Béa Bach est la plume de la Section Santé d’Égalité & Réconciliation, un collectif de professionnels. Elle anime aussi une émission santé sur ERFM Le B.A.-BA de Béa Bach. Elle nous parle du coronavirus et de la tyrannie sanitaire dont il est le prétexte.
Rivarol : L’origine de l’épidémie fait encore débat, mais savez-vous comment expliquer la propagation du Covid-19 à l’échelle planétaire ?
Béa Bach : Effectivement, il existe la thèse de l’origine humaine du virus, soutenue notamment par le biologiste virologue et prix Nobel Luc Montagnier. Cette plausibilité scientifique a légitimement poussé la curiosité de certains à s’interroger sur le contexte de cette création, et à se demander si sa propagation n’avait pas, elle aussi, reçu un petit coup de pouce. S’il est normal et sain de réfléchir sans a priori et de rechercher la vérité, je n’ai en revanche aucun élément inédit à fournir. Ce qui revient à faire une réponse courte : en dehors de l’augmentation et de la mondialisation des échanges, je ne sais pas expliquer sa propagation ! Et encore : dans la mesure où les historiens ont retrouvé des traces de pandémies meurtrières jusque dans l’Antiquité, il faut sans doute considérer la mondialisation comme un facteur aggravant, mais aggravant seulement, parmi d’autres.
D’ailleurs, en dehors de la constante temporelle – la fameuse courbe en cloche –, toutes les formules existent : de petits foyers infectieux mortifères et des pandémies très étendues, mais moins sévères en terme de mortalité. Les épidémiologistes, quant à eux, expliquent qu’une pandémie est un écosystème, dont il serait très présomptueux de prétendre connaître et maîtriser toutes les composantes. Souvenez-vous : au début de l’année, une simulation par intelligence artificielle (IA) avait prédit que le coronavirus pourrait contaminer jusqu’à 2,5 milliards de personnes en 45 jours, dont plus de 50 millions pourraient mourir des suites de la maladie. Pour la beauté du chiffre, il fallait sans doute faire mieux que la grippe espagnole !
Cela prouve qu’il existe des facteurs subsidiaires et des conditions d’évolution inconnues, que même les programmes IA sont incapables de prendre en compte. En définitive, les réactions du vivant restent adaptables et souvent imprévisibles. Ainsi, il y a la réalité de la propagation – dont il faudra attendre la fin pour faire le bilan –, et le buzz qu’on fait sur sa prédiction. Toute cette profusion de chiffres et de graphiques apocalyptiques sert au moins de leçon : elle nous apprend la nécessité de séparer la propagation, l’ampleur et la gravité d’une pandémie, qui sont une chose, de son écho médiatique, qui en est une autre. Il n’y a pas nécessairement de rapport de proportionnalité entre les deux.
Car si la maîtrise d’une pandémie est incertaine, sa propagation médiatique en revanche peut être, au choix, ignorée ou parfaitement orchestrée. Par comparaison, d’autres pandémies ont eu lieu dans un passé récent sans tambours ni trompettes. La grippe A (H3N2) de Hong Kong a fait le tour de la planète en 1968-1969, sans aucune mesure gouvernementale ni aucun battement médiatique, le tout pour un total d’un million de décès, dont 31 000 en France. Il est donc possible de la minimiser ou au contraire de la faire mousser, formule écrite avec tout le respect que l’on doit aux personnes tombées malades ou décédées. Mais il faut « appeler un chat un chat », et réfléchir à quel intérêt il y avait à forcer le trait.
Comment jugez-vous la gestion de la crise sanitaire de la « première vague » du Covid-19 par le gouvernement Macron ?
La gestion de la crise a été – et est toujours – perturbée par des facteurs qui dépassent de beaucoup le domaine de la santé. C’est ce qui, à mon avis, a contribué à donner cette impression de tâtonnement et d’incohérence, sur un arrière-fond de magouilles. Puisque les opérations de communication – inhérentes à l’exercice du pouvoir dès lors qu’on œuvre pour y rester –, font feu de tout bois, on pourrait dire que la pandémie a offert un excellent combustible !
