french.irib.ir – Monsieur Alain Soral, vous êtes sociologue français, président d’Égalité et Réconciliation. Je vous remercie infiniment d’avoir eu la gentillesse d’accorder cet entretien à la radio francophone iranienne. Monsieur Soral, je voudrais cette fois-ci m’entretenir avec vous sur deux sujets : les récentes menaces israéliennes contre l’Iran et également les récentes déclarations du ministre français des Affaires étrangères contre le président syrien. On commence par l’Iran. Monsieur Soral, comment expliquez-vous ce langage de menaces sans précédent des autorités israéliennes contre l’Iran ?

Alain Soral – Déjà, je ferai remarquer qu’il n’y a pas de menaces de l’Iran envers les pays voisins quel que soit d’ailleurs le programme atomique développé, puisque compte tenu de la taille d’Israël et de la population palestinienne qui s’y trouve, une attaque atomique sur Israël est complètement délirante d’un point de vue de la stratégie militaire. Donc, ce qui est étrange, aujourd’hui, c’est qu’on est en train de fabriquer de toute pièce une tension guerrière de type Troisième Guerre mondiale de manière totalement artificielle.

Et moi, j’articule ça, quand même, avec deux faits qui me paraissent en réalité les faits surdéterminants. C’est un : une grave crise en Israël qui subit aussi tous les dérèglements [de politique] néolibérale. C’est-à-dire qu’il y a une grave crise en Israël même entre les riches et les pauvres. Et peut-être que l’union sacrée contre un ennemi commun permettrait finalement de masquer cette crise. Et au-delà de ça, il y a aussi l’effondrement du système bancaire américain, donc mondial. Et on pourrait penser que l’oligarchie mondialiste qui a beaucoup à voir d’ailleurs avec Israël au sens biblique du terme, finalement, se servirait d’une guerre totalement créée artificiellement pour rebondir voire ramasser la mise par rapport à un effondrement économico-bancaire programmé.

Donc, il me semble que finalement, ces tensions irano-israéliennes ne sont absolument pas nécessaires et sont totalement provoquées par l’oligarchie mondialiste, au détriment d’ailleurs, finalement, du petit peuple israélien. Ce qu’il est assez important de remarquer.

french.irib.ir – Il y a un axe de provocation qui se produit en fait dans un contexte particulier : la période électorale aux États-Unis.

Alain Soral – Oui, bien sûr, oui. Je pense que, finalement, l’oligarchie mondialiste prend le risque finalement de sacrifier le petit peuple israélien dans une guerre éminemment dangereuse parce que l’Iran est un grand pays. Une guerre qui n’est absolument pas nécessaire, car il n’y a aucune menace qui pèse sur Israël du fait d’un supposé programme atomique iranien, je le répète. Mais que peut-être qu’une fois de plus, le petit peuple juif serait sacrifié dans une stratégie de domination oligarchique mondialiste qui le dépasse totalement. Il faut réfléchir à cette question.

Et effectivement, le petit peuple israélien, aujourd’hui, à qui on donne finalement très peu la parole, est très inquiet, effectivement, de ce bellicisme incroyable des élites politiques israéliennes qui, je le rappelle, sont des Américains, en réalité des Juifs américains. Monsieur Netanyahou n’est pas un Israélien authentique. C’est-à-dire que si ça se gâte, il pourra aller retourner là d’où il vient, c’est-à-dire à son cabinet d’avocats américain.

french.irib.ir – Ce qui est intéressant, c’est que c’est un sujet de désaccord parce que ni les Israéliens ni en fait même parmi, en fait, les anciens responsables militaires, même les actuels responsables militaires, il y a ceux qui sont contre cette attaque, parce que seulement, selon les sondages effectués, un tiers des Israéliens souhaitent une intervention militaire contre l’Iran, une attaque militaire contre l’Iran. Et également, parmi les responsables militaires, Shaul Mofaz aussi a adressé une lettre incendiaire à Benyamin Netanyahou en précisant que voilà, l’attaque contre l’Iran conduirait au désastre d’Israël.

Alain Soral – Oui, ben là on voit bien qu’il y a un clivage qui s’opère entre les Israéliens et les sionistes authentiques qui sont en fait des gens qui ont choisi de vivre en Palestine et de mener un projet que je critique mais qui existe, et puis finalement ceux qu’on appelle les manipulateurs oligarchiques pour qui, finalement, Israël n’est qu’un pion dans leur jeu ou une équipe de foot, un peu à la manière des milliardaires qui s’offrent des équipes de foot. Et qu’ils sont prêts à sacrifier le petit peuple israélien à un projet de domination mondialiste qui finalement passe au-delà même de la survie d’Israël en tant que Nation et que peuple.

Parce qu’il est évident que cette fuite en avant guerrière est éminemment dangereuse pour la région et le petit peuple israélien. Mais que par contre, ça peut être une stratégie très rentable pour l’oligarchie mondialiste, on va dire américaine, qui est effectivement majoritairement juive – il faut le remarquer –, pour cacher la catastrophe bancaire dont ils sont responsables et essayer de rebondir par la guerre, comme ça s’est déjà fait, finalement, en 1939-45 et peut-être même aussi avant dans l’Histoire. Et que là, on voit très bien que s’opère un clivage total entre les Israéliens vivant en Israël et finalement les Américano-sionistes se servant d’Israël comme d’une pièce dans un jeu mondialiste, qu’ils sont prêts à sacrifier à tout moment pour un projet de domination parfaitement absurde et délirant.

french.irib.ir – Monsieur Soral, comme je viens de vous le dire, en fait en début de mon entretien, je voudrais m’entretenir également un peu, de ces récentes déclarations anti-président syrien disons, du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui est sorti totalement du langage diplomatique en disant que Bachar el-Assad « ne mérite pas d’être sur la Terre ».

Alain Soral – Oui, ben, il faudrait que monsieur Laurent Fabius regarde un peu son parcours et d’où il vient. En France, il est associé à ce qu’on appelle le virage de la rigueur, c’est-à-dire à la trahison de la gauche sociale par une certaine élite oligarchique pro-mondialiste et pro-banques. Il est normalement disqualifié politiquement pour l’affaire que je n’ai pas oubliée personnellement du sang contaminé. Et normalement, c’est au plus grand déshonneur de la France qu’à la tête du Quai d’Orsay, enfin du ministère des Affaires étrangères, soit, après finalement monsieur Kouchner, monsieur Fabius, qui à mon avis ne représente pas tout à fait les intérêts français au sens gaullien du terme mais, je le dis et je le répète, les intérêts d’une oligarchie mondialiste, effectivement, qui est prête à pousser à la Troisième Guerre mondiale pour sauver à la fois ses avantages acquis et mener à bien ses objectifs qui n’ont rien à voir avec la paix ou les intérêts supérieurs de la nation française.