Ça commence presque par une désinformation, et en titre s’il vous plaît. Deux expressions posent problème : un soi-disant « retour de la censure », et un « nouveau maccarthysme » dont Zemmour et Onfray seraient les victimes. Rien ne vous choque ? Parce qu’il arrive quoi à Soral et Dieudonné depuis plus de 10 ans ?
Soral qui est désinvité des chaînes de service public après un reportage orienté de Complément d’enquête en 2004, et Dieudonné depuis 2004 aussi après son sketch chez Fogiel, un humoriste dont aucun des spectacles géniaux n’a été diffusé à la télé, qu’elle soit publique ou privée, alors qu’on voit des Kev Adams, des Tomer Sisley et des Gad Elmaleh pas drôles et parfois copieurs partout ?
Deux poids deux censures
N’y aurait-il alors pas deux censures, comme deux poids et deux mesures ? La censure absolue qui vise Soral et Dieudonné, et la censure relative, donc calculée, qui touche Zemmour et Onfray, mais qui leur permet d’accéder aux grands médias, de voir leurs thèses discutées, d’apparaître sur tous les écrans pour des tournées promotionnelles somme toute classiques et qui font vendre beaucoup de livres ? Est-ce cela la censure véritable ? En réalité, il n’y a pas deux censures : il y a la censure et il y a la pseudo-censure, pour les pseudo-dissidents que Valeurs actuelles nomme plus justement des « opposants ».
Si on ne peut évidemment pas taxer Onfray de national-sionisme – ce qui est le cas de Zemmour puisqu’il incarne cette tendance –, on remarque que le philosophe dionysiaque fait encore la couverture des news magazines, c’est-à-dire qu’il fait toujours partie du cercle démocratique, discutable certes, mais il en fait partie. On le critique ou on le loue, mais il appartient au club des intellectuels français du moment. Il ne fait pas partie des intellectuels de cour, ça c’est sûr, mais pas des dissidents non plus. Il se situe entre les deux, sur la ligne rouge que peu osent franchir et qui permet pourtant de dire certaines vérités, sur la ligne rouge justement, et surtout sur ceux qui la tracent. Ceux qui déterminent le bien et le mal en matière de pensée, d’idéologie, d’expression. Les censeurs, les maîtres du jeu, les propagandistes, on les appelle comme on veut.
Pour ces derniers, on l’imagine, Onfray et Zemmour font partie des penseurs anti-Système, des dissidents au Système. Tout serait simple s’il n’y avait Soral derrière, derrière eux et la fameuse ligne rouge. On met Taddeï de côté car il ne se présente pas comme un penseur ou un idéologue mais comme un journaliste, ce qui suffit, s’il fait correctement son boulot en invitant tout le spectre idéologique, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par le ventre mou, d’en faire un opposant du Système... médiatique.
Bref, tout est une question de relativité, et on pourrait classer les opposants ou dissidents sur une échelle de dangerosité pour le Système en question. La dangerosité étant déterminée par les juges du CRIF et de la LICRA, en gros. Non non, ce n’est pas une obsession de notre part mais une simple observation des faits : la LICRA ou le CRIF convoquent, décident, tranchent, les têtes au besoin, et les employés, même prestigieux, du dispositif médiatico-politique suivent. Ils suivent au mot près les consignes et éléments de langage élaborés en petit comité. La preuve, dès qu’un ministre sort d’une « convoc », il nous inflige un discours plein de verve et de rage contre la « haine antisémite » et toutes ces salades.
C’était pour bien comprendre la hiérarchie des pouvoirs.
Zemmourisation des esprits fragiles
Pour en revenir à l’article, Valeurs actuelles fonde sa théorie de la censure sur l’interdiction de service public audiovisuel infligée à Zemmour, ce qui est un fait. Cependant, il n’est pas sûr que cette interdiction – qui ne sert doublement à rien puisque Zemmour est invité sur les chaînes privées du type C8 (chez Ardisson) et qu’il y fait de gros scores d’audience, ce qui enfonce un peu plus France Télévisions dont les obligations de propagande vont ainsi contre l’intérêt commercial ! – desserve le polémiste. Sa voix n’en prend que plus de résonance, auréolée qu’elle est de l’odeur de soufre qui plaît de plus en plus au public français. Et il y a de quoi, avec le chaos organisé que les Français subissent. Une censure sur France Télévisions ou radio France, pour raisons d’idéologie gauchiste, c’est des milliers de ventes en plus de livres et une audience populaire accrue. La censure devient alors un démultiplicateur de parole : c’est une censure positive.