D’abord l’utiliser à des fins politiques en cherchant un rassemblement de tous contre l’ennemi viral, se présenter comme le sauveur de la nation, trouver le
prétexte idéal pour asseoir des mesures fortes contre lesquelles il serait vain de
s’opposer – puisqu’on ne peut pas manifester contre un virus –, en passant par
le camouflage de la gestion défaillante des stocks de masques et la divulgation de conseils prophylactiques aménagés en conséquence.
Le professeur Raoult n’a cessé de marteler qu’il fallait s’éloigner de la politique pour revenir à la médecine. Mais en l’état actuel, est-ce vraiment possible ? Et qu’est-ce qui sous-tend les décisions politiques ? Certes cela n’a pas toujours été le cas, mais aujourd’hui en 2020, il faut prendre pour base de réflexion le fait que le domaine de la santé fait se croiser des lignes de force très contradictoires et sans doute irréconciliables. La nécessité, irréductible à notre parcours sur Terre, de garder et de rétablir sa santé d’un côté ; la possibilité de faire plus d’argent grâce à plus de maladies de l’autre. De préférence des maladies pérennes dans le temps, c’est-à-dire chroniques, ou étalées dans l’espace, c’est-à-dire mondiales. Pour bien soigner, nous avons besoin d’humanité et d’un certain sens du service, d’expériences pratiques thérapeutiques qui marchent, et de scientifiques pour les expliquer.
Pour faire de l’argent, il faut 1) un ou plusieurs médicaments pour chaque maladie, 2) que les gens restent malades, 3) vacciner les biens-portants. Un potentiel énorme qui n’a pas échappé aux pionniers de l’industrie du médicament, il y a un siècle. Depuis, les tentacules du marché du médicament ont tout verrouillé. Ce qui est rassurant, c’est qu’à peu près tout le monde a compris qu’il y avait une histoire de gros sous et de conflits d’intérêt, même les plus craintifs ou les plus obéissants. Ce point-là est au moins une base commune de discussion. En revanche, le grand public est en majorité très naïvement respectueux de la science : « le Comité scientifique », ça fait sérieux et ça sait de quoi ça parle ! Dans la mesure où les dessous du petit monde de la Recherche scientifique lui sont encore inconnus, invoquer la science avec un grand S impressionne toujours le téléspectateur, qui lui accorde volontiers sa confiance les yeux fermés.
Dans les faits, l’argument d’autorité scientifique joue souvent le rôle de veto pour clore toute discussion, très religieusement, pourrions-nous dire. Ainsi, la science a été dévoyée de sa mission première d’expliquer les phénomènes observés, puisqu’elle sert aujourd’hui de garant pour imposer une décision discutable et faire taire toute contestation. Pourtant, des publications scientifiques prestigieuses nous ont appris ces dernières années que la plupart des résultats des publications scientifiques sont faux (John Ioannidis), que les expériences ne sont pas réplicables en majorité (test de Amgen — Science 2016).
On pourrait également évoquer le problème éthique du recours à l’évaluation par les pairs, le peu de temps de cerveau disponible qu’il reste au scientifique pour son objet d’étude une fois qu’il a réussi à en boucler le financement, ou les diverses techniques à la limite de la tricherie qui sont connues dans le monde de la recherche. Il faut que le public se rende compte que, malgré sa bonne réputation et son aura, la science au sens large, telle qu’elle est organisée aujourd’hui, traverse une crise majeure. Tout comme la médecine d’ailleurs. Les travers de l’étude Discovery en ont fourni un bon exemple. Cela fait partie de l’énorme problème que nous avons à surmonter.
Le port du masque est-il pour vous une mesure efficace pour contenir le virus ?
