Alexandre del Valle refourgue son « occidental pride » dans tous les colloques géopolitiques de France et de Navarre. Il dénonce le masochisme national générateur de culpabilité, porte d’entrée selon lui de la plus grande menace qui pèse sur notre civilisation : l’Islam. Et dans Islam, il y a Mal (ça, c’est de nous). Un retournement très vallsien : commencer par l’antisionisme, pour finir dans le sionisme le plus total. Valle/Valls, même combat ?
« Dans son article premier, la loi de 1905 précise : “La République ASSURE la liberté de conscience.” D’où il faut déduire et conclure que tout organisme qui ne respecte pas la liberté de conscience ne peut prétendre au statut de culte, d’Eglise, de religion. L’islam ne peut donc être considéré comme une religion selon le droit français. (NDLR : en effet l’apostasie est punie de mort en islam donc la liberté de conscience est bafouée par l’islam.) L’islam est une croyance, une doctrine, une idéologie mais pas une religion ! » (Extrait du blog d’ADV)
L’idée d’ADV est donc que l’Islam n’est pas une religion, mais une idéologie (puisque cette pseudo religion ne reconnaîtrait pas le droit d’exister aux autres religions), et qui gagne du terrain chez nous en avançant masquée. Déjà, nos banlieues ressemblent à celle d’Alger, de Kabul ou d’Islamabad, nos églises vides sont remplacées par des mosquées bourrées à craquer (des bombes humaines ?), et le péril vert intérieur est exacerbé par la présence sur notre sol de dizaines de milliers de jeunes déracinés, enrôlés potentiels de l’islamisme (le vrai nom de l’Islam), puis envoyés sur tous les terrains de Jihad du monde pour nous revenir chargés de désirs meurtriers et bardés de dynamite. Carrément l’Armageddon. La version catastrophiste d’ADV est sans nuance. C’est la guerre des civilisations (la dominée contre la dominante, mais ça, on ne le dit pas), une menace que le VRP de l’occidentalisme brandit depuis ses jeunes années de diplômé de Sciences Po Aix. À ce propos, curieusement, on note que le penseur précoce a vite sauté dans le train de la politique en marche, allant de colloque en colloque, de congrès en congrès, portant la bonne parole du renouveau occidentaliste. Une croisade, un croisé, quoi.
Sauf qu’il n’est pas souvent question de Jésus et d’amour, à part peut-être pour sauver les chrétiens d’Orient, massacrés par les hordes de fanatiques durement drogués par le salafisme ou le wahhabisme. Une vision très américaine des choses, pour ne pas dire israélienne. Même si, à ses débuts de penseur géopolitique, Del Valle (qui s’appelle probablement Marc d’Anna), était proserbe et antiaméricain, car ces derniers appuyaient les musulmans du Kosovo. Jusqu’au 11 Septembre, et sa conversion à l’américanisme, idéologie qui carbure depuis à l’anti-islamisme.
Soudain, alors que les chrétiens ne sont effectivement pas toujours respectés dans le monde musulman, on s’intéresse à eux, on les médiatise, on exhibe leur souffrance. Dès qu’il s’agit de montrer l’Islam du doigt, on se souvient des chrétiens (puisque visiblement la ficelle ne fonctionne plus avec les juifs), et la grosse caisse médiatique se met en branle. Or, l’indifférence – pour ne pas dire un certain sadisme – à l’encontre des chrétiens a longtemps été un invariant des médias français.
Que s’est-il passé pour que d’un coup, les chrétiens ne soient plus de grotesques beaufs, fascisants, rétrogrades, sans intérêt ?
L’axe américano-israélien anti-islamiste. La survie d’Israël. Qui a besoin d’un appui populaire dans sa lutte contre l’Islam conquérant, en France et dans le monde. D’ailleurs, Del Valle assure, comme son maître à penser Michel Korinman, qu’Israël est bien la première défense de l’Occident dans le monde arabe en particulier, et musulman en général. Une barrière à la fois symbolique et physique, puisqu’il y a désormais un mur de 700 km en Israël, qui coupe la « Cisjordanie », ou ce qu’il en reste, en trois. Sans compter le saupoudrage des colonies, qui porte le total des colons israéliens à 500 000, une population en forte croissance. En effet, les Israéliens mènent une guerre de fécondité avec les Palestiniens, arrivant à un score de 7,7 enfants par femme colon ! Un État palestinien ne pourra donc jamais voir le jour, et les intellectuels français qui chantent le contraire (Askolovitch, Finkielkraut), sont des menteurs ou des idiots. Le fond de l’affaire est donc bien la question sioniste, même si Ras l’front suppose que del Valle opère une alliance provisoire avec les sionistes face à un ennemi commun [1].
