En dépit de trois précédents rapports écrits entre 2002 et 2006, les autorités de Rotherham (nord de la Grande-Bretagne) ont ignoré l’exploitation sexuelle qui a été perpétuée dans leur ville sur des mineurs entre 1997 et 2013. Un nouveau rapport publié mardi fait état de quelque 1 400 jeunes abusés.
Environ 1 400 mineurs, dont les plus jeunes âgées de 11 ans, ont été victimes d’abus sexuels entre 1997 et 2013 à Rotherham, dans le nord de l’Angleterre, selon un rapport publié mardi. Les services municipaux avaient pourtant été alertés.
"Personne ne connaît l’ampleur de l’exploitation sexuelle qu’ont subie des enfants à Rotherham à travers les années", a déclaré la professeure Alexis Jay, auteure du rapport.
Parmi les atrocités commises, "des enfants ont été aspergés d’essence puis menacés d’être enflammés, ont été menacés avec des armes, ou encore ont été forcés d’être témoins de viols très violents", a-t-elle écrit.
Certains de ces enfants ont également "été victimes de viols collectifs, d’échanges avec d’autres villes du nord de l’Angleterre, enlevés, battus et intimidés", a-t-elle ajouté. Elle a aussi rapporté que des jeunes filles de onze ans avaient été violées à de nombreuses reprises.
Gravité du problème sous-estimée
Le rapport met également en avant que des élus du conseil municipal ont sous-estimé la gravité du problème, et souligne que la police a "considéré un grand nombre de ces victimes avec mépris".
La réalité a été ignorée en dépit de trois rapports effectués entre 2002 et 2006 qui "n’auraient pas pu être plus clairs dans la description de la situation à Rotherham", a-t-elle ajouté. Selon elle, les résultats de la première étude ont été étouffés, car les fonctionnaires "ne croyaient pas les chiffres".
Dans plus d’un tiers des cas, les enfants étaient connus des services sociaux. La municipalité pensait qu’il s’agissait d’un problème ponctuel et de nombreux agents ont "fait part de leur nervosité à identifier les origines ethniques asiatiques des auteurs présumés, de peur de passer pour raciste", selon le rapport.
La municipalité de Rotherham a présenté dans un communiqué ses "excuses à ceux qui ont été abandonnés alors qu’ils avaient besoin d’aide".
La première affaire a éclaté en 2010, lorsque cinq hommes décrits par les juges comme "des prédateurs sexuels" ont été condamnés à de longues peines de prison pour abus sexuels.