Thierry Lepaon, annonce qu’il va « remettre son mandat [de secrétaire général de la CGT] en jeu ». Il sera suivi par l’ensemble des membres du bureau confédéral.
Cette décision intervient après que l’ancien secrétaire général de la CGT (1992-1999), Louis Viannet, 81 ans ait sonné la fin de la partie dans un entretien au Monde où il a déclaré qu’« en clamant sa volonté de rester coûte que coûte dans sa responsabilité, Thierry Lepaon tend à confondre détermination et entêtement. Le secrétaire général se grandirait, en cette année de 120e anniversaire de la création de la CGT, en annonçant publiquement et avant même la réunion du comité confédéral national, sa décision de remettre son mandat à la disposition du CCN [Comité confédéral national] ».
Une prise de position qui met fin à toute volonté de M. Lepaon de s’accrocher à son poste, gravement fragilisé par des révélations en cascade à propos de sommes considérables dépensées par le syndicat pour assurer le bien être de son dirigeant : des travaux de l’appartement de fonction en lisière du bois de Vincennes (130 000 euros, équipements compris), en passant par la rénovation de son bureau au siège de la CGT à Montreuil (62 000 euros) puis enfin les indemnités qu’il a reçues lors de son départ de la CGT Basse-Normandie (31 000 euros).
Le coûteux Lepaon, qui en septembre 2014 avait émis le souhait de briguer un second mandat, s’était empêtré dans une défense maladroite, parlant d’abord de complot :
« Les initiateurs et les complices de cette entreprise de déstabilisation visent à faire vaciller la représentation sociale de la CGT aux yeux des salariés. »
Avant de se dédouaner de toutes responsabilités en parlant de « faute collective qui ne peut à aucun moment masquer les responsabilités individuelles » et en désignant le trésorier du syndicat à la vindicte des ses camarades. Après de nombreuses tentatives de reprise en mains de la direction de son organisation, y compris en faisant miroiter des postes à certains cadres du syndicat en échange d’un soutien jusqu’au congrès de 2016, il semble avoir fini par se résoudre au départ.
Le Comité confédéral national se réunira le 13 janvier afin de reconduire ou de rejeter les mandats de M. Lepaon et des membres du bureau confédéral. Une décision qui ne semble auréolée d’aucun mystère : de nombreuses fédérations, notamment les services publics (la 1ère), la métallurgie (la 3e), la fonction publique et la construction, ont déjà réclamé le départ de leur encombrant numéro 1.
Reste un direction fragilisée qui devra regagner la confiance d’une base particulièrement méfiante et démobilisée (comme le traduit la baisse des résultats du syndicat aux dernières élections professionnelles) devant ces « affaires de gros sous », à l’heure où les offensives antisociales du Pouvoir exigeraient l’unité dans le combat.