La thèse de Del Valle est classique, et tout bon internaute qui zone sur les blogs polémiques depuis 2002 la connaît par cœur. Il est évident – le constat de départ est une réalité – que la France souffre d’un complexe de culpabilité… inculqué. Mais là où la thèse dérape, c’est quand Del Valle aborde la liste des responsables de cette intoxication : en vrac, les mouvements antiracistes de gauche (qui eux-mêmes ne sont pas manipulés ? allons), les marxistes (ah bon, il en reste chez nous ?), l’empire hédoniste-consumériste universel (c’est plus prudent que de citer directement l’idéologie mortifère des États-Unis), les droits de l’homme (qui sont une création de, des… ?) , les minorités tyranniques (on est d’accord, encore faut-il avoir le courage de les citer), et surtout l’islamisme, qui « subvertit l’antiracisme pour nous conquérir en nous culpabilisant ». Bizarre, on a l’impression qu’il manque quelque chose, mais quoi ? Aucune des parties de ce, non pas complot pluriel, mais « convergence structurelle de plusieurs pôles de puissance concurrents », qui seraient « hostiles à l’État-nation occidental et la civilisation chrétienne », ne possédant la puissance médiatico-politique suffisante pour ne serait-ce qu’initier la quasi-destruction du patriotisme français à laquelle nous assistons.
Pourtant, dans sa diatribe pro-France et anti-Islam, ADV (ou MDA) frôle à maintes reprises la solution. Et la frôle si bien qu’on se demande s’il a tout simplement le droit d’aborder la question, non pas juive, mais sioniste. Évidemment, à la lecture de ses productions intellectuelles, on comprend vite d’où il parle : toutes les figures rhétoriques de ce « consultant international » ramènent à une position sioniste. À l’inverse des noyeurs de poisson, parlons clairement : depuis que les musulmans français sont devenus une menace pour les juifs français, les chrétiens sont appelés en renfort contre les musulmans, alors qu’avant, les musulmans, envoyés contre les chrétiens, coupables de tous les maux, étaient protégés et armés par l’antiracisme, idéologie officielle de l’axe sioniste/socialiste, incarné par Julien Dray et soutenu par BHL. Le danger chrétien étant écarté – pour l’instant – il s’agit désormais de réduire le danger musulman, quitte à revitaliser (en le contrôlant) l’esprit chrétien d’un pays qui s’est longtemps vu interdire la parole dans les médias. Et c’est encore le cas : il n’est qu’à voir comment a été reçue Béatrice Bourges chez Ardisson cet été, avec une Delphine Batho qui refusait tout débat, arguant que la meneuse du Printemps français ne représentait qu’elle... On parle (à la place) des chrétiens, mais ils n’ont toujours pas accès au micro.
Les chrétiens contre les musulmans… Un jeu tordu qui rappelle la politique américaine au Proche-Orient : un, détruire le nationalisme et/ou la gauche arabes en misant sur l’Islam, deux, détruire les islamistes au nom de la démocratie et/ou de la chrétienté. On est en plein dedans, avec le spectaculaire épisode EIIL qui tombe à pic. Il ne s’agit que de contrôle par le jeu des oppositions et des destructions. Le vivre-ensemble, cher à nos amis idéalistes, il repassera. Et trépassera.
