit Hitler, soit Netanyahu. Vous ne pouvez pas être pro-Hitler, alors vous serez pro-Netanyahu. Par pitié, pour les sionistes comme pour les antisionistes, arrêtez de glisser du supersionisme partout : on a compris le message, et laissez les enfants tranquilles !
Belle et Shabastien ?
- Belle (la petite juive), Shabbastien (le petit garçon), et un ours blanc
Belle et Sébastien est une série française diffusée sur la première chaîne de l’ORTF, la maison mère de toutes les chaînes, à la rentrée 1965. Elle raconte l’histoire de l’amitié entre un petit garçon et un chien blanc, un gros berger des Pyrénées, dans les montagnes des Alpes-Maritimes, pendant les années 60. Près de 50 ans plus tard, le réalisateur Nicolas Vanier, à qui l’on doit des films sur la nature et l’amitié, la neige et les loups, s’empare du sujet pour tourner un remake. Mais le tournage nécessite une rallonge, parce que Vanier veut tourner en conditions naturelles, et sur trois saisons. Et tourner en extérieurs, a fortiori en montagne, présente des risques : annulation de journées de tournage, qui sont budgétées, car les équipes (70 techniciens) sont quoi qu’il arrive payées, déplacements difficiles, climat dur (-15°C lors d’un coup de manivelle à Bessans, une vétille pour un Vanier habitué à des -50), acteurs exténués dans la neige, décors vulnérables, comme ce fut le cas pour Coppola avec Apocalypse Now, quand un typhon philippin détruisit tout le dispositif (et 10 % du budget du film), ou Leos Carax avec ses Amants du Pont-neuf et la reconstruction du pont près de Montpellier… anéanti par un orage. Des équipes de techniciens payées à la journée, sauf chez Kechiche, mais c’est une autre histoire.
Et quand un film dépasse la norme (5 millions d’euros de budget moyen pour un long métrage français), il faut aller chercher du financement, outre Gaumont, du côté des producteurs sur la place. Le film coûtera au final 10,5 millions d’euros, et en rapportera 27 avec ses trois millions d’entrées, soit une culbute de 250 %. La suite est déjà tournée, qui sortira à la fin de l’année 2015. On craint le pire : Belle et Sébastien déportés, mais qui réussissent à s’échapper sur la route des camps en grignotant les planches du train et en mordant un vichyste musulman déporté par erreur, pour débarquer en pleine zone de guerre dans les Carpates, où nos deux amis seront hébergés par le petit-fils communiste du comte Dracula.
Pour en revenir au sérieux, les producteurs (Clément Miserez, mari d’Alessandra Sublet à la ville, et le très gauchiste Gilles Legrand) ont imaginé une trilogie, avec Sébastien qui grandit. La suitopathie, ou maladie de la suite, touche désormais le cinéma français de plein fouet. C’est la victoire des producteurs sur les réalisateurs et accessoirement les auteurs, c’est-à-dire le système américain. Ça nous pendait au nez, avec l’admiration que le monde du cinéma dit français voue à Hollywood en particulier et aux Américains en général. Cependant, soyons réalistes, la trilogie permet de faire des économies d’échelle : un gros tournage coupé en trois n’équivaut pas à trois mais à deux tournages en termes financiers. C’est le pari risqué mais réussi de Peter Jackson avec les Studios : le réalisateur refusera les maigres 75 millions de dollars accordés par Bob Weinstein contre deux films, pour recevoir le feu vert de New Line Cinema, une filiale de Warner, pour une trilogie monstre à 580 millions de dollars. Qui rapportera 11 Oscars, et deux milliards (de dollars) dans le monde entier.
- Toutes nos excuses, cette photo n’a rien à voir avec le film
Des chiffres qui font rêver… Nicolas Vanier, qui n’est pas le dernier en matière de merchandising. Même si cet aventurier a commencé sa carrière dans le pur et le dur, il a remarquablement su s’adapter à l’exploitation moderne des exploits écologico-sportifs. C’est le Nicolas Hulot des glaces. Pour exemple, il sort en 2008 son film Loup, le roman Loup, le livre des photos du film Loup, et enfin la BD, en 2009, intitulée sobrement Loup. On espère qu’il n’a pas déposé le terme à l’INPI, ce serait dommage pour ceux qui veulent encore parler de loups gratuitement.
