Ce texte, daté du 21 juillet 2017, a été publié sur les réseaux sociaux par Jean Bricmont.
Il répond à la énième « campagne contre l’antisémitisme » lancée par les représentants plus ou moins représentatifs de la communauté juive, dont les termes ont été repris par le président de la République en personne depuis la visite du Premier ministre israélien à Paris, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du 16 janvier 1942.
Au lieu de répéter pour la nième fois, suite aux déclarations de Macron, que l’anti-sionisme n’est pas de l’antisémitisme, les « pro-palestiniens » feraient bien de se demander ce que veut dire antisémitisme aujourd’hui en France :
est-ce vouloir faire du tort aux juifs en tant que tels ?
est-ce considérer que si les juifs ont le droit de « retourner » en Palestine après seulement 2 000 ans d’absence, les Palestiniens qui en ont été chassés en 48 ou leur descendants devraient aussi avoir ce droit ?
rire (sous cape) de tous les politiciens, intellectuels, journalistes qui chantent les louanges d’Israël et dénoncent l’antisémitisme face caméra mais n’en pensent pas moins (vous voulez des noms) ?
dénoncer l’action du lobby pro-israélien aux EU (et ailleurs) ?
défendre la liberté d’expression de toutes les victimes de la lutte contre l’antisémitisme ; et elles sont nombreuses (y a pas que Faurisson, Soral et Dieudonné) : conférence annulées, livres non publiés, carrières brisées, campagnes de haine et de diffamation (comme BHL dans Le Point à propos de votre serviteur), plus évidemment tous les effets d’auto-censure que la censure explicite entraîne (vous voulez des exemples ?).
L’amalgame s’étend parfois même aux défenseurs de l’indépendance nationale, aux adversaires des guerres humanitaires, ou aux anti-impérialistes.
L’antisémitisme n’est condamnable que dans le premier sens du mot (et à vrai dire, je ne connais personne qui répond à cette définition), tout le reste devrait pouvoir être discuté, mais ne l’est pas à cause de l’amalgame que le terme antisémitisme » autorise.
La solidarité avec la Palestine devrait commencer par la lutte contre la soi-disant lutte contre l’antisémitisme, qui est le véritable « stalinisme » de notre temps.