« Nombre de nos contemporains, en Europe de l’Ouest, souffrent eux d’un désir à peine rentré d’apocalypse par procuration. Conjurer la fin de l’Histoire par la fin d’une histoire, celle d’Israël. Accomplissement de la décolonisation ! Finie la nation anti-hégélienne qui s’obstine à l’heure où nous allons nous fondre en un bloc plus ou moins européen ! Et jusqu’à la Shoah s’en trouvera normalisée, puisque viendra s’annuler le miracle de la réparation du génocide par la fondation de l’État hébreu ! » (Michel Korinman, Outre-terre n°9, 2004)
Ainsi, ceux qui connaissent un peu le parcours de ce chevalier pourfendeur des trois totalitarismes rouge-brun-vert (communiste, fasciste et islamiste), ne s’étonneront pas des conférences qu’il donne ou vend à tout ce que la France compte de faux-nez de la pensée dominante. Ce bon élève du sionisme de droite a fertilisé, entre autres, de son pollen pseudo chrétien tendance faucon de Bush, les « Centres communautaires juifs et associations franco-israéliennes » suivants : « Bnaï Brith, Centre Simon Wisenthal, Likoud, Kadima, Synagogue Libérale de Copernic, Fondation OSE, CCJ 93-95, proche du PS, Union sépharade Mondiale, Union des Patrons Juifs de France, KKL, Fonds Social Juif, France Israël, CRIF, etc. » C’est pas à nous que ça arriverait ; pourtant, l’envie d’apporter une parole différente emplie de paix ne manque pas. Mais ce n’est pas le débat.
Alexandre, lui, avant d’inséminer les autres, a été inséminé intellectuellement par l’illustre Michel Korinman, dont on ne peut reproduire la pensée sans le citer précisément, toute citation sans autorisation donnant droit à un procès. Il est beau, le monde des idées. Michel, on peut toutefois le résumer en un mot : ultrasioniste. Ce qui est une opinion autorisée. Tellement autorisée qu’on la voit partout. D’où l’on comprend que toutes les opinons ne se valent pas : l’ultrasionisme étant apparemment plus proche de la Vérité que le soralisme. Dans la revue Outre-terre, dirigée par Korinman, se retrouvent des grands esprits comme Guy Millière, Alexandre (del Valle, pas le Grand), Pierre-André Taguieff, et même Shimon Peres. Millière et ses trois doctorats, qui estime « dégueulasse » de comparer la Shoah avec les supposés crimes subis par les Palestiniens. Si nous avions été d’extrême droite, nous aurions traité Millière de Golum du sionisme universitaire français : « Il fait partie du comité directeur de l’Alliance France-Israël présidée par Gilles-William Goldnadel », nous dit sa bio. Goldnadel étant l’avocat de Del Valle.
Nanti de tous ces parrains prestigieux, maîtres à penser pareil, intellectuels bardés de diplômes appréciés par l’axe américano-israélien, Alexandre crève aujourd’hui l’écran, après deux décennies d’efforts et de tâtonnements. Même la bien-pensante Canal+, en 2003, avait ciblé dans un reportage de Lundi investigation le commercial en goguette : coqueluche des associations juives de droite, « il qualifie systématiquement les Arabes de déchets », nous dit la voix off. Cela ne l’empêche pas, huit ans plus tard, d’entrer triomphalement sur le plateau de Thierry Ardisson, dans Salut les terriens !, et de terroriser l’assistance :
« C’est pire que ça, c’est la nouvelle Solution Finale des chrétiens… C’est une épuration ethnique que j’appelle la nouvelle Solution Finale de la chrétienté d’Orient. »
Reconnaissons que le génocide des chrétiens n’est pas le nouveau cheval de bataille de ce croisé, un axe qui autorise une islamophobie récurrente et radicale, car politique, et bien sûr non-raciale, culturelle ou religieuse. Le 21 janvier 2003, Ardisson organisait dans sa quotidienne Rive droite rive gauche sur Paris Première, un débat entre Del Valle et Ramadan autour de l’islamisme. Frère Tariq – comme l’appelle avec ironie Caroline Fourest – renvoyait le jeune Alexandre, fort mal renseigné, ou alors très bien intoxiqué, dans les cordes. Voici la partie charnue de ces échanges qui n’ont pas pris une ride.
Del Valle : « De même que quand des Israéliens sont victimes d’attentats islamistes, ce n’est pas la faute des islamistes c’est toujours la faute du méchant Israélien, du méchant impérialiste, du méchant Américain, du méchant occidental en général ! »
Ardisson précise : « Les Israéliens sont victimes d’attentats palestiniens… »
Ce qui n’empêche pas Del Valle d’affirmer que « cet islamisme fonctionne exactement comme le nazisme », en s’appuyant sur le fait que « toutes les réformes réformistes de l’Islam ont été vaincues ».
