Samedi dernier, un comité d’accueil pour le moins hostile à la transcendance s’était invité devant le Fleurte Café de Rennes, afin de signifier son mécontentement face à la tenue d’une « réunion d’extrême-droite ». Aucun de ces cinquante bulots n’avait la moindre idée de la teneur de l’événement en question, bien sûr : il s’agissait tout bonnement d’un spectacle de lectures de Parousia, suivi d’une conférence sur l’ésotérisme révolutionnaire. Le front un peu lourd, le regard fuyant et buté, l’écharpe noire de traviole, les épaules graisseuses et les mains fébriles, tous ces gens se ressemblent un peu aux entournures : instinctivement grégaires, ils sont présents pour faire face à « l’extrême-droite contemporaine » ; ils ne savent pas vraiment de quoi ressort le spectacle contre lequel ils se battent, mais en revanche, ils savent très bien qu’il ne faut pas le laisser passer. Lorsqu’on leur pose la question, ils vous lâchent en vous regardant de côté : « c’est pas la peine de me parler, je sais qui vous êtes ». Ils ne sont pas véritablement haineux, même s’ils empêchent délibérément les assoiffés de métaphysique d’entrer dans le café, et s’ils donnent des gifles retentissantes à des passants qui ont le culot de refuser leur tract intitulé « Antifascisme – Guides Pratiques, n°1 : qui est vraiment Alain Soral ? ». Je serais presque heureux de trouver que ce tract ressemble à une fiche bricolage du Professeur Choron, mais l’absence radicale de tout humour profond teinte l’ensemble d’une bêtise noire et visqueuse à faire bailler un ornithorynque. Ces « antifascistes » sont assez bêtes et un peu méchants, ni plus ni moins. Ce qui est intéressant, c’est d’observer leur réaction face à des êtres humains authentiques, c’est-à-dire des gens normaux qui commencent un peu à s’énerver quand on les emmerde pendant plus d’une heure en braillant comme des truies devant leur bar. Pour ma part, j’étais trop occupé par la mise en place technique des lectures et de la conférence (330 diapositives à synchroniser avec des sons, des musiques et des vidéos) pour me livrer pleinement aux échauffourées verbales. Je me suis tout de même agacé à un moment donné, quand un des gueulards en vint à me traiter « d’intellectuel parisien ». Merde alors ! Moi, un physicien marseillais ! Que l’on m’insulte de fasciste, je veux bien, mais d’intello parisien, ça jamais ! La tension grimpa alors jusqu’au plafond. Une demi-heure plus tard : tout rentra dans l’ordre et la justice. Une très sainte alliance de Sri-Lankais, d’Arabes musulmans, d’Hindous et de chrétiens johanniques vainquit le ramassis de Blancs athées et libertaires, au cours d’une bataille qui fut aussi courte que décisive. Ce fut, en somme, une excellente initiation aux thèses développées durant ma conférence : c’est l’union des spiritualités qui permettra de renverser l’Empire du Non-Etre. Orient contre Occident : la réalité physique et concrète de ce combat inaugurateur de l’Ere du Verseau commence à prendre chair dans les rues de notre pays. Les analyses de René Guénon se glissent aujourd’hui dans nos veines brûlantes de radicalité métapolitique. Je suis fier de combattre aux côtés d’Egalité & Réconciliation et du Parti Antisioniste, ces deux auberges gauloises où Don Quichotte accepterait volontiers de s’établir pour quelques nuits.
La France, c’est le pays illégitime : celui des bobos du centre-ville (cette Ile-de-France délocalisée), ceux qui veulent annuler votre réunion pour votre bien, ceux qui savent à votre place ce qui est bien pour vous et ce qui ne l’est pas, ceux qui courent se réfugier dans les bras des forces de l’ordre (qu’ils ne haïssent que tant qu’ils n’en ont pas besoin) en cas de défaite, ceux qui ont renversé la Tradition pour le bonheur des bourgeois, des banquiers et des journalistes, pour l’établissement du règne de la quantité.
La Gaule, c’est le pays réel : celui des mystiques au corps de pierre, ceux qui s’épaulent dans l’adversité au nom de Dieu, ceux qui placent leur instinct de la hiérarchie au service de la révolution intégrale, ceux qui enrichissent leur vision intérieure pour faire à nouveau émerger le principe de qualité dans les relations entre les êtres humains. Ceux qui savent qu’au final, c’est l’autorité spirituelle qui aura le dernier mot.