D’après Le Canard Enchaîné, la CGT a payé pour les travaux de l’appartement de son dirigeant, Thierry Lepaon.
Celui-ci a émis le souhait d’habiter dans une habitation identique à celle qu’il occupait dans le Calvados en Normandie : une maison à la campagne. Aussi, le trésorier de la CGT, Éric Lafont, a déniché une « une résidence de standing, à deux pas du château de Vincennes » car d’après lui, « on n’a pas osé le loger à Clichy ou à Aubervilliers »...
Non content de loger dans un appartement de 120 m², avec un loyer de 2 000 euros par mois, loin des zones où déambulent les masses laborieuses, M. Lepaon a demandé à ce que des travaux de rénovation soient entrepris. Un premier devis a été réalisé pour un montant de 150 000 euros, car d’après M. Lafont, « tout était à refaire » :
24 000 euros pour les travaux de plomberie et carrelage
18 800 euros pour l’électricité
11 498 euros pour la pose de parquet flottant à la place de la moquette
15 866 euros pour les peintures
À ces sommes il faut ajouter quelques « bricoles » : un budget décoration, des équipements électroménagers complémentaires pour la bagatelle de 37 661 euros, dont les indispensables téléviseurs dans chaque chambre, un lave-vaisselle, une machine à café, etc.
Le montant final sera de 130 000 euros, le patron du syndicat « ouvrier » concédant renoncer à quelques installations de confort comme un home cinéma et une cave à vins...
Les travaux ont été réglés par le syndicat, ce qui représente la cotisation annuelle de 750 adhérents. Cependant, pour la direction, il n’y a pas de problème à loger Lepaon dans les beaux quartiers :
« Le Canard enchaîné s’est procuré un devis estimatif portant sur un ensemble de travaux exécutés dans l’appartement occupé par le secrétaire général de la CGT. Pour la première fois, la CGT a élu un secrétaire général habitant en province. Elle se devait de mettre à sa disposition un logement de fonction en région parisienne entièrement équipé. La Confédération a donc décidé de louer un appartement, proche du siège de la CGT, pour permettre au secrétaire général d’exercer son mandat et l’appartement a été remis à neuf avant son entrée dans les lieux. »
Furieux que le train de vie de son dirigeant soit ainsi mis en lumière, Éric Lafont a précisé que les camarades qui ont alimenté la presse en documents seraient traqués :
« J’ai lancé une enquête interne ce matin, car il s’agit vraisemblablement d’un document qui a été dérobé à l’intérieur de nos services. »
Les dirigeants de la CGT ne sont pas très attirés par les quartiers populaires ; c’est le quatrième qui choisit le cadre champêtre qu’offre la proximité du bois de Vincennes pour préparer « les luttes ».
Porté à la tête de la CGT en mars 2013 après le départ de Bernard Thibault à la suite d’une lutte interne entre différents clans, Lepaon, ancien employé de Moulinex, a visiblement une haute idée de ses succès face au patronat, puisqu’il a déjà annoncé qu’il solliciterait un second mandat lors du prochain congrès de la confédération en 2016.
Interrogé à ce sujet, le Premier ministre n’a pas souhaité « accabler » Thierry Lepaon :
« Je ne veux pas accabler un homme qui, je crois, n’a pas eu encore l’occasion de s’exprimer et de répondre directement. À lui de s’expliquer. Mais quand on traverse une telle crise économique, une telle crise de confiance entre les responsables publics et les concitoyens, une crise d’identité pour notre pays qui a pourtant, je veux le dire, beaucoup d’atouts pour affronter les grands défis de l’avenir, l’exemplarité à tous les niveaux est nécessaire. »
C’est sûr que le couple Valls, avec 2 appartements, un 88 m² à Evry et un 44 m² à Paris dans le 11ème arrondissement, ainsi que 16 lots de copropriété (4 chambres, 5 salles d’eau, 7 pièces de séjour, 5 cuisines et 2 terrasses), pour un total de 210 à 250 m² d’un montant évalué à entre 1,6 et 2 millions d’euros, n’a pas beaucoup de leçon de proximité avec les « sans-dents » à donner.