Pas plus le confinement que le port du masque ne sont en valeur absolue de bonnes ou de mauvaises mesures. Ces constantes polémiques sont un exemple typique de la pensée dichotomique, où une question/décision/action ne peut être que blanche ou noire, sans variation ni nuances. Et c’est à cela que nous pousse le jeu médiatique tout comme celui des réseaux sociaux : une joute entre deux camps radicaux où la mise en perspective et la finesse d’interprétation n’ont plus de place. Le résultat a toute les chances de devenir un affrontement dogmatique laissant peu de place à la réflexion, à la dialectique ni même au bon sens. Nous en avons déjà l’expérience avec l’impossible discussion sur la vaccination, où toute interrogation sur le sujet revient à se faire cataloguer « antivax » immédiatement. Mais dans la mesure où à une force s’oppose toujours une contre-force, l’inverse est également vrai. C’est le cas quand l’esprit contestataire a priori s’affranchit trop promptement de certaines lois biologiques ou réalités statistiques manifestes. Car le courant des approches alternatives a également sont lot de pépites. (Mais peut-être certaines sont-elles construites de toutes pièces pour décrédibiliser cette approche largement anti-médicament). Dans tous les cas, c’est dommage et dommageable, car pendant que les enfants-citoyens sont occupés à se chamailler à coup d’opinion à l’emporte-pièce sur le masque ou la vaccination, les grands groupes oligarchiques en profitent pour faire passer leurs intérêts. Et nous, citoyens, quelles que soient nos opinions, sommes les éternels perdants.
Pour en revenir au masque, tout est question de contexte. Il serait par exemple incongru de le remettre en question en chirurgie. À l’hôpital également puisqu’en effet, c’est un des endroits où l’on peut faire de très mauvaises rencontres microbiennes : certains en ont perdu une jambe ou la vie. La formation du personnel soignant, tout autant qu’une forme de culture commune sur les règles d’hygiène, y permet d’ailleurs une efficacité d’utilisation optimum. Mais comment justifier que ce qui est nécessaire en un lieu confiné rassemblant de nombreux malades doive s’appliquer avec le même degré d’exigence à la population générale, dans un espace sans promiscuité, et de surcroît en plein air ?
Le concept de protection collective bat de l’aile quand on se tient masqué à un mètre de distance pendant la réunion de dix heures à midi, pour aller le quart d’heure qui suit joyeusement tous ensemble faire une table de douze convives au restaurant. Ainsi, le niveau de conviction général est moyen, et la pédagogie qu’il faudrait déployer pour changer les choses a toutes les chances d’être peu convaincante : essayez de conseiller aux vacanciers d’emporter un parapluie à la plage, au prétexte qu’il est toujours possible qu’il pleuve ! Je doute que vous ayez beaucoup de succès. Obliger au port du masque dans telle rue, et l’autoriser la suivante, comme ça a été le cas il y a peu, relève d’un manque de logique qui n’échapperait pas à un enfant de 5 ans. On avait le nuage radioactif qui ne passait pas la frontière, on a maintenant le virus qui ne traverse pas la rue !
Ainsi, les gens se masquent contraints, sans certitude du bien-fondé de la manœuvre pour la plupart, ou bien avec l’excès de zèle caractéristique de la peur, de la méconnaissance, ou du fayotage. Résultat : des masques qui passent plusieurs fois par jours de la poche au visage, ou des masques en tissu qui ne sont pas lavés très souvent. C’est-à-dire inutiles. En définitive, le port du masque est devenu une mesure d’apparat, pour ne pas avoir d’ennui et éviter les contraventions. Donc dans ce cas, si ça sert, c’est à bien autre chose qu’à la prophylaxie.
Existe-t-il en France un mouvement « anti-masque » ?
Les premiers mouvements anti-masque étaient étrangers (États-Unis, Québec, Allemagne) mais la France semble aujourd’hui leur emboîter le pas. Peut-être que le grand flou et les injonctions paradoxales qui continuent de pleuvoir sur les Français y ont été pour quelque chose. Après avoir prétendu que cela ne servait à rien au début de la pandémie, la saga continue. Dans un temps très court, on a décrété le masque obligatoire pour les cyclistes avant de finalement les autoriser à ne pas en porter. Le Premier ministre a appelé à « éviter les fêtes familiales » mais aussi à « aller au cinéma et au théâtre ».