Vanier ajoute un petit quelque chose à la version originale de Belle et Sébastien, qui était bucolique, poétique, un peu trop France des années 60, quoi. Les gens avaient tous un boulot, ils nageaient dans des histoires locales moins graves que la mondialisation ultralibérale ou le chômage structurel, qui touchera la Maurienne et sa production d’aluminium dans les années 80, même si Technolac hisse aujourd’hui la région au premier rang français en matière énergétique (solaire, hydraulique et électrique). C’est le cluster français numéro un dans le domaine. Le pôle de compétitivité mécatronique de la vallée de l’Arve représentant à lui seul 60 000 emplois industriels. Cette région riche en hydroélectricité (merci les fleuves en pente) a logiquement longtemps concentré une puissante industrie chimique dans les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, jusqu’en 1975 et le premier choc pétrolier. C’est grâce à ce tissu industriel, aujourd’hui délité ou recomposé ailleurs, que les montagnards n’ont pas migré en masse vers les bassins d’emplois classiques français. Le chômage français lourd, c’est la tranche d’hexagone du haut (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute et Basse-Normandie), et du bas (Languedoc-Roussillon et PACA). Actuellement, les deux Savoie tirent 50 % de leurs revenus du tourisme, qu’on appelle aussi or blanc. Les villages de Haute-Maurienne et la région Rhône-Alpes se sont donc associés avec gourmandise au projet de Vanier. Fermeture de la parenthèse macroéconomique.
Jusqu’où va se nicher le sionisme
- Le lieutenant allemand : « En fait vous faites comme moi monsieur le maire, vous chassez des bêtes nuisibles » (15’39)
Le réalisateur explique pourquoi il a plongé son remake en pleine Guerre mondiale :
« C’était un parti-pris esthétique car je ne voulais pas montrer la montagne telle qu’elle est devenue aujourd’hui (...) [Cela] m’a permis de renouer avec une dimension essentielle de la série : l’aventure, le voyage et la notion de passage. La guerre et la fuite des Juifs vers la Suisse s’inscrivaient parfaitement dans cette continuité. »
Là, Nico nous prend pour des marmottes : pourquoi ne pas avoir tourné en pays basque avec des militants de l’ETA pourchassés par les GAL ? Il est vrai que les producteurs basques ne courent pas les rues, à Paris.
Les amateurs de cinéma l’auront deviné : mieux que la propagande informationnelle officielle, lourde et écoeurante, la propagande fourrée dans le culturel permet d’avaler la farce avec la dinde tout en trouvant ça goûteux. Les premiers visés sont les enfants : gobeurs d’images, leur esprit critique, cette hache qui sépare le bon du mauvais, n’est pas encore formé, et tout est fait pour qu’il soit définitivement broyé par l’Éducation nationale socialiste, sans jeu de mots. Pour attaquer une structure, d’abord détruire ses défenses, puis prendre la place. Une cartouche de Sion est prête à farcir tout produit culturel innocent. Rien que pendant la semaine commerciale Charlie, Arte, France 5 et LCP ont programmé plusieurs séries de documentaires sur le nazisme et les juifs : trois pour Arte (Auschwitz, 70 ans après), deux pour LCP (Mussolini-Hitler, l’opéra des assassins), et une pour France 5 (J’étais enfant à Buchenwald). L’info étant déjà farcie jusqu’à l’os, le culturel résiste mal à un suppositoire tellement énorme qu’on ne voit plus que lui, alors qu’il aurait dû rester discret.
- En pleine confusion nationale,
LCP table sur les valeurs sûres
La discrétion du sionisme fut sa force, l’ostentation est sa faiblesse. Car seule la propagande indétectable est efficace. Alors pourquoi avoir forci la dose ? Parce que la propagande, sous les coups de boutoir du Net, perdait en crédibilité. Du coup le suppo s’est changé en bombe atomique. Maintenant, le pouvoir fait le chemin l’inverse : il doit réinjecter de l’information – plus ou moins trafiquée – autour du sionisme, pour que ce dernier n’agisse pas en répulsif total !
Quelle que soit la pression, la sionisation de la France ne peut aboutir. Car plus la pression augmente, plus le rejet grandit. L’antisionisme ou l’antisémitisme que les associations communautaires constatent en ajoutant des petits bâtons n’est paradoxalement et en grande partie que le résultat de leur mainmise croissante sur la décision politico-médiatique, pas un effet de leur existence, dont tout le monde se foutrait, en République, si l’on vivait réellement en République.
- Ces deux juifs sont heureux : ils échappent
à la Shoah ET aux interviews de Claude Lanzmann