Une censure à mettre en miroir de la censure que subissent Alain Soral & Dieudonné et qui est une censure négative, une censure qui vise à réduire la parole, si possible jusqu’au silence. Du moins dans les médias dominants, parce que sur l’Internet, c’est la grande démultiplication et ça, ce n’était pas prévu par les officines du pouvoir profond qui font la politique et la justice et les médias et la police dans notre pays. D’où la grande campagne actuelle de limitation de la liberté d’expression sur l’Internet. La prochaine étape, l’histoire nous l’apprend, c’est la rue. Mais revenons au sujet.
Valeurs actuelles souligne que Thomas Legrand, l’éditorialiste matinal de France Inter, n’a pas reçu Zemmour pour des raisons qu’il a déjà énoncées lors de la sortie du précédent ouvrage du journaliste du Figaro en 2016, Un quinquennat pour rien :
« Nous pensons qu’il a perdu le statut de journaliste sans acquérir celui de l’intellectuel. »
On appréciera le « nous », qui sonne comme un bouclier, celui d’un collectif anonyme qui permet de censurer sans se salir les mains. Grotesque, comme les chroniques de Legrand, minuscule propagandiste flippé qui relaye la parole dominante en trouvant ça démocratique. On voit que c’est ce « nous » qui décide de qui est intello et qui ne l’est pas en France. Sacré Legrand, il a mérité son nouveau nom : Thomas Pilate Legrand !
Ceci étant dit, il y a un monde entre Legrand et Zemmour, et surtout une différence de teneur en vérité dans le discours. Si chez Legrand tout ou presque est propagande ou mensonge, disons dans un rapport de 80/20, chez Zemmour c’est le contraire : on a 20% de propagande (nationale-sioniste) et 80% de vérité.
Et c’est là que ça devient intéressant : ce n’est pas pour les 20% de propagande que Zemmour se fait gronder par les chiens du Capital, mais bien pour les 80% de vérités. Et on met vérité au pluriel parce que Zemmour est loin d’être con et qu’il en balance. Ceux qui verraient une contradiction majeure dans ce raisonnement parce que et Zemmour et les chiens qui lui aboient dessus serviraient in fine le même Capital, se trompent : Zemmour est conscient de qui il sert, tandis que les larbins des médias mainstream n’en ont pas tous conscience, voir les sorties consternantes des Fogiel et des Lemoine, des Aphatie et des Legrand...
Zemmour sert le pouvoir profond et tape sur le pouvoir visible. Soral, lui, ne sert ni l’un ni l’autre et tape sur le premier tout en dénonçant la trahison et la soumission du second, qui devrait pourtant servir de garde-fou. C’est pourquoi Zemmour se retrouve diabolisé par les imbéciles, tout en ne risquant rien puisque c’est le pouvoir profond, on l’a vu pendant sa signature dans la Nouvelle Librairie, qui fait la police, la justice, et qui manipule même ces pauvres cloches d’antifa (la fausse opposition de rue). Soral, lui, est diabolisé par les imbéciles ET les manipulateurs. Tout est raccord.
En se faisant censurer par les idiots du Système, Zemmour ne peut que gagner de l’influence aux yeux d’un nombre grandissant de Français qui rejettent la partie visible de ce Système, c’est-à-dire le pouvoir démocratique des médias et des politiques officiels qui fait souffrir le pays.
Le calcul est fin, vicieux, efficace : le national-sionisme va gagner en popularité et en intensité. Les Français qui ont voté à plus de 50% « contre le Système » en 2017 auront ainsi l’impression que leur voix est entendue et penseront qu’ils sont proches de vaincre le Système. Mais ils n’auront vaincu que la face du Système, le système visible. Le Système profond, qui a plein de masques dans sa remise, lui, ne changera pas. Il changera de masque et les Français seront piégés.
Le mécontentement anti-Macron va donc dans le bon sens pour ceux qui gèrent à la fois le Système et son opposition factice. Il s’agit là d’une subtilisation, d’un plagiat, comme les comiques-système le pratiquent depuis longtemps.
Sauf Dieudonné.