Les « 25 de Breteuil » ont obtenu justice. Ces travailleurs maliens sans-papiers, employés illégalement sur le vaste chantier Breteuil-Ségur (VIIe) porté par le groupe d’assurance Covéa, ont obtenu ce mardi des dommages et intérêts, notamment pour « discrimination raciale et systémique », devant le conseil de prud’hommes de Paris.
C’est la première fois, en France, que ce concept est reconnu dans une décision de justice. À ce titre, les salariés recevront 34 000 € chacun et près de 3 000 € de salaires en retard. Plus de 1 M€ au total.
Des conditions « humainement indignes »
L’affaire éclate en 2016. Le 6 septembre, un ouvrier, perché sur un échafaudage branlant, rafistolé avec des câbles électriques, chute lourdement sur le sol. Il est victime d’une fracture ouverte. Comme trois jours plus tôt, alors qu’un manœuvre, dépourvu de lunettes de sécurité, avait été blessé à l’œil, les responsables du chantier refusent d’appeler les secours. Mais cette fois, les ouvriers se rebellent et dévoilent les conditions dans lesquelles les emploie leur entreprise sous-traitante, MT Bat Immeubles [1].
Soutenus par la CGT, les manœuvres, qui depuis lors ont tous été régularisés et embauchés par une entreprise de bâtiment, se mettent en grève et occupent le chantier de l’avenue de Breteuil. Tandis que l’inspection du travail et le Défenseur des droits, autorité administrative notamment en charge de la lutte contre les discriminations, ouvrent une enquête contradictoire qui donne lieu à un rapport de 300 pages, au vitriol : les conditions de travail des 25 Maliens « sont humainement indignes ».
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Lors de l’audience prud’hommale, la représentante du Défenseur des droits avait estimé que MT Bat Immeubles avait « volontairement constitué une équipe composée uniquement de travailleurs sans papiers. Car, dans ce métier, ils sont considérés comme une force de travail interchangeable : on les appelle les Mamadou ! Leur chef leur disait d’ailleurs : “Si t’es pas content, rentre chez toi. Il y en a plein d’autres” ».
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Une petite enquête rapide nous permet de remonter vers le gérant de cette société négrière : il s’agit d’un certain Marvin ATTUIL, né en 1993. Son profil Facebook est riche d’enseignement et nous emmène voyager au Maroc ou même en Israël.