Question à poser au Premier ministre : est-il possible d’aller au cinéma et au théâtre en famille ? Au delà de l’inconfort, des toxiques inhalés et des réactions allergiques diverses, chacun commence à prendre la mesure des conséquences à long terme du port du masque. Car un monde sans contact est incompatible avec l’humanité. Les professionnels de la petite enfance seront incapables de tenir les recommandations officielles sans créer de sérieuses carences : comment bien s’occuper d’un bébé quand on porte un masque ? Encore une injonction paradoxale. C’est un parfait exemple de la double contrainte à laquelle il est impossible d’obéir sans désobéir. Soit je m’occupe comme il se doit des enfants qui me sont confiés, et je ne porte pas de masque, soit je me résous à porter le masque, et ne suis plus en mesure de bien faire mon travail. Plus largement, nous avons tous besoin de voir, de toucher, de sentir et câliner. La distance et l’absence de contact poussent à la déshumanisation du rapport à l’autre, et laissent s’effilocher la qualité de la relation.
Ainsi, la logique et la cohérence de l’obligation du port du masque devenant périlleuses, et la liste de ses effets secondaires s’allongeant, il ne reste plus que la ressource de gérer la situation à coup d’amendes et de répression. Avec le risque de franchir la limite de ce que peuvent supporter les Français. Manifester contre le masque, c’est afficher plus ou moins clairement qu’on a compris a minima que le jeu n’en vaut pas la chandelle, voire qu’on a parfaitement saisi les dessous de l’affaire. Dès lors, c’est un engagement symbolique dans le refus de se soumettre, qui a toute les chances de provoquer un durcissement en face. Notre positionnement vis-à-vis du masque est peut-être décisif.
Pensez-vous qu’une « seconde vague » est actuellement possible ?
Il y a un piège classique dans cette façon de penser. Se focaliser sur les virus ou les bactéries est une façon tronquée et partiale d’envisager la manière dont le corps fonctionne et se détraque. Dans les faits, nous cohabitons depuis toujours avec toutes sortes de virus, et cela ne va pas s’arrêter de sitôt. On fait des virus des sortes de mercenaires microscopiques qu’il faut craindre comme les envahisseurs des douces contrées sans défenses que seraient nos corps. C’est un discours classique, d’obédience toute pasteurienne, qui confond l’agent et la cause de la maladie. Cela conditionne en réalité toute la logique de la médecine contemporaine, qui liste les maladies comme des entités extérieures, auxquelles il faut répondre de façon palliative. Il faut inlassablement répéter les limites de cette vision belliciste de la maladie, tant elle est ancrée comme une vérité indépassable.
Avec cette « seconde vague », il ne s’agit même plus des microbes en général, mais de ce virus-ci. Nous montons d’un cran dans la désignation précise du bouc émissaire. Pourtant, lors de ces derniers mois, on a eu le temps d’expliquer en long, en large et en travers que la mortalité n’était pas due au virus, mais au virus sur des organismes âgés, déjà très affaiblis par plusieurs autres pathologies. Cela illustre parfaitement la fameuse phrase attribuée à Pasteur sur son lit de mort, prononcée comme un mea culpa : « Béchamp avait raison, le microbe n’est rien, le terrain est tout ». Il faut d’ailleurs faire remarquer que le propre d’un virus, c’est sa mutation.
C’est bien tout le problème du vaccin saisonnier de la grippe : on prend une souche active dans un endroit du monde pour élaborer un vaccin, mais le temps qu’elle arrive chez nous, la souche a muté, et la clé du vaccin prêt à la commercialisation n’est plus tout à fait adaptée à la serrure du virus… Il ne s’agira donc pas d’une seconde vague de ce premier virus, mais de sa deuxième version, en attendant éventuellement une troisième ou quatrième, etc. Une traque décourageante et sans fin attend tout ceux qui ne comprendront pas la nécessité de changer la façon d’envisager la maladie et la santé.