Ramadan : « Je crois que le principal problème on vient de l’avoir sous les yeux, c’est la confusion… D’ailleurs le texte que vous avez écrit en est une preuve, le premier chapitre ou les premiers chapitres c’est sur l’islamisme, et puis tout à coup la conclusion c’est sur l’Islam, avec tous les mythes sur l’Islam… Si il est vrai, et vous avez parfaitement raison sur un point, qu’il y a du radicalisme islamique, qu’il y a des islamistes radicaux extrémistes et qui peuvent dire, simplement assis sur une chaise, on peut tuer un Américain, un chrétien, un juif uniquement parce qu’ils sont tels, et qu’il faut dénoncer cela, c’est une chose. Mais dire que cela est en fait simplement le haut de l’iceberg qui cache finalement tout l’Islam et tous les musulmans, c’est mentir sur ces réalités-là. »
Emporté par sa fougue idéologique, Del Valle tombe alors dans un piège géopolitique, lui qui en est théoriquement spécialiste. Faute à moitié pardonnable, car à l’époque, l’interprétation « islamiste » prédomine : « Le grand drame comme dit le grand mufti de Marseille Soheib Bencheikh, il dit le grand drame c’est que le GIA, quand il égorge les moines de Tibhirine, ce n’est pas au nom d’une lecture hérétique de l’Islam, c’est au nom d’un grand penseur d’une des quatre écoles juridiques reconnues de l’Islam orthodoxe Ibn Temir, qui dit dans le statut des moines qu’il faut tuer tout moine qui n’est pas reclus. »
Ramadan : « Votre problème, monsieur Del Valle, c’est d’entretenir la crainte de l’Islam et de faire finalement de toute personne qui s’affiche comme musulmane pratiquante un suspecte en puissance ; alors vous vous cachez systématiquement derrière la figure de Soheib Bencheikh, grand mufti de Marseille, financé par le pouvoir algérien. C’est ça, le futur de l’Islam de France ? »
Ramadan est-il déjà bien renseigné ? Ce sont effectivement les militaires qui ont fait enlever les moines, car les GIA n’ont aucun intérêt à éliminer des moines qui soignent des maquisards. C’est le général Smaïn Lamari, patron du contre-espionnage qui, en 1996, ordonne l’opération.
Ardisson, qui aime bien jeter de l’huile sur le feu, diffuse ensuite un sujet sur le film Décryptage de Philippe Bensoussan, une charge contre la « palestinisation » des médias français pendant la seconde Intifada de 2000. L’animateur pose la question : « Est-ce que les médias occidentaux et français sont du côté des Palestiniens ? »
Del Valle : « Je pense que l’affaire Mohammed al-Durah, les différents écrits, les émissions de gens comme Mermet, comme Charles Enderlin, portent une lourde responsabilité dans la montée, non pas de l’antisionisme, il y a un antisionisme acceptable, mais dans l’antisémitisme. Sous couvert d’antisionisme c’est un véritable antisémitisme génocideur, planétaire, qui est un projet de destruction de masse, exactement comme le nazisme, qui est en train de se dessiner. De manière très courante à l’heure actuelle dans les lycées dans les banlieues on crie mort aux juifs, et ce qui est étonnant c’est que le rabbin Farhi, c’est l’homme qui dialogue le plus avec les musulmans, c’était le judaïsme le plus libéral, on s’en prend… à ceux qui sont le moins réductibles à Sharon ! »
Ardisson : « Le rabbin Farhi il a reçu un coup de couteau… »
Seconde erreur : l’enquête sérieuse, diligentée par la 2ème DPJ, dont le rabbin mettra le professionnalisme en doute, et qui finira en non-lieu, montrera trop de « zones d’ombres » sur la réalité de l’agression du 3 janvier 2003 par un fou d’Allah casqué, et criant « Allah Akbar ». Ce qui n’empêchera pas le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy de réunir les représentants des grandes religions et des formations politiques à Paris le 8 janvier dans « une prière pour la fraternité et la solidarité »…
Ramadan conclura l’émission, sobrement : « Je crois que si le monde entier était propalestinien on aurait une autre attitude aux États-Unis et en Europe vis-à-vis de la politique israélienne, c’est aujourd’hui l’oppresseur il faut le dire, et quand les médias rendent compte, ils ne sont pas judéophobes. »
- Conférence pour l’ICLA, International Civil Liberties Alliance, une association anti-charia, gros faux-nez du sionisme, au Parlement européen le 9 juillet 2012
11 ans après cette leçon géopolitique, Del Valle revient donc dans le débat à l’occasion de l’émotion suscitée par le devenir des chrétiens de Syrie et d’Irak. Il y a eu Raoul Vaneigem et son Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, le situationniste qui enseignait le hors-piste mental et social, il y aura le « manuel de déculpabilisation à l’usage de nos sociétés occidentales », comme l’écrit Le Figaro Magazine à propos du livre d’Alexandre Del Valle : Le complexe occidental – Petit traité de déculpabilisation. Car chacun sait que notre civilisation occidentale est menacée par l’Islam dont le pouvoir est incommensurable. Les médias audiovisuels ne sont-ils pas saturés par les cousins de Tariq Ramadan ? Les allées du pouvoir ne sont-elles pas occupées par les potes de Mouloud ? Le lobby iranien n’oriente-t-il pas de ses pressions économiques les choix éditoriaux de nos JT ?
