Plus de voile intégral et de niqab dans les écoles. En Algérie, un arrêté du ministère de l’Éducation nationale interdit le port de tenues destinées à dissimuler le visage dans les établissements scolaires pour les élèves, les enseignants et les surveillants. Si leur visage est caché, les fonctionnaires n’auront plus le droit d’exercer notamment en période d’examen, précise le texte. Face au poids des islamo-conservateurs, le ministère se sent obligé de justifier cette interdiction par la lutte contre la triche dans les examens scolaires. D’ailleurs, cette décision crée déjà un début de polémique, sur fond de place du religieux dans l’école. Les islamo-conservateurs dénoncent une « atteinte à la liberté des filles voilées » dans les écoles.
[...]
La ministre, cible des islamistes
Depuis l’élection du président Abdelaziz Bouteflika en 1999, les promesses de réformes se sont heurtées à ses alliés conservateurs. En mai 2014 le ministère de l’Éducation nationale est confié à Nouria Benghebrit, une anthropologue francophone diplômée de l’université Paris V et membre du Conseil économique et social des Nations unies.
Depuis sa nomination, celle qui a promis de réformer l’école est la cible de campagnes violentes des milieux islamistes mais aussi de conservateurs soutenant le gouvernement tels que le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND). Pour les islamistes, les réformes de la ministre sont une « agression contre les enfants et l’identité du peuple algérien ».
Les tentatives de déstabilisation à l’encontre de la ministre vont parfois loin. Il lui est régulièrement reproché une connaissance approximative de la langue arabe ou encore d’être de « descendance juive ». Ses détracteurs utilisent le fait que son père, recteur de la grande mosquée de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, a caché des enfants juifs.
En septembre, un photomontage de son fils sortant d’une synagogue de New-York, kippa sur la tête, a circulé sur les réseaux sociaux. Si certains la soutiennent, beaucoup de ses collègues du gouvernement restent silencieux face à ces attaques. Répondant récemment à la fronde contre les manuels scolaires, la ministre a demandé à ses adversaires de « laisser l’école tranquille ».