Où sont les intellectuels qui se « mobilisent » pour toutes les causes possibles et imaginables, pourvu qu’elles concernent des droits autres que ceux de leur propre peuple ? Où sont les Onfray, Debray, Polony, Badiou, Plenel, Sapir, Todd, Lordon, Ruffin ? Comment les Zemmour, Finkielkraut, E. Lévy, Fourest, Causeur, Valeurs actuelles, Marianne, osent-ils encore prétendre que ce sont les islamistes qui limitent nos libertés ?
Jean-Frédéric Poisson a dit des choses évidentes : Hillary Clinton est liée à Wall Street et aux groupes de pressions (aussi connus sous le nom de lobby) pro-israéliens. Et face à des groupes aussi puissants, la différence entre lié et soumis n’est pas très grande. Plus juste encore, M. Poisson a souligné que cette situation était mauvaise pour la France.
Pour se convaincre de la justesse des propos de M. Poisson, il suffit de lire les révélations de Wikileaks, ou d’écouter les discours de Mme Clinton devant l’AIPAC, ou de lire Hillary Clinton, la reine du chaos de Diana Johnstone (qui cite entre autre Haim Saban, un milliardaire sioniste, disant qu’il donnera tout l’argent nécessaire pour qu’Hillary Clinton soit élue) ou le livre de J. Mearsheimer et S Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine qui démontre l’influence déterminante de ce lobby sur la politique américaine au Moyen-Orient.
Immédiatement, comme dans toutes les « affaires » précédentes (en vrac : Faurisson, Chomsky, Le Pen, Gollnish, Mermet, Morin, Siné, Garaudy, l’abbé Pierre, Dieudonné, Soral,…) [1] c’est l’hallali : le coupable est cloué au pilori, mis dans l’incapacité de se défendre, et sommé de s’excuser. Et ses excuses ne serviront à rien. En matière de délit d’opinion en France, c’est « ni oubli, ni pardon ».
Ce qui est le plus choquant dans cette affaire, comme dans toutes les autres questions liées à la liberté d’expression, c’est l’absolue trahison des clercs. Qui osera dire un mot pour permettre à M. Poisson de s’exprimer ? Qui oserait organiser un débat public et contradictoire sur l’influence du sionisme dans nos sociétés ? Tous ceux qui s’en vont répétant que « le silence est complice » se taisent.
Où sont les intellectuels qui se « mobilisent » pour toutes les causes possibles et imaginables, pourvu qu’elles concernent des droits autres que ceux de leur propre peuple ? Où sont les Onfray, Debray, Polony, Badiou, Plenel, Sapir, Todd, Lordon, Ruffin ? Comment les Zemmour, Finkielkraut, E. Lévy, Fourest, Causeur, Valeurs actuelles, Marianne, osent-ils encore prétendre que ce sont les islamistes qui limitent nos libertés ? Où sont les souverainistes ? Où sont les défenseurs des droits de l’homme, les « pro-palestiniens », les « anti-capitalistes », les écologistes radicaux, les décroissantistes ? Que dit Le Monde Diplomatique ? Peut-on réellement croire que l’on va opérer des transformations radicales dans un pays où l’on a abandonné un des acquis les plus fondamentaux de la Révolution française, à savoir la liberté de dire ce que l’on pense. À quoi bon lutter pour que la France récupère sa souveraineté face à l’Europe si c’est pour qu’elle reste soumise à un groupuscule servant les intérêts d’un État du Moyen-Orient ?
Les intellectuels français adorent se focaliser sur des sujets « autorisés », où l’on peut se donner l’illusion d’être subversif sans prendre aucun risque : taper sur l’islam, bien sûr, en prétendant « défendre la laïcité », mais aussi, si l’on est « de gauche », critiquer le catholicisme, célébrer les luttes du passé (de la révolution française aux années 60), élaborer des utopies, condamner le néo-libéralisme, faire de la « critique culturelle », attaquer la science et ses applications (OGM, nucléaire, pesticides), ou « lutter » contre le fascisme, le racisme, l’homophobie, le sexisme, et, last but not least évidemment, l’antisémitisme.
Et si l’on est « de droite », on peut aussi s’adonner aux joies de la pseudo-subversion en attaquant le mariage gay, la théorie du genre, la « féminisation » de la société ou le multiculturalisme.
Mais je ne conseille à personne de contester la ligne du parti sur la résistance armée palestinienne, la « révolution » ukrainienne, la « révolution » syrienne (notons à ce sujet que, d’après Wikileaks, Hillary Clinton veut renverser Assad pour le bien d’Israël), la « nécessité » de la construction européenne, les guerres humanitaires, ou sur Poutine, Assad, l’Iran et Trump. Ne serait-ce que discuter de la liberté d’expression lorsqu’il s’agit de sa répression par les lois « contre la haine » ou « contre la négation de l’histoire » est encore plus risqué.
Ceux qui ne le croient pas n’ont qu’à essayer, juste pour voir : ils se verront aussitôt boycottés par les médias, désinvités de conférences si pas victimes d’interdictions professionnelles. On pourrait remplir un assez gros volume avec toutes les « mésaventures » de ceux qui ont franchi certaines lignes colorées.
La France est un triste pays où l’on adore célébrer la Résistance mais où personne ou presque n’a le courage de défendre les libertés les plus élémentaires, même les siennes. Cependant,contrairement à l’occupant pendant la guerre, le CRIF et la LICRA n’ont ni armée, ni moyens de torture, ni camps. Leur pouvoir dépend uniquement de l’infinie lâcheté des intellectuels, des journalistes et des politiques.
Ceux qui pensent que cette censure omniprésente est « bonne pour les juifs » se font de sérieuses illusions : de plus en plus de gens répètent la phrase attribuée à Voltaire : « si vous voulez savoir qui a le pouvoir, demandez-vous qui vous ne pouvez pas critiquer ». Quand j’ai cité cette phrase dans une émission de Taddéi consacrée à Dieudonné, J.-F. Kahn m’a dit qu’elle était antisémite ! Mais qui l’a rendue antisémite ? Elle ne l’était surement pas à l’époque de Voltaire.
Le lobby pro-israélien est un tigre de papier : si un peu plus de gens avaient le courage de l’affronter et s’ils étaient solidaires entre eux, il s’effondrerait demain et le soutien à Israël s’effondrerait peu après. Mais la France est comme l’Italie des années 50, avec le lobby pro-israélien jouant ici le rôle que jouait là l’Église. Quand la révolte viendra-t-elle ? Est-ce que, par une subtile ironie de l’histoire, les vérités évidentes proférées par un catholique réactionnaire pourraient être l’étincelle qui mettra le feu à la plaine ?