« Peu de gens savent que l’agence Havas et l’agence Reuters au XIXe siècle sont des créations juives, au même titre que la Deutsche Bank, Paribas ou les principales banques d’affaires américaines. » (Jacques Attali, L’Express du 10 janvier 2002)
Nulle part on apprend que la culpabilisation, indéniable, vient de la presse et de l’intelligentsia, entités contrôlées indéniablement par le sionisme. Historiquement, inutile de rappeler la mainmise sur les moyens d’information par les loges maçonniques avant la révolution dite française, et par les financiers juifs après l’épisode napoléonien. Dès la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècles, il est peu de titres de presse qui échappent à l’emprise ou à l’influence sioniste, grâce notamment au système des agences de presse (monopole d’Havas), puis des agences publicitaires (quasi-monopole de Publicis au XXe siècle). L’information est aujourd’hui triplement sous contrôle, par le biais des subventions de l’État (la liste des quotidiens papier et pure players « aidés » est édifiante), des agences de presse, et de la publicité. Et on ne parle même pas des distributeurs que sont les messageries de presse, qui vivent sous perfusion d’argent public et qui peuvent tuer un titre déplaisant en sabotant sa sortie. Tout organe de presse indépendant qui tenterait d’échapper à cette quadruple pince étant économiquement broyé.
Le grand moment de cette interview est quand Patrice de Méritens demande à Del Valle : « Qui se trouve derrière cette diabolisation de l’Occident ? Y aurait-il selon vous un complot ? » On applaudira le botté en touche islamiste du très sioniste « consultant international en géopolitique ».
Interview d’Alexandre del Valle au Figaro Magazine
« Va-t-on en finir avec la culpabilisation ? »
Auteur d’un véritable manuel de déculpabilisation à l’usage de nos sociétés occidentales, Alexandre del Valle démonte le système du « cosmopolitiquement correct », cible l’intoxication qui nous plonge dans la dépression, et appelle à notre réarmement moral. Rencontre avec un iconoclaste.
Propos recueillis par Patrice de Méritens
Patrice de Méritens : Dans votre dernier ouvrage, vous évoquez le « complexe occidental » mais, d’abord, qu’est-ce que l’Occident ?
Alexandre Del Valle : L’Occident désigne l’ensemble des nations d’origine européenne marquées par la philosophie grecque, le droit romain et le monothéisme judéo-chrétien, qui pose la sacralité de l’Homme, créé à l’image de Dieu et libre, d’où la place centrale de l’Individu. Mais les élites occidentales modernes adhèrent à une autre définition, « anti-identitaire », dont les 3 principaux critères sont : le libéral-démocratisme et les Droits de l’Homme (selon lequel n’importe quel pays démocratique peut être reconnu comme « occidental » ; le libre-échangisme économique, fondement de toutes les organisations occidentales (OCDE, UE, ALENA etc) ; enfin, l’appartenance à l’OTAN ou l’alliance avec les États-Unis. Cela explique pourquoi le Japon, la Corée du Sud ou la Turquie sont associés à l’Occident, alors que la Russie, pourtant chrétienne et européenne, en est exclue. Ainsi, la candidature de la Turquie musulmane à l’Union européenne a été acceptée, car sa qualité de membre de l’OTAN et de pays allié face à l’ex-URSS sous la guerre froide « prouverait » son appartenance à l’Occident… il est temps que nos stratèges atlantistes adaptent leurs cartes mentales géopolitiques à la réalité du monde de l’après-guerre froide…