Heureusement, quelques discours sensés parviennent à se faire entendre dans les médias mainstream. Il y a à peine quelques jours, le docteur Toubiana nous a (encore) très justement rappelé que les nouveaux cas de contamination ne sont pas des malades : « Nous sommes en face d’une épidémie sans malade ! » dit-il. Et d’en expliquer la logique : « Dans le paquet cadeau du confinement il y avait obligatoirement la seconde vague ». « Cette deuxième vague était prévue… et elle n’est pas venue ! » avant de conclure : « C’est surtout une épidémie de l’angoisse ». CQFD. Il y a une conclusion positive à tirer : cette pandémie est l’occasion de redécouvrir la critique de la pensée pasteurienne, qui sert si bien les intérêts mercantiles du premier marché du monde.
Les politiques de vaccinations massives sont l’objet d’une méfiance importante dans la population. Ce phénomène vous semble-t-il justifié ?
Absolument ! Oui, il est justifié de se méfier des politiques de vaccinations massives. Il faudrait au minimum individualiser la vaccination, si tant est qu’elle était nécessaire, et dans tous les cas mieux s’assurer de sa sécurité. Mais bien qu’important, ce débat est en réalité secondaire. Il y a un double constat à faire : la vaccination représente un intérêt financier majeur et un vide conceptuel sidéral. En gros, vacciner rapporte, et il faut vacciner parce que… c’est comme ça ! Cette équation représente intrinsèquement un risque très inquiétant, tout en fait en dehors du champ thérapeutique.
D’abord la manne financière. Encore une fois, les faits sont parlants. C’est au moment où la vanne des nouveaux médicaments s’est tarie, faute de découvertes brevetables, que les services marketing de Big Pharma ont jeté leur dévolu sur les vaccins. Et accessoirement sur les thérapies ciblées contre le cancer, mais je laisserai ce dernier point de côté. Les vaccins en effets sont le produit sur lequel il fallait miser : le marché des bien-portants est plus grand que celui des malades, et des lors qu’il y a une obligation, le marché devient captif. Il n’y a pas plus rentable que de vacciner la population mondiale.
Ensuite, le parti pris pasteurien établi comme un dogme : personne n’a le droit de remettre en question cette pratique et de poser la question de son efficacité. Les arguments avancés par les tenants de la vaccination, c’est-à-dire le monde politique et ses experts médicaux, n’ont pas changé depuis des années, malgré de très nombreux travaux aux références solides qui viennent en contredire les fondements. Les différents auteurs sont systématiquement boycottés dans les médias traditionnels, et se retrouvent sur les médias dissidents que nous représentons. Pourtant, le dogme vaccinal est très éloigné de la vérité scientifique ou de la précision historique. Et cela commence à se savoir. Il faut juste lire un peu pour s’en rendre compte.
L’urgence sanitaire pourrait-elle devenir une justification pour réduire les libertés individuelles et collectives à l’échelle planétaire ?
Difficile de penser autrement ! Le scénario que nous avons vu se dérouler devant nous en illustre le phénomène en toute transparence. Nous avons bel et bien enchaîné les réductions de libertés individuelles, aux moyens de lois, décrets, ordonnances, arrêtés, et décisions de justice, le tout expliqué par l’urgence sanitaire. Il était dès lors indispensable de les justifier pour nous convaincre de leur bien-fondé. Mais convaincre n’est pas suffisant, car toute décision peut être méthodiquement critiquée et remise en question. Exemple : la Suède a très bien réussi à gérer la situation en faisant un autre choix que le confinement. Et comme les mesures liberticides sont toujours susceptibles de provoquer une réaction si elles sont amenées trop frontalement, il va de l’intérêt des politiques et de leurs communicants d’avoir recours à la persuasion, pour nous y faire adhérer volontairement. Toute la manipulation médiatique consiste alors à faire entrer de l’émotion dans les débats, ce qui est très facile dans un champ qui touche à l’intégrité du corps, à la souffrance et à la mort.
On peut retrouver dans la gestion télévisuelle de la crise tous les ressorts de la propagande popularisée par Edward Bernays, passé maître dans l’art de manipuler l’opinion publique, afin qu’elle adhère à un projet politique et économique sans contrainte apparente, dans un décor de démocratie et de liberté. Je ne reviens pas sur le comptage des morts quotidiens en direct, et autres redondances : chacun a pu constater combien ce sujet a été intensément nourri et entretenu dans les esprits. On a assisté au montage d’un climat de panique que les statistiques de mortalité ont bien du mal à justifier aujourd’hui. Les discours alarmants, les recommandations exagérées ou les interdictions contradictoires sont eux aussi des vecteurs efficaces d’insécurité et de peur, deux éléments très préjudiciables à la résistance immunitaire d’une part, tout autant que très favorables à la moindre résistance aux mesures liberticides.
La pollution et les ravages de la surconsommation semblent bien plus dangereux pour la santé que le Covid-19. Ces fléaux ne sont que timidement combattus. Pourquoi selon vous ?
Ils le seront peut-être un jour ! Cela dépend de leur capacité à dégager un profit, et de leur taux de rentabilité. Dès lors que l’intérêt général disparaît au profit des règles du marché, on ne peut s’attendre à un autre résultat. Tout angélisme sur la question devient une naïveté par manque de vision globale. Par exemple, les percées de la médecine dite intégrative, qui reste un beau projet en soi, ne sont permises que parce qu’elles intéressent les investisseurs qui « sentent » les aspirations de la population à une prise en charge plus globale, avec moins d’effet secondaires. Mais il s’agit le plus souvent d’offre d’appel marketing, ne remettant finalement rien en question sur l’approche thérapeutique elle-même, mais qui fait miroiter un emballage « tendance » avec du saupoudrage « doux et holistique ».
Ateliers de coiffure et de maquillage destinés aux cancéreuses, diététique, groupe de parole, cours de yoga ou réflexologie plantaire sont apparemment un progrès. Et sont appréciés par les malades. Mais ce qui coûte cher aux uns et rapporte gros aux autres, et qui reste le pilier du soin, ce sont les traitements chimiothérapiques classiques. Cela revient à promettre au malade qu’il pourra mieux s’exprimer et qu’il sera mieux coiffé, mais pour le reste, rien de nouveau sous le soleil. Cette mainmise mondiale de l’industrie pétrochimique sur la santé, en en faisant le premier marché mondial – avant le marché des armes ou du pétrole –, est la glu qui empêche toute saine action, ou tout véritable progrès, qu’il soit scientifique ou thérapeutique. L’horizon est bouché, et il faudrait de gros bouleversements pour changer les choses. La période que nous traversons est critique, mais permet d’espérer : nous sommes sur le fil du rasoir.
Quels sont les bons réflexes en matière de santé ?
Maintenir une population en bonne santé est une affaire compliquée par de nombreuses interférences. Nous avons déjà eu l’occasion de parler plus haut du fléau du libéralisme marchand et des travers de la recherche scientifique. Il faut y rajouter l’absence de lois et de principes fiables qui puissent guider la médecine, les conditions très antinaturelles de nos vies majoritairement citadines, ou encore la disparition de la liberté thérapeutique. On pourrait continuer la liste… Le constat à faire, c’est que la médecine telle qu’elle est pratiquée, que ce soit à cause de mauvais diagnostics, de traitements inadaptés ou de la toxicité des médicaments, est devenue aujourd’hui aux États-Unis la troisième cause de mortalité.
Alors que faire en attendant des jours meilleurs ? Se souvenir tout d’abord que la santé n’est pas un dû, mais un cadeau à cultiver. Il suffit de la perdre pour comprendre – trop tard – à quel point elle était précieuse. L’hygiène de vie est primordiale, en évitant l’écueil de tomber dans un fanatisme mal placé qui transforme des règles de vie saines en prison sclérosante. La joie de vivre, la bonne humeur, les pensées constructives, les projets stimulants et l’investissement dans une cause utile à l’intérêt général sont d’excellents moyens de combattre le stress. Se débrouiller pour avoir le moins possible, et le moins vite possible, besoin d’avoir recours à une médecine palliative. Pour cela, s’orienter vers une médecine réellement préventive et de terrain, celle qui ne coûte pas grand-chose à la société, et qui rapporte beaucoup en qualité de vie.
Entretien réalisé par Monika Berchvok